in ,

Ankara réplique à des bombardements en Syrie et ouvre ses frontières vers l’Europe aux réfugiés syriens

Ankara réplique à des bombardements en Syrie et ouvre ses frontières vers l'Europe aux réfugiés syriens

Au moins trente-trois soldats turcs ont été tués lors d’un raid aérien des forces du régime syrien dans la province d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie. Des frappes turques ont lieu actuellement en représailles dans plusieurs parties de la Syrie.

Rahmi Dogan, gouverneur de la province de Hatay, au sud-est de la Turquie, a déclaré que d’autres soldats ont également été blessées lors de l’attaque de jeudi soir.

Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme, les frappes aériennes auraient été réalisées par l’aviation russe et auraient fait au moins 33 victimes. Un bilan donné bien avant les autorités turques qui ont dans un premier temps annoncé 9 puis 22 puis 29 pour enfin reconnaître les 33 morts.

Ces bombardements seraient une réponse à une livraison de missiles sol-air aux rebelles syriens par des soldats turcs pour abattre des avions russes au dessus du ciel d’Idlib. Des accusations rejetées par Ankara plus tôt dans la journée. Ces informations à mettre au conditionnel traduiraient une nouvelle escalade de la violence entre les deux pays.

Réplique de l’armée turque

La Turquie soutient officiellement les rebelles syriens à Idlib, dernier bastion de l’opposition syrienne. Les militaires turcs sont engagés dans les combats face aux troupes de Bachar Al Assad et les milices supplétives entraînées par l’Iran. La Russie de son côté maîtrise les airs et apporte un soutien aérien à ses alliés au sol.

Ankara réplique à des bombardements en Syrie et ouvre ses frontières vers l'Europe aux réfugiés syriens
source : Twitter @CivilWarMap

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a tenu une réunion de sécurité d’urgence de deux heures tard jeudi pour discuter des opérations militaires à Idlib et de la réponse à donner aux bombardements meurtriers.

Dans le même temps, les autorités turques ont dévoilé un premier bilan de l’opération militaire dans le Nord de la Syrie. Les forces turques ont annoncé avoir tué au moins 1709 soldats du régime d’Assad, détruit 55 chars, trois hélicoptères, 18 véhicules blindés, 29 obusiers, 21 véhicules militaires, six dépôts de munitions, sept mortiers et quatre mitrailleuses lourdes DShK de fabrication soviétique.

Ce bilan a été fourni avec des images de bombardements de l’aviation turque. Ces documents de propagande visent à démontrer la maîtrise de l’opération turque dans la province d’Idlib en soutien aux rebelles syriens.

Suite à la réunion de crise, la Turquie a décidé de frapper de nombreuses cibles militaires du régime syrien à travers le pays. Une déclaration de guerre officielle n’est plus à exclure dans les prochaines heures.

« La Turquie reconnaît dorénavant tous les militaires [gouvernementaux syriens,ndlr] comme des cibles ennemies», a déclaré le porte-parole du Parti de la justice et du développement (AKP) Omer Celik.

Cette nuit, de jeudi à vendredi 27 février, l’armée turque a tiré des missiles sur des cibles militaires à Hama dans le centre de la Syrie, au nord-ouest sur Nubl et Zahraa, ainsi qu’à Lattaquié, bastion du régime alaouite qui abrite une grande base militaire russe.

Le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin a eu une conversion téléphonique avec le conseiller américain à la sécurité nationale Robert O’Brien. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg , a de son côté condamné les frappes aériennes contre les soldats turcs.

La Turquie ouvre ses frontières vers l’Europe aux réfugiés syriens

La Turquie a annoncé également l’ouverture de ses frontières maritimes et terrestres avec l’Europe pendant les 72 prochaines heures. Ankara a aussi ouvert sa frontière avec la Syrie pour permettre aux réfugiés qui ont fui les bombardement à Idlib de passer vers l’Europe. Les gardes côtes et les policiers ont ordre de laisser passer les syriens.

La Turquie sanctionne ainsi les diplomaties occidentales pour leur manque de soutien face à l’armée russe. L’OTAN, dont la Turquie fait partie, a déjà fait savoir qu’elle ne s’impliquerait pas dans un hypothétique conflit russo-turc.

Depuis plusieurs semaines, la Turquie souhaite que les Etats-Unis installent leur système de défense antiaérienne Patriot afin de stopper les bombardements de la Russie dans la province d’Idlib. La fin de la suprématie russe dans les airs syriens pourrait permettre aux F16 turcs de soutenir les troupes au sol. Des demandes jusqu’ici refusées par Washington.

L’arrivée massive de réfugiés syriens et irakiens vers l’Europe sur fond de crise épidémique du coronavirus pourrait provoquer de graves déstabilisations pour les pays voisins de la Turquie. Ces derniers jours, d’importantes émeutes ont eu lieu dans plusieurs îles grecques où la population refuse la construction de nouveaux camps pour réfugiés. Athènes prévoit d’en construire dans cinq îles de la mer Égée, Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos.

https://twitter.com/RTenfrancais/status/1232948539908554753

Le monde, concentré sur l’épidémie de coronavirus, observe passivement les prémices d’une nouvelle guerre au Moyen Orient. L’escalade de la violence entre la Turquie et la Russie pourraient provoquer un affrontement sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les Etats-Unis, habituels gendarmes de la planète, contrôlent le pétrole kurde et semblent s’accommoder des tensions tant que l’or noire est bien gardée. L’Allemagne et la France vont devoir à nouveau assumer l’afflux de réfugiés dans les prochains jours et tout ça en pleine crise du coronavirus. Ces tensions auront certainement des conséquences fâcheuses sur les marchés financiers qui ne cessent de dégringoler avec une économie chinoise à l’arrêt et des incertitudes sur la réponse sanitaire européenne face au virus qui se propage. Décidément, 2020 est bien l’année de tous les dangers.

Coronavirus. Les supermarchés pris d’assaut dans l’Oise par crainte d'une zone de quarantaine

Coronavirus. Les supermarchés pris d’assaut dans l’Oise par crainte d’une zone de quarantaine

"Il n'y a plus aucun masque, ils ont tous été volés": le coup de colère du chef de service de la pneumologie au CHU de Nice

« Il n’y a plus aucun masque, ils ont tous été volés »: le coup de colère du chef de service de la pneumologie au CHU de Nice