La Suisse augmente ses réserves alimentaires d’urgence pour éviter toute pénurie alors qu’une crise alimentaire mondiale semble inéluctable. Le pays devrait faire passer ses réserves stratégiques de nourriture de trois à six mois.
La Suisse double ses réserves alimentaires d’urgence
La Suisse se prépare à faire face à des pénuries. Les denrées alimentaires tels que le café, les céréales, le sucre sont stockées dans des silos supplémentaires. Le gouvernement souhaite porter à six mois les stocks de consommation, contre trois à quatre mois actuellement.
Cela signifierait une augmentation significative, par exemple, des 160 000 tonnes de céréales stockées dans des silos disséminés dans le pays, ce qui porterait les réserves officielles à des niveaux qui n’ont plus été vus depuis 1980.
« Nous avons décidé au cours des deux dernières années que nous devions augmenter nos réserves en Suisse », a déclaré Peter Lehmann, chef des stocks obligatoires à l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays.
De nouveaux silos vont également être construits pour stocker davantage d’aliments pour animaux, du blé et du riz dans le cadre de contrats d’État avec près de 100 fabricants de produits alimentaires.
« Nous avons lancé le projet avant la guerre en Ukraine, mais celle-ci a souligné à quel point il est important de disposer d’une réserve. Le monde est plus fragile ».
Des réserves alimentaires d’urgence face aux contraintes climatiques et géopolitiques
Les chaînes d’approvisionnement trop longues, les conflits comme celui en Ukraine ou encore le changement climatique pousse la Suisse à réagir pour éviter les pénuries. Le programme de réserves alimentaires d’urgence existe depuis l’entre-deux-guerres, il avait été réduit (au niveau des stocks) dans les années 90 après la fin de la guerre froide.
L’instabilité croissante du monde pousse Genève a reconsidéré cette baisse. La pandémie a démontré la fragilité du système surtout lorsque l’on est dépendant de ses importations de nourriture à 40% comme la Suisse.
Le changement climatique
Le changement climatique préoccupe les suisses. Les mauvaises récoltes dues aux sécheresses ou au mauvais temps à travers le monde poussent les autorités à assurer des réserves alimentaires d’urgence en cas de crise alimentaire.
« Si la chaîne d’approvisionnement s’effondrait, ou s’il y avait une mauvaise récolte à cause du mauvais temps ou de la sécheresse, cela pourrait avoir des conséquences politiques », a déclaré Peter Lehmann.
« Il ne faut pas grand-chose pour qu’un goulet d’étranglement se produise. Même sans l’Ukraine, les chaînes logistiques sont devenues plus longues et plus vulnérables. »
De nouvelles délibérations sont prévues l’année prochaine pour décider si des silos supplémentaires doivent être construits dans la prochaine décennie.
Un pays prévoyant face aux crises
Contrairement à la France, la Suisse a toujours été un pays très prévoyant quant aux crises que le monde peut rencontrer. A titre d’exemple, le taux de protection du pays contre un accident ou une guerre nucléaire est de 100%. Chaque habitant dispose d’un abri souterrain qu’il peut regagner dans un délai raisonnable.
De nombreux suisses ont également ce que l’on appelle des bases autonomes durables qui peuvent se matérialisées par une ferme ou une maison avec un potager et un point d’eau. Un avantage en cas de grave crise.
Dès novembre 2021, bien avant la guerre en Ukraine, les autorités ont prévenu quant à de possibles black out pendant l’été 2022. Les industriels et autres grands consommateurs d’électricité sont invités à réduire leur consommation pour éviter les pénuries.
Si l’Agence internationale de l’énergie (AIE) agite le risque de «pénuries» de carburant en Europe, la Suisse n’a pas décidé d’augmenter ses stocks de carburant qui sont de 4 à 5 mois pour l’essence et le diesel.
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