De nouvelles études montrent que des durées de sommeil anormales, trop courtes ou trop longues, augmentent considérablement le risque de complications microvasculaires chez les patients nouvellement diagnostiqués avec un diabète de type 2. Crédit : Issues.fr.com
Des habitudes de sommeil anormales, notamment plus courtes ou plus longues que les 7 à 9 heures optimales, sont liées à des risques accrus de maladies microvasculaires chez les personnes récemment diagnostiquées de diabète de type 2, ce qui suggère la nécessité d’interventions ciblées sur le sommeil.
Une nouvelle étude présentée lors de la réunion annuelle de l'Association européenne pour l'étude du diabète (EASD) de cette année (Madrid, du 9 au 13 septembre) montre que les personnes récemment diagnostiquées avec un diabète et qui ont une durée de sommeil courte ou longue sont plus susceptibles de souffrir d'une maladie microvasculaire (dommages aux petits vaisseaux sanguins), ce qui pourrait à terme entraîner des complications plus graves. L'étude a été réalisée par Mette Johansen et Thomas Olesen, du Steno Diabetes Center Odense, de l'hôpital universitaire d'Odense, à Odense, au Danemark, et leurs collègues.
Détails et méthodologie de l'étude
Les complications microvasculaires, telles que la rétinopathie et la néphropathie, contribuent largement aux complications associées au diabète de type 2 (DT2). De plus en plus de preuves suggèrent que les variations de la durée du sommeil peuvent influencer le risque de développer des complications liées au diabète. Cette étude visait à explorer la relation entre la durée du sommeil et la présence de maladies microvasculaires chez les personnes nouvellement diagnostiquées avec un DT2.
Mesure et classification du sommeil
Pour leur analyse, les auteurs ont utilisé les données de l’étude The Specialist Supervised Individualized Multifactorial Treatment of New Clinically Diagnosed Type 2 Diabetes in General Practice (IDA) – une sous-étude de la cohorte du Centre danois de recherche stratégique sur le diabète de type 2 (DD2).
La durée du sommeil nocturne a été mesurée à l'aide d'accéléromètres Axivity AX3, portés par les participants pendant une période de 10 jours. La durée du sommeil nocturne a été classée en trois catégories : courte (< 7 h), optimale (7 à < 9 h) et longue (9 h ou plus). La maladie microvasculaire (lésions des petits vaisseaux sanguins) a été définie comme un rapport albumine/créatinine urinaire (UACR) ≥ 30 mg/g ou la présence d'une rétinopathie diabétique (RD) évaluée par imagerie rétinienne mydriatique ou ophtalmoscopie.
Résultats sur la durée du sommeil et les risques microvasculaires
La modélisation informatique a ensuite été appliquée en utilisant la durée optimale du sommeil comme groupe de référence ajusté en fonction de l'âge, du sexe, de l'IMC, de la pression artérielle systolique, des habitudes tabagiques, de l'hémoglobine glyquée (HbA1c – un marqueur du contrôle de la glycémie), de la durée du diabète et du traitement antihypertenseur, et utilisée pour estimer les rapports de cotes (RC) entre les groupes de durée de sommeil.
Au total, 396 participants ont bénéficié de mesures valides de la durée du sommeil, de mesures de l'UACR et d'examens oculaires. L'âge médian était de 62 ans avec une durée moyenne du diabète de 3,5 ans, et 175 étaient des femmes (44 %). La cohorte était principalement composée de personnes en surpoids, avec un IMC médian de 31 (dans la fourchette de l'obésité), et 68 % (n = 285) prenaient des médicaments antihypertenseurs.
Français La répartition de la durée du sommeil était de 12 % (n = 49) pour une durée de sommeil courte, 60 % (n = 238) pour une durée de sommeil optimale et 28 % (n = 109) pour une durée de sommeil longue. La prévalence des lésions microvasculaires était respectivement de 38 %, 18 % et 31 % dans les groupes de durée de sommeil courte, optimale et longue. Une durée de sommeil courte était significativement associée à un risque 2,6 fois plus élevé de maladie microvasculaire par rapport à une durée de sommeil optimale. De même, une durée de sommeil longue était indépendamment associée à un risque 2,3 fois plus élevé de maladie microvasculaire par rapport à une durée de sommeil optimale.
Conclusion et implications pour la recherche future
De plus, l’association entre une courte durée de sommeil et une maladie microvasculaire était accentuée par l’âge. Il est intéressant de noter que chez les participants âgés de moins de 62 ans, une courte durée de sommeil n’augmentait le risque de lésions microvasculaires que de 23 % par rapport à une durée de sommeil optimale ; en revanche, chez les participants âgés de 62 ans et plus, une courte durée de sommeil était associée à un risque 5,7 fois plus élevé de lésions des petits vaisseaux sanguins par rapport à une durée de sommeil optimale. L’effet de l’âge sur la relation entre une longue durée de sommeil et une maladie microvasculaire n’était pas statistiquement significatif.
Les auteurs concluent : « Chez les patients récemment diagnostiqués avec un diabète de type 2, les durées de sommeil courtes et longues sont associées à une prévalence plus élevée de maladies microvasculaires par rapport à la durée optimale du sommeil la nuit. L’âge amplifie l’association entre la courte durée du sommeil et les maladies microvasculaires, ce qui suggère une vulnérabilité accrue chez les personnes âgées. »
Ils ajoutent : « Les changements de style de vie chez les patients atteints de diabète de type 2 peuvent inclure des interventions sur le sommeil. Cependant, des études supplémentaires sont nécessaires pour établir le rôle de la durée et de la qualité du sommeil chez ces patients. »