in

Au-delà des conventions : le mystère derrière notre volonté de créativité

How Our Tastes Influence Our Creativity

Le processus créatif implique deux phases clés : générer de nouvelles idées et évaluer leur potentiel, et cette évaluation semble être subjective, variant d’un individu à l’autre en fonction de facteurs tels que l’expérience, la personnalité et l’environnement. Des chercheurs de l’Institut du Cerveau de Paris étudient les mécanismes neuroinformatiques de la créativité et visent à comprendre le rôle des préférences individuelles dans la promotion de la créativité, en mettant l’accent sur l’originalité et la pertinence comme deux critères importants dans l’évaluation subjective des idées. Crédit : Institut du Cerveau de Paris

Pourquoi sommes-nous obligés de développer de nouvelles idées au lieu d’adhérer aux techniques et procédures conventionnelles ? Qu’est-ce qui enflamme notre passion de pionnier, même si cela peut nous coûter du temps, des efforts et notre réputation, pouvant aboutir à un profond revers ? Les racines de la créativité sont complexes et nous commençons tout juste à les démêler, la motivation étant un élément essentiel. Cependant, le simple fait de poursuivre un objectif ne permet pas de clarifier pleinement pourquoi nous donnons la priorité à certaines pensées plutôt qu’à d’autres ou si de telles sélections contribuent positivement aux résultats de nos efforts.

« La créativité peut être définie comme la capacité à produire des idées originales et pertinentes dans un contexte donné, pour résoudre un problème ou améliorer une situation. C’est une compétence clé pour s’adapter au changement ou le provoquer », explique Alizée Lopez-Persem, chercheuse en neurosciences cognitives. « Notre équipe s’intéresse aux mécanismes cognitifs qui permettent de produire des idées créatives, en espérant apprendre à les utiliser à bon escient. »

Les chercheurs s’accordent actuellement sur le fait que le processus créatif se compose de deux phases successives : générer de nouvelles idées et évaluer leur potentiel. Mais il leur reste encore à apprendre comment s’effectue cette évaluation et ce qui nous amène à retenir certaines idées plutôt que d’autres. « Nous devons valoriser nos idées pour sélectionner les meilleures, estime Lopez-Persem. Rien n’indique cependant que cette opération corresponde à une évaluation rationnelle et objective dans laquelle on tente d’inhiber nos biais cognitifs pour faire le meilleur choix possible. Nous avons donc voulu savoir comment cette valeur est attribuée et si elle dépend de caractéristiques individuelles.

Objectiver le mouvement intérieur de l’éclosion des idées

Modéliser le processus créatif comme une séquence d’opérations impliquant des réseaux cérébraux distincts ne correspond pas à une conception populaire de la créativité, habituellement représentée comme un élan qui nous saisit, nous transporte et nous dépasse. Au contraire, l’équipe d’Emmanuelle Volle estime que la créativité a trois dimensions fondamentales qui peuvent être modélisées à l’aide d’outils mathématiques : l’exploration, qui s’appuie sur des connaissances personnelles et permet d’imaginer des options possibles ; l’évaluation, qui consiste à jauger les qualités d’une idée ; et la sélection, qui permet de choisir le concept qui sera verbalisé.

Pour comprendre les relations réciproques entre ces trois dimensions, les chercheurs les ont reproduites dans un modèle informatique – qu’ils ont comparé au comportement réel des individus recrutés pour l’étude. Via la plateforme PRISME du Paris Brain Institute, 71 participants ont été invités à passer des tests d’association gratuits, qui consistent à associer des mots de la manière la plus audacieuse possible. Il leur a ensuite été demandé d’évaluer à quel point ces associations d’idées leur plaisaient et si elles leur paraissaient pertinentes et originales.

«Nos résultats indiquent que l’évaluation subjective des idées joue un rôle important dans la créativité», explique Emmanuelle Volle, neurologue. « Nous avons observé une relation entre la vitesse de production de nouvelles idées et le niveau d’appréciation de ces idées par les participants. En d’autres termes, plus l’idée que vous vous apprêtez à formuler vous plaît, plus vite vous y parviendrez. Imaginez par exemple un cuisinier qui compte réaliser une sauce : plus l’association des saveurs le séduit dans son esprit, plus vite il se jettera sur les ingrédients ! Notre autre découverte est que cette évaluation combine deux critères subjectifs : l’originalité et la pertinence.

Quelles préférences individuelles favorisent la créativité ?

L’équipe montre que l’importance de ces deux critères varie selon les individus. « Tout dépend de leur expérience, de leur personnalité, et probablement de leur environnement, ajoute le chercheur. Certains privilégient l’originalité d’une idée plutôt que sa pertinence ; pour d’autres, c’est l’inverse. Cependant, préférer l’originalité ou la pertinence a un rôle dans la pensée créative : nous avons montré que les individus enclins aux idées originales suggèrent des concepts plus inventifs.

Enfin, le modèle de l’équipe a prédit la vitesse et la qualité des propositions créatives des participants en fonction de leurs préférences mesurées lors d’une tâche indépendante. Ces résultats mettent en évidence la nature mécanique de l’impulsion créatrice. Ils pointent également la possibilité, à long terme, de décrire précisément les mécanismes de la créativité au niveau neuroinformatique et de les corréler à leur substrat neuronal… remettant en question le stéréotype selon lequel la pensée créatrice est un processus mystérieux sur lequel nous n’avons aucun contrôle.

« À l’avenir, nous souhaitons définir différents profils de créativité liés aux domaines d’activité des personnes. Avez-vous des préférences créatives différentes si vous êtes architecte, ingénieur logiciel, illustrateur ou technicien ? ajoute Alizée Lopez-Persem. Quels environnements favorisent la créativité et lesquels la freinent ? Pourrions-nous modifier ou rééduquer notre profil créatif à travers des exercices cognitifs en fonction de nos ambitions ou de nos besoins personnels ? Toutes ces questions restent ouvertes, mais nous avons la ferme intention d’y répondre.

Pulsar Art Concept

Les mystères du pulsar dévoilés : des impulsions « naines » sans précédent découvertes avec le télescope FAST

Array With Electrical Stimuli

Imitant l’esprit : le matériau quantique présente un comportement « non local » semblable à celui du cerveau