Un haut diplomate américain a qualifié de pas « sérieuse » la mission de l’Union Européenne visant à stopper les livraisons d’armes en Libye. Les Etats-Unis accusent les puissances européennes de favoriser le camp du Maréchal Haftar soutenu par les Emirats Arabes Unis, la Russie, l’Egypte et la France.
David Schenker, secrétaire adjoint aux affaires du Proche-Orient, a déclaré que l’UE était partiale et ne critiquait que l’implication de la Turquie dans le conflit libyen.
« La seule interdiction qu’ils [l’UE] font est celle du matériel militaire turc qu’ils (les turcs) envoient en Libye. Personne n’interdit les avions russes, personne n’interdit les avions émiratis, personne n’interdit les Egyptiens », a déclaré M. Schenker au cours d’une discussion virtuelle avec le groupe de réflexion du German Marshall Fund.
« Ils (les pays de l’Union Européenne) pourraient au moins, s’ils étaient sérieux, je pense, les appeler – appeler toutes les parties du conflit lorsqu’ils violent l’embargo sur les armes », a-t-il dit.
La Turquie est intervenue militairement aux côtés du Gouvernement d’Union Nationale libyen (GNA), reconnu par l’ONU et basé dans la capitale, Tripoli, face à l’administration parallèle basée à l’est, menée par le Maréchal Khalifa Haftar. Ankara a permis au GNA de repousser une offensive de 14 mois menée par les forces d’Haftar pour s’emparer de la capitale. Les forces de Haftar basées à l’est sont soutenues par l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Russie.
L’opération Irini visant à faire respecter l’embargo des Nations Unies sur les armes a été violée de nombreuses fois par les alliés d’Haftar. L’UE s’occupe principalement des violations navales de l’embargo ce qui permet aux Emirats Arabes Unis, principal bailleur de fonds du Seigneur de guerre Haftar, de faire passer le matériel militaire et les mercenaires par l’Egypte.
« Il y a deux points d’entrée en Libye, la frontière maritime occidentale que la Turquie utilise pour expédier des armes au gouvernement d’accord national à Tripoli, et la frontière orientale que l’Égypte et les Émirats arabes unis utilisent pour soutenir Haftar », a déclaré Anas el-Gomati, fondateur et directeur de l’Institut Sadeq.
« Il ne fait aucun doute que l’Egypte et les Emirats Arabes Unis seront les grands gagnants. Les Turcs n’ont pas d’autre choix que d’expédier leurs armes par mer, et c’est sur ce terrain que l’UE assure désormais le maintien de l’ordre ».
La Turquie par la voix de son ministre des Affaires Etrangères, Mevlut Cavusoglu, a également critiqué la mission de l’Union Européenne de ne pas faire le nécessaire face aux envois d’armes par les alliés d’Haftar.
Grâce à des photos satellites, les observateurs ont pu apercevoir sur des bases militaires plusieurs avions de chasse russes et émiratis ainsi que de nombreux systèmes de défense antiaérienne et antimissile mobile russe. Une puissance de feu importante alors qu’une nouvelle bataille entre les deux camps pourrait avoir lieu dans les environs de Syrte, porte Est du croissant pétrolier libyen.
Les mercenaires russes pointés du doigt
Washington s’inquiète de la présence de mercenaires russes en Libye. L’agence militaire privée Wagner, proche du Kremlin, est accusée de bloquer les sites pétroliers et de miner les routes autour de Tripoli et Syrte.
L’Africom, le commandement américain pour l’Afrique, affirme détenir des « preuves claires » que les mercenaires russes placent des mines dans « un mépris total pour la sûreté et la sécurité des civils Libyens ».
David Schenker a accusé l’Union Européenne de ne pas prendre les mesures nécessaires pour stopper les activités de la Russie en Libye.
« Peut-être sont-ils préoccupés par la réaction de la Russie. Mais s’ils n’assument pas un rôle plus robuste ou plus sérieux, cette affaire va s’éterniser », a-t-il déclaré.
Un rapport des Nations unies publié en mai a indiqué que Wagner avait déployé jusqu’à 1 200 personnes en Libye, renforçant ainsi les forces de Haftar.