La Maison Blanche vient d’annoncer le retrait des troupes américaines du nord de la Syrie. Les Etats-Unis ont donné leur feu vert à la Turquie pour une incursion militaire afin de créer une zone tampon avec les territoires contrôlés par les forces kurdes.
Washington a fait part d’une discussion téléphonique entre Donald Trump et Recep Erdogan annonçant un accord pour l’intervention turque en Syrie.
« La Turquie va bientôt mettre en œuvre son opération prévue de longue date dans le nord de la Syrie », a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche Stephanie Grisham, dans un communiqué.
« Les forces américaines ne vont pas soutenir ou être impliquées dans l’opération, et les forces américaines, qui ont vaincu le califat territorial de l’État islamique, ne seront plus à proximité immédiate », a-t-elle précisé.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), en grande partie à composante kurde, ont dénoncé l’accord américano-turc et témoigné du retrait des troupes américaines des zones frontalières avec la Turquie. Sur leur compte Twitter, les FDS ont menacé les occidentaux d’un « retour de l’EI » et d’une « zone de conflit permanent ».
La Turquie est en guerre avec les indépendantistes kurdes depuis plusieurs décennies. Les rebelles, considérés par les turcs comme des terroristes, souhaitent un territoire nommé Kurdistan entre l’Irak, la Turquie, la Syrie et l’Iran. Ankara a déjà bombardé à de nombreuses reprises les positions des YPG (forces kurdes) dans le nord de l’Irak et de la Syrie.
Washington trahit ses alliés kurdes
M. Erdogan a affirmé récemment être arrivé à bout de patience vis-à-vis des Etats-Unis au sujet de la création de la zone de sécurité dans le nord de la Syrie. Une promesse américaine faite en août par Donald Trump.
« À ce stade, nous n’avons d’autre choix que de poursuivre sur notre propre voie », avait déclaré le chef de l’État turc à la télévision.
Washington s’est longtemps appuyé sur les forces indépendantistes kurdes pour combattre l’EI dans la région. Les troupes américaines au sol sont en grande partie des forces spéciales, à peu près 2.000 hommes, qui forment et soutiennent les combattants des FDS.
Donald Trump avait déjà annoncé sa volonté de rapatrier ses soldats présents dans la région mais avait reçu un avis négatif de la part du Pentagone. Les observateurs craignent un retour de l’EI au premier plan une fois les américains partis.
Prisonniers jihadistes européens
La Maison Blanche a indiqué dans son communiqué que la Turquie pourrait prendre la responsabilité des prisonniers jihadistes dans les prisons du nord de la Syrie.
« Le gouvernement des États-Unis a pressé la France, l’Allemagne et d’autres pays européens, d’où viennent beaucoup des combattants de l’EI capturés, de les reprendre, mais ils ne veulent pas et refusent », a dit la Maison-Blanche.
« La Turquie va maintenant être responsable pour tous les combattants de l’EI dans la zone, capturés dans les deux dernières années », a-t-elle ajouté.
Donald Trump a longtemps critiqué les pays européens qui ne souhaitent pas récupérer leurs ressortissants capturés par les FDS. La France, l’un des principaux pays concernés, souhaite que les prisonniers jihadistes français soient jugés sur place.