La gestion désastreuse de la pandémie de coronavirus par l’administration Trump risque d’entraîner le monde vers une nouvelle crise immobilière beaucoup plus importante que celle de 2008. A New-York, près de 40% de la population ne peut plus payer son loyer.
La ville de New-York est devenue le nouvel épicentre de l’épidémie avec 76 000 cas recensés et 1 550 personnes décédées. Le nombre de victimes pourrait rapidement s’aggraver à cause du manque de moyens des hôpitaux et le manque de couverture sociale des travailleurs au chômage.
À New York, le rythme des décès s’accélère. Lundi après-midi, pendant 6 heures, le Covid-19 a fait un mort toutes les trois minutes. Le visage de la mégapole américaine est bouleversé… ❌ pic.twitter.com/B67CgPf7iD
— France TV Washington (@F2Washington) April 1, 2020
Mais en plus d’une situation sanitaire catastrophique, les new-yorkais font face à un nouveau problème : le manque d’argent pour payer leur loyer. De nombreux habitants de la mégalopole se sont retrouvés du jour au lendemain sans emploi et sans chômage. Selon un éditorialiste du New-York Times, 40% des locataires risquent de ne pas payer leur loyer d’avril et ils seront beaucoup plus au mois de mai.
Les locataires new-yorkais peuvent entraîner les propriétaires vers la faillite
De New York à Los Angeles en passant par Seattle, les locataires du pays ont organisé des grèves des loyers ces derniers jours, appelant les élus à fournir un soulagement financier immédiat aux locataires et menaçant de suspendre les paiements aux propriétaires.
Le gouverneur Andrew M. Cuomo de New York a ordonné un moratoire de 90 jours sur les expulsions , une bouée de sauvetage pour les personnes qui ne peuvent pas payer de loyer et qui craignent de perdre leur maison pendant la crise. D’autres États ont suivi l’exemple de l’État de New York, notamment la Californie, qui a introduit une interdiction des expulsions de 60 jours.
« La crise économique actuelle a tous les ingrédients pour provoquer un effondrement du marché immobilier à New York, » a déclaré Joseph Strasburg, président de la Rent Stabilization Association, qui représente 25 000 propriétaires à New York.
« Une baisse importante des paiements de loyer en avril créerait un effet domino immédiat et laisserait de nombreux propriétaires sans suffisamment d’argent pour payer leurs factures d’eau et d’égout pour leurs propriétés », a-t-il déclaré.
Le nombre de loyers payés pourrait baisser encore plus considérablement en mai, a déclaré M. Strasbourg, lorsque les locataires qui ont perdu leur emploi en mars auront encore moins d’argent pour payer le loyer de ce mois.
La taxe annuelle la plus élevée pour la plupart des propriétaires fonciers, les taxes foncières, doit être payée le 1er juillet. Et les taxes foncières représentent environ 30% des revenus de la ville de New York, ce qui contribue à payer les services de base de la ville.
«Ce sera dévastateur», a déclaré Jay Martin, directeur exécutif du Community Housing Improvement Program, ou CHIP, qui représente environ 4 000 propriétaires.
Certains propriétaires ont élaboré des plans de paiement avec les locataires, tandis que d’autres ont déclaré qu’ils ne pouvaient pas offrir de concessions car ils faisaient face à leurs propres défis.
Les super hosts d’AirBnB n’ont aucune réservation
Le marché du logement s’effondre également à cause des annulations massives des locations Airbnb. La moitié de la population mondiale étant sous confinement, les propriétés Airbnb sont vides. De nombreux économistes préviennent de l’éclatement prochain de la bulle de l’investissement locatif.
Gros geste de la part de Airbnb pour les hôtes qui ont subi des annulations liées au COVID pic.twitter.com/rPyNsuAhVp
— #WeAreMDCE (@Skema_MDCE) April 1, 2020
Sur les réseaux sociaux aux Etats-Unis, des personnes témoignent du désarroi des hôtes et super hôtes AirbnB.
« Mon voisin est un super hôte Airbnb. Elle est sur des forums avec d’autres hôtes. Beaucoup d’entre eux ont plus de 10 crédits. 0 locataire réserve leurs propriétés. Ils manquent d’argent. »
De nombreux hôtes Airbnb exploitent des empires fragiles, mis à profit jusqu’à présent grâce à des prêts hypothécaires bon marché. Si la pandémie de coronavirus se prolonge, plusieurs milliers d’entre-eux feront défaut.
« Sur les quatre millions d’hôtes Airbnb dans le monde, un dixième sont considérés comme des « Superhosts » soit 400 000 personnes. Chaque superhost a 10, 20, 30 maisons … chacune avec une hypothèque. Prix moyen 500.000 dollars avec un acompte moyen de 7% (35 000 dollars). C’est une bombe à retardement … une répétition du fiasco de 2008″, explique sur Twitter un analyste financier américain.
Face à l’absence de réservations à court terme, les hôtes Airbnb inondent le marché de la location régulière. Londres vient de voir une augmentation de 45% des locations sur le marché. 64% à Dublin et 78% dans la ville touristique britannique de Bath.
En France, la situation est équivalente avec des banques qui ont alimenté une bulle immobilière en prêtant massivement à des taux historiques et à des conditions d’octroi assez souples. Les durées d’emprunt tendent également à s’allonger selon l’observatoire Crédit Logement-CSA. En 2015, les emprunts de 25 et 30 ans représentaient 17% des prêts immobiliers alors que cette statistique grimpe à 30% en 2019. Et bien qu’ils représentent une part limitée de l’activité de crédit, les emprunts sur 35 ans gagnent discrètement du terrain. En décembre 2019, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a intimé aux banques françaises de changer rapidement leur comportement en durcissant les conditions d’emprunt et en veillant à respecter les limitations en vigueur.
Le marché du logement est sous pression sous presque tous les angles et les fissures commencent à apparaître. La crise des subprimes de 2008 pourrait bien se reproduire à une échelle mondiale bien plus importante. La bulle immobilière n’a jamais été aussi proche de l’éclatement avec comme conséquence la faillite de nombreuses banques.