En pleine crise sanitaire, économique et géopolitique, le sujet de l’effondrement de notre société est devenu un enjeu crucial. Collapsologues et survivalistes s’interrogent sur la résilience de notre système et sur notre capacité à vivre en autonomie.
Afin de parer à toute rupture de la normalité, nombreux sont ceux qui investissent dans une ferme autonome, un chalet en montagne, rejoignent un éco-lieu en communauté ou construisent une base autonome durable (BAD).
La base autonome durable, c’est quoi ?
La base autonome durable ou BAD est un lieu suffisamment préparé pour vivre en sécurité en cas de catastrophe naturelle, explosion nucléaire, guerre ou autres ruptures de la normalité.
En cas de crise, la sécurité adopte diverses facettes. Il faut être capable de se nourrir, de se loger et de se protéger. La BAD peut prendre différentes formes mais doit toujours répondre à cette nécessité de protection face à l’imprévu.
La base autonome durable n’est pas un type d’habitation spécifique. Elle peut être :
- un chalet en montagne
- une maison de campagne
- une ferme
- une cabane aménagée dans les bois
- un bunker sous terre
La BAD doit fournir les éléments essentiels permettant une autonomie maximale à son propriétaire. Le choix de son emplacement est essentiel pour s’assurer qu’elle répondra bien à certains critères comme l’accès à l’eau, la nourriture et la sécurité physique pour vous et vos proches.
Les avantages de la BAD dans le survivalisme
La crise sanitaire n’a pas rassuré les survivalistes
Le survivalisme est un courant d’idées qui doute de la capacité des Etats à faire face aux catastrophes éventuelles, quelles soient naturelle, nucléaire, sanitaire ou autres. Les survivalistes ou preppers proposent différents axes pour répondre à ces défis dont la modification de leur habitation, la mise en place d’un stock alimentaire et médical, l’apprentissage de techniques de survie et la préparation d’un sac de survie.
La crise sanitaire a démontré les limites des gouvernements à répondre à un évènement majeur et non prévu. La pandémie de Covid-19 s’est répandue rapidement à travers le monde sans que les superpuissances sachent comment la stopper. La panique a parfois pris le dessus sur la raison, les pays ont fermé leurs frontières et se sont mêmes volés les masques sur les tarmacs des aéroports chinois.
La base autonome durable, les pénuries et les stocks (alimentaires, carburant, médicaux)
La BAD est l’un des axes principaux de cette préparation du survivaliste puisqu’elle est aménagée pour assurer la sécurité de ses propriétaires. Qu’il s’agisse d’un simple garage en ville ou d’un chalet en pleine nature, la base autonome durable alloue un espace pour le stockage de la nourriture impérissable, de trousses médicales et de certains objets pour pouvoir vivre sans le confort habituel (filtre pour eau potable, panneaux solaires..).
Quelques heures après l’annonce du premier confinement, la population s’est précipitée vers les supermarchés pour remplir leur caddie. Contrairement aux citoyens dits « prévoyants », nombreux sont ceux qui ont dû s’entasser dans les rayons d’Auchan et Lidl pour obtenir les derniers sachets de pattes. Ces mouvements de foule peuvent se répéter et provoquer des bagarres comme au Royaume-Uni où la population a fait face à des pénuries de carburant entrainant des queues de plusieurs kilomètres devant les stations services.
Face aux pénuries en tout genre, la gestion des stocks devient essentielle. Dans un système où la logistique est basée sur l’approvisionnement en flux tendus, une simple rupture de la normalité peut entrainer un retour au Moyen-Age. Une BAD bien préparée permet d’éviter d’être confronté à l’instinct primitif de survie de l’humain.
La BAD pour être en sécurité (alimentaire, physique, énergétique)
L’endroit où vous installez votre base autonome durable n’est pas anodin. Il doit répondre à certaines obligations afin de vous assurer une certaine sécurité physique, alimentaire et énergétique.
La sécurité physique et la base autonome durable (BAD)
De préférence en campagne ou en montagne, où la densité de population n’est pas élevée, la BAD peut être un refuge pour vous et votre famille. Elle est un lieu de ralliement discret pour se retrouver avec des personnes de confiance afin de vous protéger si nécessaire.
“Entre la démocratie et la barbarie, il n’y a que cinq repas”, aime répéter Yves Cochet, l’une des figures du courant collapsologue, qui cite Winston Churchill.
Pendant le chaos, les foules peuvent rapidement devenir dangereuses. Les pillages, rackets et violences en tout genre sont monnaie courante lorsque les forces de l’ordre sont dépassées par une crise. Lors de la chute de Saddam Hussein et la dissolution des forces irakiennes par les Etats-Unis, des pillages ont eu lieu pendant plusieurs jours à Bagdad.
Les villes deviennent rapidement un enfer lorsque l’ordre n’est plus assuré. Les campagnes sont souvent mieux préparées face à une crise puisque les habitants se font confiance et peuvent donc coopérer.
La sécurité alimentaire (eau, nourriture) et la base autonome durable (BAD)
La Brigade Dicrim alerte régulièrement les élus sur la nécessité d’assurer un stock alimentaire d’urgence en cas de défaillance de la chaîne d’approvisionnement vers les magasins d’alimentation. Une cyberattaque, une grève prolongée de travailleurs ou un conflit peuvent provoquer une panique généralisée. Selon Stéphane Linou, qui travaille depuis 20 ans sur ce sujet, la France n’a que trois jours de stock alimentaire.
Une BAD doit permettre de stocker des aliments essentiels et non périssables comme des boîtes de conserve et un stock d’eau potable. Mais il faut également prévoir en cas de crise plus longue une parcelle de terrain cultivable assez importante pour un potager et une autonomie alimentaire. Pourquoi pas quelques animaux si vous vivez sur place ? Profitez de toutes les ressources possibles pour survivre.
L’eau c’est la vie, ce n’est pas qu’un slogan. L’Humain ne peut pas vivre plus de trois ou quatre jours sans eau. La meilleure solution est un puits dans son jardin mais il est possible également de cartographier les environs pour connaître les points d’eau (rivière, source, étang). Il faudra par la suite la filtrer ou la faire bouillir pour que vous puissiez l’utiliser sereinement.
La sécurité énergétique dans la BAD (électricité, chauffage, eau chaude)
Difficile de quitter le confort de nos villes où l’eau chaude, le chauffage et l’électricité sont assurés par l’Etat. Avant toute chose, même si la base autonome durable peut être confortable, il faudra embrasser l’idée de sobriété en réduisant votre consommation d’énergie à l’essentiel.
Aujourd’hui les travaux de rénovation énergétique permettent de conserver une température plus agréable dans votre logement. Une bonne isolation permet d’économiser votre besoin en bois si vous avez un poêle à bois, en gaz si vous avez stocké des bouteilles de gaz ou en électricité si vous utilisez des panneaux photovoltaïques ou un groupe électrogène de secours.
Le lieu de votre base autonome durable doit prendre en considération ces éléments. Une forêt près de chez vous permettra votre approvisionnement en bois de chauffage. L’orientation de votre habitation par rapport au soleil assurera un fonctionnement optimal de vos panneaux solaires.
La base autonome durable de luxe ou ces bunkers pour milliardaires en Nouvelle-Zélande
Les milliardaires de la Silicon Valley sont nombreux à posséder leur base autonome durable de luxe avec une assurance contre l’apocalypse. Reid Hoffman, fondateur du réseau social LinkedIn, a déclaré que plus de la moitié d’entre eux étaient assurés.
Peter Thiel, cofondateur de Paypal et proche de Donald Trump, a investi des millions de dollars dans une ferme immense en Nouvelle-Zélande. Cette dernière placée sur une montagne en face du grand Lac Wanaka va petit à petit se transformer en énorme bunker avec toutes les commodités nécessaires.
Et ils sont des dizaines (peut-être des centaines ?) à avoir investi dans de grandes propriétés dans la même région, toujours près de points d’eau et de montagnes. Certains ne cachent pas que des jets privés dans des aéroports californiens sont prêts à décoller en cas de nécessité.
Où installer sa base autonome durable pour survivre en cas d’effondrement ?
Les milliardaires américains ne s’installent pas en Nouvelle-Zélande par hasard. Selon une étude menée par la revue scientifique Sustainability, les pays les plus sûrs en cas d’effondrement de notre société sont :
- la Nouvelle-Zélande
- l’Islande
- la Tasmanie
- l’Irlande
Le réchauffement climatique pourrait bien avoir des conséquences dévastatrices sur le monde tel que nous le connaissons. La montée des eaux, la multiplication des sécheresses, des vagues de chaleur mortelles ou encore d’ouragans provoqueront famines, pandémies, diminution des récoltes ou encore une augmentation des conflits.
Nos sociétés, habituées aux chaînes de flux tendus et à l’importation de matières premières, feront face à une nouvelle donne géopolitique. Les alliances d’hier pourraient ne plus être celles de demain. Les intérêts de chaque nation entraîneront des guerres à travers le monde.
Les experts de la revue scientifique ont choisi ces endroits pour plusieurs raisons principales :
- la capacité à produire de la nourriture pour la population
- une densité de population faible
- la capacité à maintenir un réseau électrique
- la capacité de production globale
- peu ou pas de frontières terrestres avec un autre pays
Dans quelle région de France installer sa BAD ?
L’installation d’une base autonome durable (ferme, chalet, cottage) doit prendre en compte toutes les conséquences que peut avoir le réchauffement climatique en France.
Les précipitations seront-elles assez importantes pour préserver les nappes phréatiques dans votre région ? N’est-ce pas dangereux d’être trop près d’une forêt en cas de sécheresses répétées comme dans le Gard ? Etes-vous près d’une centrale nucléaire qui deviendra inutilisable si les températures deviennent trop élevées ? Pensez à jeter un coup d’œil sur la carte de France en 2070 !
La Bretagne et la Normandie, en dehors du littoral, seront sûrement les régions en France les moins touchées par le réchauffement climatique. D’autres évoquent le Puy-de-Dôme, la Creuse et la Corrèze, mais personne ne connaît l’avenir. Le GIEC annonce des prévisions à au moins +4°C si les Etats ne réagissent pas rapidement. Un scénario catastrophe dont personne ne connaît l’issue.
Le changement climatique sera une machine à injustice. Les migrants climatiques arriveront surement par millions pour échapper à la désertification des terres. Comment seront-ils accueillis ? N’oublions pas que nous serons tous demain des migrants potentiels ! Il faudra faire face à des tensions globales qui peuvent mettre à mal notre démocratie et les Droits de l’Homme.
La coopération dans une logique d’autonomie
La base autonome durable n’est pas un bunker où vous devrez être surarmé face à des zombies. Il s’agira souvent d’une ferme en campagne, d’un chalet en montagne qui vous permettra d’atténuer le choc d’un effondrement de la société ou d’une catastrophe naturelle.
Se préparer à survivre à un effondrement, qu’il soit économique, climatique ou sanitaire, passe par une logique d’entraide. Comme expliqué plus haut, la base autonome durable sera beaucoup plus viable si vous êtes inséré dans la vie de la cité. Personne ne survit seul.
En développement des logiques d’entraide, de partenariat, vous mettez en place un cercle vertueux de confiance et une interdépendance avec vos voisins. Ils seront vos premiers alliés en cas de rupture de la normalité. N’oubliez pas qu’à part dans les films, la logique du super héros individualiste n’a aucun sens dans un monde qui s’effondre.