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Bientôt des « émeutes de la faim » en Seine-Saint-Denis ?

En Seine-Saint-Denis, les élus comme le Préfet craignent des « émeutes de la faim ». La situation économique et sociale dans le département continue d’empirer tandis que les maires et députés demandent plus de moyens pour aider les familles.

Un article publié dans Le Canard enchaîné évoque un échange de mails entre le préfet de la région Ile-de-France, Michel Cadot, et le préfet de Seine-Saint-Denis Georges-François Leclerc. Ce dernier explique dans un courrier électronique craindre « des émeutes de la faim » et s’inquiète « d’un risque alimentaire » menaçant les foyers les plus précaires.

«Nous comptons entre 15.000 et 20.000 personnes qui, entre les bidonvilles, les hébergements d’urgence et les foyers de travailleurs migrants, vont avoir du mal à se nourrir». «L’économie souterraine, de rapine, l’uber-économie et l’effondrement de l’intérim ont provoqué une baisse importante et brutale des revenus des précaires de Seine-Saint-Denis», constatait également le préfet. Avant de conclure : «Ce qui était jouable sur un mois de confinement ne le sera pas sur deux».

Les propos du préfet du 93, département le plus pauvre de France Métropolitaine, ne font que confirmer ce que tout le monde craint sur le terrain. Le journaliste de LCI, William Moliné, a relaté le 7 avril sur Twitter un échange avec un policier exerçant ses fonctions en Seine-Saint-Denis.

«Ne pas sous-estimer le risque d’émeutes de la faim. Des familles nourrissent leurs enfants habituellement pris en charge dans les cantines. Ça paraît dingue, mais ça les met dans une difficulté financière que les autorités peinent à imaginer», lui expliquait alors le fonctionnaire.

De la député du 93, Clémentine Autin, au président du département, Stéphane Troussel, tous demandent à l’Etat plus de moyens pour faire face à cette vague inédite de précarité. Selon le maire communiste de La Courneuve, Gilles Poux, «Nous ne sommes pas à l’abri d’une explosion».

«La petite économie qui permet aux familles de garder la tête légèrement hors de l’eau s’est effondrée. Je parle de l’intérim, de l’aide à domicile, des coups de main à droite à gauche, des petits boulots pas forcément déclarés (…) Toutes ces petites ressources ont complètement disparu», détaille-t-il.

Face à cette situation, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures notamment une aide exceptionnelle pour 4,1 millions de foyers à travers la France. A cela se rajoute, 39 millions d’euros supplémentaires pour l’aide alimentaire aux plus modestes. En Seine-Saint-Denis, le département avait annoncé la mise en place d’une aide exceptionnelle de 60 euros pour 25.000 collégiens. A Bobigny, les loyers d’avril ont été carrément annulés par le bailleur social.

En 2017, la Seine-Saint-Denis avait un taux de pauvreté de 28% soit le double du niveau national. La crise économique inédite que connaît la France pourrait aggraver une situation déjà extrêmement tendue.

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