Les milliardaires Jeff Bezos et Elon Musk sont persuadés que les humains vivront en partie dans l’espace. Le premier se voit habiter dans un immense vaisseau spatial tandis que le deuxième rêve de coloniser Mars.
Mais derrière cette quête de la Voie Lactée se cachent également d’importants intérêts financiers notamment l’exploitation des minerais et le business de la télécommunication.
Les milliardaires de la Silicon Valley décidés à dépasser les limites
Les romans de sciences fiction dépassés par la réalité ? La Silicon Valley gagne en tout cas des points. Elon Musk prépare des implants neuronaux pour améliorer l’intelligence de l’humain. Mark Zuckerberg veut proposer un monde virtuel avec le Metaverse. Jeff Bezos investit beaucoup d’argent pour devenir immortel.
Et les exemples ne manquent pas.. Nous pourrions citer également le cas des milliardaires qui construisent des bunkers de luxe en Nouvelle-Zélande en cas d’effondrement de la civilisation, le transhumanisme de cadres de Google ou encore les voitures autonomes (sans conducteur) de Tesla.
Mais les milliardaires de la Silicon Valley ne sont jamais à court d’idée. Parmi leurs nouvelles lubies figurent la conquête de l’espace.
Le tourisme spatial organisé par les milliardaires Jeff Bezos, Elon Musk et Jared Isaacman
En pleine crise écologique, le tourisme spatial apparaît comme une hérésie. Pourtant, les vols spatiaux touristiques réalisés par les entreprises Virgin Galactic de Jared Isaacman, Blue Origin de Jeff Bezos et SpaceX d’Elon Musc ont été salués dans le monde entier.
Virgin Galactic de Jared Isaacman lance le premier vol spatial touristique
La société aérospatiale Virgin Galactic a été la première à lancer les vols suborbitaux à des prix autour de 250 000 dollars.
Jared Isaacman a participé le 11 juillet à l’inauguration des vols touristiques dans l’espace. Il a été propulsé avec cinq autres personnes à 88 kilomètres au-dessus de la surface de la Terre pendant quelques minutes.
Déjà 600 personnes se sont inscrites pour réaliser cette expérience. L’entreprise souhaite à partir de 2022 proposer 400 vols chaque année.
Blue Origin de Jeff Bezos envoie Capitaine Kirk de Star Trek dans l’espace
Jeff Bezos, fondateur de Blue Origin, s’est également lancé dans la course au tourisme spatial. Quelques jours après son concurrent Virgin Galactic, le patron d’Amazon a fait un tour dans l’espace pendant une dizaine de minutes.
Le deuxième vol organisé par Jeff Bezos faisait partie d’une nouvelle opération de communication. L’acteur William Shatner, qui interprétait le capitaine Kirk dans la célèbre série Star Trek, a participé au deuxième vol de Blue Origin dans l’espace.
La fusée New Shepard a décollé puis a propulsé la capsule à une altitude de 100 km, soit la frontière de l’espace selon la convention internationale. Elle est ensuite retombée sur Terre, freinée par d’immenses parachutes. Le vol n’a duré qu’une dizaine de minutes.
La concurrence est sans merci comme le montre ce post twitter de la société Blue Origin qui a comparé les deux projets. L’entreprise de la deuxième plus grande fortune du monde a disqualifié la société Virgin Galactic en accusant cette dernière de ne pas atteindre les 100 km au-dessus de la Terre (synonyme d’entrée dans l’espace).
Elon Musk ridiculise ses concurrents avec la fusée Falcon 9 de SpaceX
L’entreprise SpaceX a été beaucoup plus loin puisque la fusée Falcon 9 a envoyé les quatre passagers de la capsule Dragon à 575 km de la Terre. Une distance cinq à six fois plus importante que celles des concurrents Blue Origin et Virgin Galactic.
De plus, le voyage dans l’espace n’a pas duré quelques minutes mais trois jours. Les quatre clients d’Inspiration4 étaient seuls dans leur navette sans aucun professionnel à leur côté. Une prouesse technique.
Elon Musk ne compte pas s’arrêter au tourisme spatial et souhaite par la suite coloniser Mars. Le patron de SpaceX a déclaré qu’il souhaitait installer une colonie sur la planète rouge afin d’y implanter durablement la vie.
Elon Musk : empereur de Mars
Elon Musk a indiqué avoir vendu toutes ses villas pour préparer son départ vers Mars. Sur sa bio Twitter on pouvait lire : « empereur de Mars », symbole de toute puissance et de mégalomanie.
Selon les experts, Mars est un endroit avec des saisons, de l’eau gelée, un atmosphère insuffisant mais un environnement tout de même quasi terrestre. La planète Mars serait donc dans la possibilité d’accueillir la vie pour les fervents défenseurs du projet d’Elon Musk.
Le patron de la société d’astronautique et de vol spatial, SpaceX, est décidé à coloniser la planète rouge. Elon Musk a assuré que la première colonie humaine sur Mars n’est pas destinée qu’aux milliardaires et n’a pas pour but d’échapper à un effondrement de la civilisation.
Cependant, pour justifier la nécessité d’un vie multi-planétaire, il a indiqué que la surpopulation humaine sur Terre pourrait causer l’extinction des plantes et des animaux.
Elon Musk espère envoyer des hommes sur Mars d’ici 2026, voire 2024 , afin d’installer sa future colonie. Ils construiront la première base permettant l’arrivée de centaines d’autres personnes. SpaceX vise l’installation pérenne d’un million de personnes d’ici 2100.
« Au début, elle disposera de l’infrastructure la plus élémentaire. Juste une base pour créer du propergol, une centrale électrique, des dômes pour faire pousser des cultures, toutes les sortes d’éléments fondamentaux sans lesquels vous ne pourriez pas survivre ».
Même s’il s’est autoproclamé empereur de Mars, Elon Musk a promis qu’il s’agira d’une démocratie directe où les colons seront amenés à voter régulièrement sur des sujets importants.
Jeff Bezos habitera un vaisseau spatial
Récemment, Jeff Bezos a déclaré lors d’un évènement intitulé « Notre avenir dans l’espace », qu’il imaginait les humains habiter dans des vaisseaux spatiaux et se rendre sur Terre juste pour les vacances.
Le PDG de Blue Origin a présenté l’exploration de l’espace comme une nécessité pour sauver la planète.
« Je veux que Blue Origin, aussi longtemps que je vivrai, crée ce chemin vers l’espace pour que les générations futures puissent construire une vie dans l’espace. Et il ne s’agit pas de quitter la Terre, mais de la sauver. (…) Nous devons être capables d’aller dans l’espace pour pouvoir préserver cette planète « , a-t-il ajouté, avant de noter que » nous devons restaurer la nature que nous avons perdue. «
Un scénario à la Elysium
Selon le patron d’Amazon, le projet de colonisation de Mars porté par Elon Musk s’annonce « très compliqué ». Jeff Bezos se tourne plutôt vers un scénario Elysium avec la construction d’immenses bases spatiales pouvant accueillir les humains. Les vaisseaux auraient une forme cylindrique pour créer une gravité artificielle lors de la rotation.
Le but est de reconstruire un environnement et des conditions similaires à celles de la Terre dans ces stations spatiales. La végétation et la faune terrestres seraient ainsi installées pour leur permettre de se reproduire dans l’espace.
« La plupart ou beaucoup des habitants seront nés dans l’espace. Ce sera leur première maison. C’est là qu’ils naîtront, vivront et développeront leurs professions » , explique-t-il.
Le patron d’Amazon explique vouloir dupliquer des centres historiques voire des villes entières dans l’espace. Dans une présentation de son projet spatial à long terme, il a montré la reconstitution d’une véritable biosphère sur des cylindres en orbite. On pouvait y voir des champs, des habitations, des transports en commun ou encore des lacs.
Jeff Bezos ne voit aucun problème à la surpopulation puisque si la planète peut accueillir « disons 10 milliards d’humains », « le système solaire peut supporter un milliard de personnes » a expliqué le milliardaire.
Les milliardaires convoitent l’espace pour le business
Objectif Lune : le projet Artemis de la NASA
Sous l’administration Obama puis Trump, les Etats-Unis ont initié la conquête de l’espace dans le but notamment d’exploiter des ressources minières. Le Space Act adopté en 2015 était la première étape pour remettre en cause le traité international de l’espace de 1967, relatif à l’exploration et à l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique.
En 2020, Donald Trump est allé beaucoup plus loin en réaffirmant les ambitions américaines de maintenir leur suprématie dans l’espace. L’ancien président avait autorisé unilatéralement le droit d’exploiter les ressources dans l’espace et avait encouragé l’installation d’une base sur la lune en 2024 sous le nom de Projet Artemis.
« L’espace extra-atmosphérique est un domaine d’activité humaine juridiquement et physiquement unique, et les États-Unis ne le considèrent pas comme un bien commun mondial. Les Américains devraient avoir le droit de s’engager dans l’exploration commerciale, la récupération et l’utilisation des ressources dans l’espace », avait déclaré Donald Trump.
Jeff Bezos veut exploiter les sols
Devant une telle opportunité, Jeff Bezos met tout en œuvre afin d’obtenir une part des bénéfices du Projet Artemis. Depuis 2010, sa société Blue Origin est un prestataire de la NASA et perçoit des millions de dollars dans l’élaboration de certaines parties du projet.
Mais le but ultime de Jeff Bezos est de pouvoir exploiter les ressources sur la Lune. La planète Terre est bien trop petite pour l’ambition du patron d’Amazon qui voit très grand.
« Cette planète est si petite que si nous voulons continuer à croître en tant que civilisation, à utiliser plus d’énergie, une grande partie de cette activité à l’avenir devra être réalisée hors de la planète ».
Elon Musk et SpaceX choisis par la NASA
Récemment, la NASA a attribué un méga-contrat de 2,9 milliards de dollars à SpaceX dans le cadre de partenariats visant à mener à bien le projet Artemis. Une décision jugée « injuste » par Blue Origin, qui a accusé la célèbre agence spatiale américaine de faire du favoritisme. Ces accusations ont été rejetées par un tribunal américain le 5 novembre 2021.
SpaceX a bouleversé l’industrie spatiale en créant des fusées orbitales réutilisables. Les fusées peuvent lancer des vaisseaux en orbite puis réattérir sans aucun dommage ce qui rend les vols dix fois moins chers que ceux organisés par la NASA.
La célèbre agence spatiale fait déjà appel à SpaceX régulièrement pour envoyer des vaisseaux en orbite. L’astronaute français Thomas Pesquet avait d’ailleurs rejoint la station spatiale internationale (ISS) grâce aux services de le société américaine. Idem pour son retour sur Terre.
Une constellation de satellites
L’espace est une passion depuis l’enfance pour les deux hommes les plus riches du monde. C’est aussi l’occasion de devenir leaders dans de nombreux secteurs d’activité.
Elon Musk, première fortune mondiale, a été le premier à se lancer dans le lancement massif de satellites en orbite. A l’heure actuelle, au moins 6 000 ont déjà été envoyés dans l’espace mais SpaceX souhaite en envoyer 42 000 !
Le but est de devenir un acteur incontournable de la télécommunication, de la cartographie et de la météo. Le projet pourrait permettre l’accès à Internet à la moitié de la planète qui ne l’a pas actuellement. Un business plus que juteux !
Jeff Bezos a bien compris l’ampleur des bénéfices qui pourront être réalisés. Il a réagi en lançant à son tour son propre projet. Il compte envoyer 3000 satellites en orbite à partir de 2026. Une décision qui n’a pas plu à son principal concurrent. Sur Twitter, Elon Musk a accusé Jeff Bezos d’être un copieur.
.@JeffBezos copy 🐈
— Elon Musk (@elonmusk) April 9, 2019
Pollution et risques dans l’espace
Crise climatique oubliée
Jeff Bezos et Elon Musk assurent que leur première volonté est de sauver la planète face aux deux grands défis qui sont le changement climatique et la sixième extinction de masse. Cependant, ces entreprises de tourisme spatial participent à une accélération du réchauffement climatique.
Selon les experts, l’envoi de navettes spatiales touristiques dans l’espace a un coût démesuré pour la planète. Les produits permettant la propulsion augmentent le gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Pour un seul vol de Blue Origin, la combustion de propergols provoque le rejet de 75 tonnes de CO2 par personne. Un véritable désastre écologique si ces vols venaient à se multiplier dans le cadre d’un nouveau tourisme pour ultrariches.
Pollution spatiale et visuelle
L’autre business juteux des milliardaires est l’envoi par centaines de satellites dans l’espace. Ces objets en orbite ont remplacé les étoiles dans le ciel jusqu’à provoquer la colère des astronomes.
Selon les spécialistes, cette pollution visuelle a pour conséquence l’impossibilité d’exploiter 40 à 50% des images prises par les astronomes. Si dans un premier temps les magnats de l’espace ont sous-estimé cette colère, ils ont ensuite compris que cela pourrait devenir un enjeu écologique. Face aux critiques, Jeff Bezos a promis que le projet Starlink s’appuiera désormais sur des satellites moins lumineux.
Des risques de collision accrus
Plus de 29 000 débris de fusées satellites et autres débris suffisamment gros pour être suivis depuis le sol terrestre seraient actuellement en orbite autour de la Terre. Les plus petits se compteraient par millions.
Les milliers de satellites du projet Starlink et de son concurrent One Web font craindre des collisions. Selon les experts, le risque augmente à une vitesse folle. Les rencontres jugées trop rapprochées (moins de 1 km) entre deux satellites sont désormais de 500 par semaine juste pour la société d’Elon Musk.
Le développement du marché spatial pose de nombreuses questions éthiques comme écologiques. Elon Musk et Jeff Bezos profitent des largesses du gouvernement américain pour s’imposer dans l’espace.
Si depuis ses débuts, l’aérospatiale avait pour but officiel la connaissance de l’univers et les progrès scientifiques, aujourd’hui, le privé s’en empare pour réaliser des bénéfices colossaux sans se soucier des traités internationaux et de la pollution engendrée.
Avant de penser à l’avenir sur d’autres planètes, il serait temps de protéger la nôtre en souffrance.