Un article récent publié dans le JAMC (Journal de l’Association médicale canadienne) met en lumière un cas d’intoxication au plomb chez une jeune femme due à des médicaments ayurvédiques et la complexité du diagnostic de cette maladie rare.
«Étant donné que la toxicité du plomb est rare et que sa présentation n’est pas spécifique, les patients sont souvent vus par de nombreux prestataires de soins de santé avant que le diagnostic ne soit posé», écrit le Dr Julian Gitelman, de l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto, avec les coauteurs. « Un historique d’exposition minutieux est essentiel pour suggérer le diagnostic. »
La patiente, une femme de 39 ans, s’est rendue aux urgences 3 fois en 6 semaines pour des douleurs abdominales, de la constipation, des nausées et des vomissements. Lors de sa troisième visite, elle a été admise à l’hôpital pour anémie et possible hémorragie gastro-intestinale. De nombreuses investigations invasives n’ont pas réussi à révéler la cause de ses symptômes. Lors d’une visite de suivi quelques semaines plus tard, elle a déclaré avoir pris quotidiennement des médicaments ayurvédiques pendant plus d’un an pour traiter l’infertilité. Son taux de plombémie était élevé, à 55 µg/dL, par rapport à un taux normal inférieur à 2 µg/dL. Le patient a arrêté de prendre les traitements ayurvédiques et a commencé un traitement par chélation. Sa plombémie a diminué et ses symptômes ont disparu.
Une fois le diagnostic de toxicité au plomb posé, l’équipe médicale a contacté Santé publique Ontario (SPO), qui a testé 17 échantillons de pilules différents fournis par le patient. Après que des tests ont révélé des niveaux élevés de plomb dans la plupart des pilules, SPO a fait appel au bureau de santé publique local, au Service de santé publique de Toronto et à Santé Canada, car il réglemente les produits de santé naturels. Une enquête conjointe de la clinique ayurvédique a abouti à la saisie de centaines de pilules pour non-respect des Règlement sur les produits de santé naturels. Santé Canada et Toronto Public Health ont tous deux publié des avis publics pour avertir la population que les produits de cette entreprise spécifique présentaient des risques pour la santé.
Les auteurs soulignent l’importance de la communication et de la collaboration entre les cliniciens et la santé publique pour minimiser le risque pour la santé du plomb dans les produits de consommation. « Une récente revue systématique des rapports de cas d’empoisonnement au plomb a révélé que les médicaments traditionnels ou à base de plantes en étaient une cause fréquente. » écrivent les auteurs. « Des métaux lourds sont parfois ajoutés intentionnellement en raison de leurs propriétés curatives perçues. »
« Lorsque des produits de consommation peuvent être contaminés par le plomb, ou lorsque l’exposition au plomb est liée à des sources dans la communauté, impliquer la santé publique peut faciliter des actions plus larges pour réduire et prévenir l’exposition d’autres personnes à risque », concluent-ils.