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La multiplication des vagues de chaleur marines inquiète les scientifiques

vagues de chaleur marines Méditerranée

Les vagues de chaleur se multiplient durant cette période estivale et la mer Méditerranée n’est pas épargnée. Les climatologues craignent des conséquences désastreuses pour la vie marine.

De Barcelone à Alanya, les scientifiques annoncent des hausses de température exceptionnelles, allant de 3 à 5 degrés au-dessus de la norme cet été. La température de l’eau a régulièrement dépassé les 30°C ces dernières semaines sans que cela ne semble inquiéter les autorités.

Comment sont causées les vagues de chaleur marines ?

Les vagues de chaleur marines sont causées par les courants océaniques qui accumulent des zones d’eau chaude. Les systèmes météorologiques et la chaleur de l’atmosphère peuvent également faire grimper la température de l’eau de plusieurs degrés.

Les vagues de chaleur terrestres contribuent à provoquer des vagues de chaleur marines, et les deux ont tendance à s’alimenter mutuellement dans un cercle vicieux de réchauffement. Les vagues de chaleur se produisent lorsque des températures particulièrement élevées persistent pendant un certain nombre de jours, sans pluie ou avec peu de vent.

Et, tout comme leurs équivalents terrestres, les vagues de chaleur marines sont plus longues, plus fréquentes et plus intenses en raison du changement climatique provoqué par l’homme.

Les vagues de chaleur ont touché plus de 90 % de la surface de la mer Méditerranée. Selon les articles scientifiques les plus récents, la température de surface de la mer en Méditerranée a augmenté de 0,4 °C chaque décennie entre 1982 et 2018.

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Les vagues de chaleur marines affectent les stocks de poissons, la biodiversité et le tourisme

Les vagues de chaleur terrestres se multiplient sur le pourtour méditerranéen et ont des conséquences dramatiques sur l’environnement. Les effets secondaires sont les incendies de forêt, les sécheresses, des pertes de récoltes et des températures atrocement élevées.

Mais les vagues de chaleur marines pourraient également avoir de graves conséquences pour les pays bordant la Méditerranée si les gouvernements des 500 millions d’habitants ne s’en préoccupent pas rapidement.

Le Dr Garrabou fait partie d’une équipe qui a récemment publié un rapport sur les vagues de chaleur en mer Méditerranée entre 2015 et 2019, selon lequel ces phénomènes ont entraîné une « mortalité massive » des espèces marines.

La hausse des températures marines provoqueront l’épuisement des stocks de poissons, une baisse du tourisme ainsi que la multiplication de tempêtes destructrices.

« Nous poussons le système trop loin. Nous devons prendre des mesures sur les questions climatiques le plus rapidement possible », explique Joaquim Garrabou, chercheur à l‘Institut des sciences de la mer de Barcelone.

La mer Méditerranée représente moins de 1% de la surface mondiale des océans mais elle est l’un des principaux réservoirs de biodiversité marine, puisqu’elle contient entre 4% et 18% des espèces marines connues dans le monde. Certaines des espèces les plus touchées sont essentielles au maintien du fonctionnement et de la diversité des habitats de la mer.

Des espèces telles que les prairies sous-marines de Posidonia oceanica, qui peuvent absorber d’énormes quantités de dioxyde de carbone et abriter la vie marine, ou les récifs coralliens, qui abritent également des espèces sauvages, sont menacées.

Une cinquantaine d’espèces – dont des coraux, des éponges et des algues – ont été touchées sur des milliers de kilomètres de côtes méditerranéennes, selon l’étude publiée dans la revue Global Change Biology.

Le Dr Garrabou précise que les impacts sur la mortalité des espèces ont été observés entre la surface et 45 mètres de profondeur, là où les canicules marines enregistrées étaient exceptionnelles.

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Les mers ne sont plus des puits de carbone efficaces

Selon le Dr Garrabou, les mers ont longtemps rendu service à la planète en absorbant 90% de l’excès de chaleur de la Terre et 30% du dioxyde de carbone émis dans l’atmosphère par la production d’énergie fossile.

Ces effets de puits de carbone permettent de ralentir le réchauffement climatique et de préserver la planète contre les effets climatiques les plus violents. Cependant, la mauvaise santé des mers et des océans pourrait bien changer la donne.

La situation est « très préoccupante », déclare Joaquim Garrabou, chercheur à l’Institut des sciences de la mer de Barcelone.

« La question n’est pas celle de la survie de la nature, car la biodiversité trouvera un moyen de survivre sur la planète », dit-il.

« La question est de savoir si nous continuons dans cette direction, peut-être que notre société, les humains, n’auront plus d’endroit pour vivre ».

« Aujourd’hui, nous avons conduit l’océan à un état malsain et dysfonctionnel », ajoute-t-il.

Les émissions de gaz à effet de serre de la Terre doivent être réduites de manière drastique afin d’enrayer le réchauffement des mers. Les océanographes souhaitent également que les autorités garantissent la protection de 30% des zones maritimes contre les activités humaines telles que la pêche. Le but est de donner à la biodiversité une chance de se rétablir.

Actuellement, environ 8 % de la superficie de la mer Méditerranée est protégée.

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