Dépendante du tourisme, l’île de Madagascar subit de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire couplées avec celles du changement climatique : la faim. Pourtant, habituée aux inondations, aux cyclones ou aux périodes de sécheresse, l’île vit une situation extrême. Le mélange des deux phénomènes plonge plus d’un million de personnes au bord de la famine.
Une famine galopante à Madagascar
Le patron du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley, s’est récemment rendu sur place et a été choqué par la détresse des habitants. Il a expliqué que « cela ressemblait à ce que vous voyez dans un film d’horreur« .
Afin de leurrer la faim et de survivre, les habitants sont contraints à manger des criquets, des feuilles de cactus voire de la boue, selon un responsable de l’ONU qui pointe la crise climatique comme principale cause de cet enfer, en précisant que Madagascar est le premier pays du monde à connaître la faim en raison du réchauffement de la planète.
Un cocktail irrémédiable
A la crise climatique se conjuguent les relents d’une crise sanitaire irrésolue et une gestion politique déplorable. Pour the Economist, « cette situation résulte d’un cocktail toxique mêlant changement climatique, conséquences de la crise sanitaire et mauvaise gouvernance ».
Les périodes de pluie se font désormais rares ce qui pénalise de plein fouet l’agriculture. La directrice régionale du PAM (Programme Alimentaire Mondial) pour le sud de l’Afrique, Lola Castro, s’est insurgée contre le fait que les habitants ne sont pas responsables du dérèglement climatique et pourtant ce sont eux qui en subissent les conséquences en première ligne. Ce constat ramène à la question des réfugiés climatiques.
En parallèle, le covid a entrainé une diminution du PIB de 4,2% en 2020 accroissant de facto la pauvreté. Le pays est aussi toujours fermé aux touristes alors que ce secteur d’activité fait vivre 1,5 million de personnes.
Cette situation extrême est inquiétante dans la mesure où il n’y a pas de conflits mais le pays demeure dans une instabilité politique constante. L’île Maurice, voisine de Madagascar, a les mêmes caractéristiques : forte dépendance au tourisme et difficultés économiques liées au coronavirus et au changement climatique. Cependant, elle ne dresse pas le même bilan. The Economist pointe du doigt des problèmes de corruption et de sous-investissement régulier dans les infrastructures malgaches.
Les enfants, premières victimes de la faim
Alors que la malnutrition infantile avait diminué, elle a été relancée par la situation actuelle. Elle concerne 47 % des enfants de moins de cinq ans et le constat est encore plus dramatique dans le sud.
Une responsable de l’Unicef s’émeut :
« Les familles les plus pauvres en sont réduites à vendre leurs petites filles en mariage pour limiter le nombre de bouches à nourrir »
Médias et agences humanitaires peinent à sensibiliser sur ce drame car les restrictions liées au covid rendent l’île peu accessible. Cet isolement fait craindre un avenir difficile, la directrice régionale du PAM pour le sud de l’Afrique prédit que « le pire est à venir« .