Alors que les Américains se rendront aux urnes dans quelques jours seulement, la possibilité d’une seconde présidence Trump – et avec elle la possibilité d’une réduction du soutien américain à l’OTAN – se profile. Pourtant, même si la nouvelle administration reste attachée à l’OTAN, les États-Unis ne sont toujours qu’un seul pays, avec des ressources limitées (bien que vastes) et des engagements de défense répartis à travers le monde. Au cours de la dernière décennie, Washington a concentré de plus en plus ses stratégies de défense sur la région Asie-Pacifique, dans un contexte de tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine, mais de nouveaux conflits au Moyen-Orient divisent désormais les attentions. Que ce soit en raison de la présidence Trump ou de contraintes de ressources, tout cela conduit à une question inconfortable pour les planificateurs de défense européens : l’OTAN est-elle prête à affronter la Russie sans un soutien significatif des États-Unis ?
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Occident s’est principalement concentré sur son aide militaire à Kiev plutôt que sur un renforcement plus global des capacités militaires. Même si les budgets de défense ont augmenté dans l’ensemble de l’Alliance, les nouvelles dépenses n’ont pas atteint un niveau susceptible d’améliorer de manière significative la préparation globale (européenne) à un hypothétique conflit avec la Russie – une éventualité dont les analystes craignent qu’elle ne se réalise si l’Ukraine venait à tomber. Par exemple, seuls quelques États de l’OTAN ont rétabli la conscription et tous les membres n’ont pas réussi à développer de manière significative leurs bases industrielles de fabrication de défense. Cela a contraint les dirigeants européens à tenter de restaurer la dissuasion et la défense collectives, sans réarmement européen ni renforcement des capacités de défense. Cette contradiction a conduit certains dirigeants militaires américains à qualifier l’OTAN d’« armée Potemkine ».