La marche, le vélo ou le jogging sont des activités plébiscitées pendant cette période de confinement. Mais il est préférable de ne pas pratiquer ces sports de plein air dans le sillage d’un autre, selon les recherches de la KU Leuven et de l’Université de technologie d’Eindhoven. Quiconque respire, tousse ou éternue en se déplaçant crée un nuage de gouttes derrière lui qui s’étend sur plus de 1,5 mètre, explique le professeur Bert Blocken.
La règle des 1,5 mètre de distance annoncée par le gouvernement est «très efficace» pour les personnes qui restent immobiles à l’intérieur ou à l’extérieur par temps calme. Mais ceux qui font de la marche, du vélo ou du jogging doivent être un peu plus prudents.
« Si quelqu’un expire ou tousse en faisant du jogging, ces gouttelettes restent dans l’air. La personne qui court juste derrière – dans ce qu’on appelle le sillage – traverse ensuite ce nuage de gouttes », explique Bert Blocken, professeur d’aérodynamique à la KU Leuven et à l’Université de technologie d’Eindhoven.
« Le sillage est la zone qui apparaît juste derrière une personne lorsqu’elle marche ou fait du vélo, par exemple, et qui tire un peu l’air, pour ainsi dire », explique Blocken.
« Les cyclistes aiment l’utiliser car ils doivent alors faire beaucoup moins d’efforts. Mais quelqu’un qui marche ou court a aussi un tel sillage. Nous avons vu que peu importe la forme de cette zone, les gouttelettes se retrouvent dans ce flux d’air. Il est donc préférable d’éviter ce sillage pour le moment », explique Blocken.
Les chercheurs sont arrivés à leurs conclusions en simulant la libération de particules de salive de personnes en mouvement (marche et jogging) et de différentes positions (côte à côte, en diagonale derrière et juste derrière l’autre). Normalement, ces modèles sont utilisés pour améliorer le niveau de performance des athlètes, car pour les athlètes, il est très efficace de rester dans le sillage de leur adversaire.
Les résultats de leurs recherches sont schématisés par Blocken et ses collègues dans une série d’animations et de figures. Le nuage de gouttes laissé par une personne en mouvement est clairement visible dessus.
« Les gens qui éternuent ou toussent répandent les particules avec une plus grande poussée, mais aussi ceux qui respirent uniquement les particules répandues. »
Les points rouges sur les images représentent les plus grosses particules. Ce sont les plus contagieux et tombent plus vite.
« Mais quand quelqu’un marche à travers ce nuage de gouttes, il peut se retrouver avec des particules sur son corps », explique le scientifique.
Les simulations montrent que l’éloignement social joue moins un rôle pour deux personnes qui s’entraînent côte à côte par temps calme. Les gouttes se retrouvent alors derrière le duo. Ceux qui se déplacent en diagonale l’un derrière l’autre sont également moins susceptibles d’attraper les particules de salive d’un prédécesseur. Le risque de contamination est plus grand lorsque les gens s’exercent étroitement les uns derrière les autres, et donc dans le sillage de chacun.
Sur la base des résultats, Blocken conseille de garder une distance d’au moins quatre à cinq mètres en marchant dans le sens de la marche, dix mètres en trottinant et au moins vingt mètres en faisant du vélo.
« Si vous voulez dépasser quelqu’un, il est également recommandé de commencer à le doubler à une distance importante – vingt mètres avec des vélos, par exemple, afin de pouvoir dépasser sans entrer dans son sillage. Comparez-le à la conduite: si vous voulez dépasser, vous n’attendez généralement pas le tout dernier moment ».
A Paris, les nouvelles mesures de restriction d’activités sportives ont provoqué un attroupement de joggeurs à partir de 19h. De nombreuses images ont été filmées par des internautes. On peut voir des parisiens courir et marcher les uns derrière les autres, ce qui pourrait faciliter la propagation du virus.
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