La crise du coronavirus aura des conséquences irréversibles sur le monde tel que nous le connaissons. C’est l’opinion de nombreux économistes et notamment l’avis de Patrick Artus, directeur de la recherche et des études de Natixis.
Selon Patrick Artus, la crise du coronavirus provoquera « probablement » le retour à des chaînes de valeur régionales, provoquant la dé-globalisation des économies réelles, une hausse durable des dépenses publiques de santé, d’indemnisation du chômage, de soutien des entreprises et donc la fin des politiques d’austérité.
« La crise du coronavirus a mis en évidence la fragilité des chaînes de valeur mondiales : quand la production s’arrête dans un pays, toute la chaîne est arrêtée. Nous pensons donc qu’il y aura retour à des chaînes de valeur régionales, avec l’avantage d’une fragilité moindre, et d’une diversification des risques ».
Là où elle était préconisée (Europe), l’austérité budgétaire va donc disparaître, et si les dépenses publiques doivent être accrues, il ne sera plus possible de baisser de manière agressive les impôts.
L’économiste prévoit également le retour d’un Etat stratège pour « définir et développer les industries stratégiques » comme celles des énergies renouvelables, de la pharmacie et des nouvelles technologies. Et enfin une protection sociale même aux Etats-Unis.
« Il faut donc s’attendre à des relocalisations de ces industries et au renouveau des politiques industrielles ».
Pour Patrick Artus, tous ces éléments signifient la fin du « capitalisme néo-libéral » qui avait choisi « la globalisation, la réduction du rôle de l’Etat et de la pression fiscale, les privatisations, dans certains pays la faiblesse de la protection sociale ».
« Nous l’avons vu, la crise du coronavirus va amener à remettre en cause tous ces choix du capitalisme néo-libéral : elle annonce bien la fin de cette forme de capitalisme ».
Avec la moitié de la population du monde confinée, les économistes s’attendent à une crise économique plus importante que celle de 2008. Le Ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a même comparé la situation avec la grande dépression de 1929.