Dans le rapport 2020 Energy Outlook, le géant de l’énergie BP a déclaré que le monde avait peut-être atteint son pic pétrolier.
La pandémie de covid-19 a mis un coup sérieux à l’industrie pétrolière, la demande tombant à des niveaux historiquement bas au milieu des mesures de confinement et des prix devenant parfois négatifs.
« Les consommateurs pourraient conduire les changements, affirme les experts de BP, en estimant que même si la pandémie a beaucoup réduit les émissions carbone, le monde reste sur une voie insoutenable. »
Dans un rapport, l’Agence internationale de l’énergie a averti que, pour l’industrie pétrolière, «la voie à suivre est dangereuse», réduisant ses prévisions de demande mondiale de pétrole en 2020 de 200 000 barils par jour. Et lundi, l’OPEP a abaissé ses prévisions de demande en 2020 de 400 000 barils par jour.
Pic pétrolier : BP propose trois scénarios
Dans le nouveau rapport de BP, les analystes ont déclaré que le marché pourrait ne jamais se remettre de ces dommages. Les auteurs présentent trois scénarios possibles d’utilisation de l’énergie dans le monde d’ici 2050, qui illustrent une transition rapide, modérée ou lente vers les énergies renouvelables.
Les deux premiers scénarios montrent une demande de pétrole en forte baisse au cours des trois prochaines décennies. Mais même dans le scénario le plus « optimiste» où l’action climatique ne s’accélère pas, la demande de pétrole plafonnera au niveau de 2019 avant de baisser en 2035.
« En 2030, BP sera encore un grand producteur d’hydrocarbures », rappelait Bernard Looney, patron de BP, dans un entretien au Financial Times, lundi 14 septembre, en expliquant « ne pas pouvoir couper le robinet du jour au lendemain ».
Face à la crise, BP modifie ses perspectives
C’est une image très différente de celle que l’ entreprise a esquissée dans son dernier rapport sur les perspectives avant la pandémie, qui prévoyait que la consommation de pétrole continuerait de croître au cours de la prochaine décennie, atteignant un sommet dans les années 2030.
Le rapport prévoit que si la demande de pétrole diminue, il y aura une demande accrue en énergie non fossile. En 2018, les combustibles fossiles représentaient 85% de la demande énergétique mondiale, mais d’ici 2050, celle-ci pourrait baisser entre 20% et 70%, selon les choix des décideurs.
Les énergies renouvelables feront la différence. En conséquence, dans tous les scénarios étudiés par les analystes de BP, la proportion d’utilisation d’énergie renouvelable augmentera plus rapidement que n’importe quel autre combustible fossile.
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Parallèlement à la pandémie de covid-19, le rapport prédit que l’utilisation accrue des véhicules électriques réduira encore la demande mondiale de pétrole.
Les politiques internationales visant à limiter l’utilisation du plastique, qui est fait de pétrole, devraient également faire baisser encore davantage la demande, bien que certaines sociétés de combustibles fossiles parient beaucoup sur le plastique comme sauveur .
Le pic pétrolier pousse BP à réagir
Le géant pétrolier n’a pas l’intention de rester les bras croisés alors que le marché des énergies renouvelables se développe. BP a annoncé qu’il achetait une participation de 1,1 milliard de dollars dans deux projets éoliens offshore prévus aux États-Unis .
Il a aussi dévoilé des plans visant à réduire sa production de combustibles fossiles de 40% d’ici 2030 , même s’il faut dire que ces plans impliquent toujours une expansion du gaz naturel. La société prévoit également de multiplier par huit son portefeuille d’investissements dans les énergies renouvelables d’ici 2025 et par dix d’ici 2030.
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Les dirigeants de la société ont déclaré qu’ils prévoyaient de générer des rendements similaires pour leurs actionnaires à partir des énergies renouvelables, comme ils l’ont fait pour son exploration pétrolière et gazière.
Le monde prêt pour une véritable transition énergétique ?
La transition énergétique sera-t-elle portée par les mêmes qui ont détruit la planète ces dernières décennies ? Les Etats occidentaux ont décidé de donner toutes les clés du nouveau monde aux sociétés privées et aux banques.
Cette stratégie démontre à nouveau que nos décideurs ne sont pas préparés à un nouveau monde où les actionnaires et le PIB ne pourront plus jouer les premiers rôles dans les choix stratégiques.
A noter, que comme l’indique l’astrophysicien Aurélien Barrau, le réchauffement climatique provoqué par l’utilisation des énergies fossiles n’est pas responsable de la destruction du vivant sur Terre. Il s’agit de réagir également à la façon de coloniser la Terre pour éviter l’extinction des oiseaux, des vertébrés ou encore des insectes.
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