Le Vietnam et les États-Unis sont enfin parvenus à un nouveau niveau supérieur de relations bilatérales après un voyage long et difficile à travers une histoire complexe de conflits et de coopération. Afin de renforcer les intérêts stratégiques de paix, de stabilité et de prospérité des deux parties et de promouvoir un ordre international fondé sur des règles, le président Joe Biden et le secrétaire général Nguyen Phu Trong sont parvenus à un accord historique visant à améliorer les relations bilatérales entre les deux pays. visite de deux jours du président Biden à Hanoï les 10 et 11 septembre.
Suite à la conclusion de l’accord, afin de mettre en œuvre l’accord nouvellement conclu, le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh devrait rencontrer divers responsables fédéraux et locaux américains à Washington DC et à San Francisco lors de son voyage aux États-Unis plus tard ce mois-ci. les réunions de haut niveau de la 78e session de l’Assemblée générale à New York.
Certains pensent que la menace chinoise, en particulier les actions affirmées de Pékin en mer de Chine méridionale, pourraient expliquer en partie le rapprochement des États-Unis et du Vietnam. Cependant, la véritable feuille de route pour développer les relations entre Hanoï et Washington remonte à 50 ans, après le départ des derniers soldats américains du Vietnam. La méfiance et l’hostilité entre les deux partis étaient difficiles à surmonter. L’évolution des relations avec l’Amérique a obligé Hanoï à adopter une « nouvelle pensée » ou une « rénovation » dans les années 1980. Le Vietnam a déployé de nouveaux efforts pour diversifier son économie et élargir sa zone d’influence diplomatique après la chute de l’Union soviétique.
La majorité des analystes de l’après-guerre du Vietnam s’accordent à dire que l’ouverture du bureau de comptabilité POW/MIA à Hanoï, ainsi que l’aide humanitaire de Washington, ont contribué au dégel des relations entre les deux nations. La décision de l’ancien président Bill Clinton de normaliser les relations en 1995 a été l’une des principales ouvertures. La réconciliation a sans aucun doute été facilitée par diverses méthodes, notamment par des actes spécifiques posés par les deux pays pour réparer les graves cicatrices de la guerre.
Grâce aux efforts du regretté sénateur John McCain, ancien pilote de la Marine et prisonnier de guerre, et du sénateur John Kerry, un autre ancien combattant, le Congrès américain a contribué à renforcer la confiance entre Washington et Hanoï. De plus, le sénateur démocrate du Vermont Patrick Leahy a joué un rôle crucial en faisant approuver par le Congrès une aide aux citoyens vietnamiens blessés par des mines terrestres et des engins explosifs.
Des domaines de coopération potentiels s’ouvrent dans le nouveau cadre relationnel
Peu de pays ont connu un revirement aussi spectaculaire de leurs relations que les États-Unis et le Vietnam. La normalisation a entraîné une énorme croissance des échanges commerciaux entre les deux pays et a été multipliée par plus de 200 depuis lors. En conséquence, davantage d’Américains ont choisi de voyager au Vietnam et ont contribué à alimenter l’industrie touristique naissante avec un nombre croissant d’anciens combattants de la guerre du Vietnam et d’anciens réfugiés « Viet Kieu » et leurs familles. Les écoles et entreprises américaines ont à leur tour attiré des milliers d’étudiants et de jeunes diplômés vietnamiens. Il est utile que le Vietnam, toujours reconnu comme une économie émergente, ait un taux d’alphabétisation de près de 98 %.
L’impressionnante nouvelle Université Fulbright du Vietnam (FUV) située à Hô Chi Minh-Ville constitue un fondement clé de la connexion et du développement éducatifs. Créée en 2016, il s’agit de la première université entièrement indépendante et à but non lucratif du pays et constitue la pierre angulaire du partenariat américano-vietnamien. Cette institution s’inspire des traditions américaines d’enseignement des arts libéraux mais est également ancrée dans la culture et le patrimoine du Vietnam, où j’ai été invité à présenter une conférence sur la mer de Chine méridionale. La mise en œuvre du nouveau cadre relationnel devrait apporter de nombreux avantages aux deux pays dans la plupart des domaines, notamment le développement de l’industrie vietnamienne des semi-conducteurs, la coopération éducative et scientifique, la technologie 5G, l’intelligence artificielle, la modernisation de l’éducation et l’amélioration de la capacité de défense du Vietnam.
Selon un rapport du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), les investissements directs étrangers des États-Unis au Vietnam sont passés de moins d’un milliard de dollars en 2011 à plus de 2,6 milliards de dollars en 2019. En raison de la guerre commerciale avec Pékin, certaines entreprises américaines ont cherché à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement hors de Chine. La proximité du Vietnam avec la Chine, ainsi que son environnement commercial en amélioration, sa main-d’œuvre jeune et hautement qualifiée et son esprit d’entreprise ont contribué à en faire l’un des rares bénéficiaires de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.
L’évolution de la coopération s’étend à la science et à la technologie, comme le montre le Partenariat pour une transition énergétique juste de 15,5 milliards de dollars convenu en 2022. Il apporte des investissements considérables pour aider le Vietnam à atteindre les objectifs ambitieux qu’il s’est fixés de limiter les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, en plafonnant la capacité de production de charbon. et accélérer l’adoption des énergies renouvelables pour qu’elles représentent 47 % de la production d’électricité d’ici 2030. En outre, au cours des cinq dernières années, le soutien de l’USAID a stimulé plus de 300 millions de dollars d’investissement dans des projets solaires et éoliens au Vietnam.
Les États-Unis et le Vietnam ont collaboré sur divers projets de sécurité, tels que l’aide aux garde-côtes vietnamiens ; lutter contre la criminalité transnationale organisée, y compris le trafic d’êtres humains, de drogues et de précurseurs chimiques ainsi que d’animaux sauvages ; lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) ; et renforcer la capacité du Vietnam à rester conscient du domaine maritime pour protéger sa souveraineté.
Le secrétaire général Trong a supervisé toutes les mesures ci-dessus. Les efforts anti-corruption menés par le secrétaire du Parti ont été largement salués par les investisseurs américains et d’autres parties prenantes. Sous sa direction, le Vietnam a fait des progrès notables dans sa position dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Cependant, il est important de reconnaître que des mesures supplémentaires sont nécessaires, car le Vietnam occupe actuellement la 77e place sur 189 pays dans l’indice.
Le Vietnam a défié l’instabilité géopolitique et une économie mondiale turbulente. Le leadership politique du pays se traduit par une augmentation des investissements étrangers, atteignant un niveau record de 22,4 milliards de dollars en 2022. Les résultats du premier trimestre 2023 battent également des records, avec des entrées de 10,13 milliards de dollars et des estimations selon lesquelles elles pourraient atteindre 36 milliards de dollars. milliards d’ici la fin de l’année. Un élément clé de la stratégie vietnamienne consiste à attirer des investissements étrangers de haute technologie et de grande valeur et à contribuer au développement des capacités technologiques du Vietnam.
L’objectif principal est d’améliorer l’administration publique et le climat des affaires du Vietnam afin de créer un environnement politique plus favorable aux investisseurs internationaux.
Investissement américain au Vietnam
Les États-Unis sont devenus une force majeure dans l’implantation d’investissements au Vietnam, avec plus de 52 sociétés multinationales telles qu’Apple, Boeing, Lockheed, Meta et Space X en tête. Ces investissements sont cruciaux pour soutenir l’objectif ambitieux du Vietnam de développer son économie numérique, créant de nouvelles perspectives dans plusieurs secteurs, notamment le streaming vidéo et l’armée. Selon un rapport réalisé conjointement par Google, Bain et Temasek, l’économie numérique du Vietnam devrait atteindre une valeur de plus de 49 milliards de dollars d’ici 2025.
La levée de l’embargo sur les armes d’après-guerre en 2016 a été un autre facteur dans l’évolution des relations entre les deux pays. En conséquence, les États-Unis ont exporté des plates-formes de défense telles que des drones Boeing ScanEagle, plusieurs garde-côtes et au moins 24 bateaux de patrouille vers le Vietnam pour soutenir ses efforts visant à maintenir la stabilité et la paix en mer de Chine méridionale.
Pour l’instant, les avantages du renforcement des liens entre le Vietnam et les États-Unis dépassent largement les inconvénients. La difficulté pour Hanoï est de s’assurer que Washington tienne parole afin de tirer de réels bénéfices de cette alliance stratégique renforcée.
