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Incendie de l’usine Lubrizol : les premières analyses sur des pompiers sont mauvaises

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L’usine Lubrizol à Rouen pourrait rapidement revenir au devant de la scène. Les premières analyses biologiques réalisées sur des pompiers sont mauvaises.

Selon les informations du journal Le Monde, les bilans sanguins réalisés sur une dizaine de pompiers du service départemental d’incendie et secours de Seine-Maritime (SDIS 76) fait apparaître des résultats anormaux au foie, avec des niveaux transaminases trois fois supérieurs à la normale ainsi que des perturbations au niveau de la fonction rénale.

Les « bilans anormaux » qui concernent « cinq à sept agents » du SDIS 76 ont été remis sous pli pour cause de confidentialité.

« Ces résultats ne sont pas bons. Le foie, comme les reins, c’est notre centre antipoison. Si les transaminases sont élevées, c’est que le foie a subi une agression », commente le toxicochimiste André Picot.

Selon le fondateur de l’unité de prévention du risque chimique du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), cité par Le Monde, ces résultats pour être révélateur d’un risque de développement d’une hépatite ou à long terme de cancers.

« Parmi les nombreux produits partis en fumée, il y a très vraisemblablement des produits hépatotoxiques », déclare André Picot.

Une inquiétude partagée par le secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT) du SDIS 76 qui témoigne de son inquiétude et de celle de ses collègues. Plus de 1600 tonnes de produits chimiques ont brûlé dans les hangars dont certains sont potentiellement cancérogènes et davantage ont une toxicité jugée aiguë.

« Vu les quantités qui ont brûlé et que l’on a respirées, on est forcément inquiet, explique Mathieu Gibassier.

Des produits phosphorés connus pour attaquer le foie ont également brûlé. Les résultats concernant cet organe extrêmement sensible font craindre le pire.

« On nous répète depuis un an qu’il faut faire attention avec la toxicité des feux pour une intervention sur une maison ou une voiture. Lubrizol, c’est un site Seveso, c’était un feu de voiture multiplié par plusieurs millions. » 

Une inquiétude qui est également due aux dizaines d’appels de pompiers, présents lors de l’incendie, qui ont contacté le syndicaliste pour témoigner de « toux irritantes, de vomissements et de diarrhées importantes ». 

« Les premières interventions ont été effectuées sous protection respiratoire de la tête aux pieds, explique le pompier. C’est une fois l’incendie maîtrisé que ça s’est relâché. On est passé aux masques en papier et il n’y en avait pas assez pour tout le monde. C’était un peu la démerde. » 

Or, explique M. Gibassier, « de 19 heures à 7 heures du matin, il a fallu continuer à arroser les fûts pour les refroidir et il y avait encore un panache de fumée important. »

A l’issue d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) extraordinaire organisé le 1er octobre, des analyses sanguines ont été prescrites à tous les pompiers présents sur la zone de l’incendie. Ce sont près de 800 agents qui sont concernés par ces examens médicaux qui devraient se poursuivre dans le temps. Les pompiers, dont les résultats ont déjà noté des problèmes, devront se faire suivre tous les quinze jours pendant six mois.

Ils envisagent également de porter plainte contre X pour mise en danger d’autrui. Une démarche judiciaire déjà engagée par le syndicat de police Unité SGP-Police de Rouen suite à l’intervention des agents sur les lieux sans tenues adéquates.

Les prélèvements sur les pluies tombées après l’incendie de l’usine Lubrizol avaient déjà révélé des taux « relativement élevés » de dioxines. Le Ministère de la Santé quant à lui continue d’évoquer la transparence la plus totale.

La situation à Rouen ne risque pas de s’améliorer avec une population apeurée qui dès les premiers jours ne faisait plus confiance aux autorités publiques. Un pompier avait appelé anonymement une émission radio pour se plaindre de l’omerta autour des risques sanitaires.

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