Jérémy Désir, ancien trader de la city, est intervenu sur Public Sénat où il a dénoncé la voracité d’un système financier à des années lumières des préoccupations sur le climat. Selon lui, ces banques « parient sur l’effondrement » de la planète.
D’ancien trader à la City à permaculteur en Martinique
Jérémy Désir a commencé sa carrière de trader après des études à l’école des mines à Saint-Etienne. Il a travaillé à HSBC où il gagnait bien sa vie. Dans le même temps, il a commencé à s’intéresser aux questions liées au climat et a souhaité « changer les choses de l’intérieur ».
« J’ai essayé de changer les choses de l’intérieur. J’ai essayé de faire remarquer à mon employeur les contradictions profondes qu’il y avait entre la volonté de croissance d’HSBC et leur volonté d’avoir une planète habitable. Mes employeurs ont minimisé et ridiculisé mes alarmes en disant que je n’étais simplement pas fait pour le trading ».
Face au déni qu’il a rencontré, l’ancien trader a décidé de sonner l’alerte et de dénoncer un milieu bancaire incontrôlable. Jérémy Désir s’est s’installé en Martinique et se forme en permaculture.
Une trajectoire de vie particulière qui fait écho aux nombreux étudiants de grandes écoles qui refusent de travailler pour les grandes entreprises en partie responsables du changement climatique.
Face à la cause climatique, du « cynisme et de la psychopathie »
Jérémy Désir dénonce un système politique et financier incapable de contrôler les institutions bancaires et les multinationales.
« Ils (les législateurs et les régulateurs des instances bancaires) pourraient faire quelque chose pour contrecarrer les projets des institutions bancaires et des multinationales en général, mais il y a une impuissance programmée du régulateur pour que les banques s’autorégulent »
Des accusations que la sénatrice écologiste des Français de l’étranger, Mélanie Vogel, a minimisé en évoquant simplement un déni et un paresse chez les législateurs.
« Le déni et la paresse ce sont les deux moteurs de l’inaction, et cette inaction est extrêmement grave. Je ne dirais pas que c’est programmé par contre c’est modifiable ».
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Des traders parient sur l’effondrement de la planète
La naïveté des propos de Mélanie Vogel a fait réagir Jérémy Désir qui les a qualifié de « dangereux ». Selon lui, « dans les hautes instances, les responsables sont bien informés de la situation » et savent que derrière la misère des uns peut se cacher le profit des autres.
Jérémy Désir relate des discutions avec ses supérieurs à la HSBC qui parient sur l‘effondrement de la planète.
« Dans tous les cas c’est foutu ! Dans mon pays d’origine : il n’y aura pas de montée des eaux dans le tien en Martinique il y en aura ! Et des sécheresses ! Mais voilà moi je serai bien », lui disait son ancien patron.
« Ou encore un autre exemple, lorsqu’on me confie que des supérieurs font tout pour parier sur l’effondrement, parier sur certaines matières premières qui vont se raréfier. Ils n’ont pas des raisonnements comme Monsieur tout le monde, ils ont beaucoup plus d’informations, beaucoup plus de pouvoir il ne faut pas minimiser la conscience de la nuisance des personnes qui sont aujourd’hui aux manettes et qui sortent des écoles que j’ai pu fréquenter ».
Les interventions des différents politiques sur le plateau pour atténuer le témoignage de Jérémy Désir n’auront aucun effet sur lui. Loin des bancs du parlement, c’est sur le terrain que l’ancien trader a découvert l’envers du décor.
Son expérience face aux requins de la finance l’a poussé à changer de vie pour revenir à des choses beaucoup plus terre à terre. Le jeune homme vit désormais simplement en Martinique tout en continuant d’informer sur les enjeux climatiques (à qui veut bien l’entendre).
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