En direct sur LCI, le chroniqueur Jean-Paul Mira, également chef du service de réanimation de l’hôpital Cochin, a proposé au Professeur Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm, de tester les nouveaux traitement contre le coronavirus en Afrique.
« Si je peux être provocateur, ne devrait-on pas faire cette étude en Afrique ou y’a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation … ou chez les prostitués qui sont hautement exposées »
Les propos de Jean-Paul Mira ont provoqué la colère de nombreux internautes qui les ont condamnés farouchement. Ce dernier visiblement souhaitait jouer la carte de la provocation, en témoigne son clin d’oeil avant sa prise de parole, et cela est réussi. En témoignent les nombreux tweets de personnalités publiques comme de simples citoyens choqués par les assertions du médecin.
Le Président de SOS Racisme, Dominique Sopo, a annoncé que son association interpellait « le CSA suite à cette séquence et étudie les suites à donner à des telles déclarations ». Le joueur de football camerounais, Samuel Etoo a également été choqué par les propos des deux médecins.
D’autres stars et militants ont réagi sur Twitter, Instragram ou encore Facebook.
» LES AFRICAINS NE SERONT PAS LES COBAYES DU RESTE DE L’HUMANITÉ.Ce temps là est révolu. Nous demandons à @LCIPolitique @SDJdeLCI @LaMatinaleLCI de clarifier sa position et de présenter ses excuses à la frange de l’humanité qui vient d’être injuriée et comme par le passée, chosifiée », s’est insurgé le fondateur de Tropique FM également ancien délégué interministériel, Claudy Siar.
La militante antiraciste Sihame Assbague a aussi tweeté pour dénoncer le « racisme médiacal. Racisme médiatique » tout en rappelant que les tests pharmaceutiques en Afrique étaient bien réels.
En effet, Jean-Paul Mira met le doigt sur les méthodes de certains laboratoires qui utilisent les africains comme des cobayes. Les chercheurs des labo pharmaceutiques n’ont pas attendu le Covid-19 pour le faire. En Juin 2015, Le Monde Diplomatique publiait un article intitulé « L’Afrique, cobaye de Big Pharma » qui dévoilait les nombreuses affaires impliquant des scientifiques dans des campagnes de tests de vaccins ou d’antibiotiques sur des populations africaines souvent pauvres.
« Les risques de manquements à l’éthique sont d’autant plus grands que les laboratoires délocalisent de plus en plus leurs tests sur le continent noir. En effet, leur coût y est jusqu’à cinq fois moindre que dans les pays développés. En outre, les conditions épidémiologiques en Afrique se révèlent souvent plus propices à la réalisation d’essais : fréquence élevée de maladies, notamment infectieuses, et existence de symptômes non atténués par des traitements itératifs et intensifs. Enfin, la docilité des patients, en grande détresse compte tenu de la faiblesse des structures sanitaires locales, facilite les opérations », explique l’auteur de l’article Jean-Philippe Chippaux, médecin et docteur en santé publique.
Ces laboratoires prétextent que les traitements sont destinés à la population locale. Or, dans les faits, cette dernière est loin de posséder les moyens pour y avoir accès. Ils sont bien réservés aux populations occidentales plus aisées.
Si les propos de Jean-Paul Mira ont choqué, il y a peu de chances pour que les tests des laboratoires pharmaceutiques dans les pays pauvres, en Afrique comme en Asie, soient suspendus. Les intérêts financiers sont gigantesques et les Etats comme les agences de régulation semblent démunis.