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Sénégal: Les espoirs démocratiques reposent sur le plus jeune président d'Afrique

cc Bajpaiabhinav, modified, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Senegal_Flag.jpg

Dans une tournure étonnante des événements, le candidat de l'opposition contestataire Bassirou Diomaye Faye est sur le point de devenir président du Sénégal à la suite des résultats des élections du 24 mars. En effet, malgré les difficultés qui ont précédé le vote, notamment les manifestations, le report de la date des élections et les inquiétudes concernant l'intégrité des institutions démocratiques, le pays est prêt pour une transition pacifique du pouvoir.

Le candidat de la coalition au pouvoir, le président Macky Sall, a déjà félicité Faye pour son apparente victoire, suggérant que le Sénégal connaîtra probablement une nouvelle passation de pouvoir en douceur, préservant ainsi sa réputation de stabilité démocratique dans la région. Au-delà de ses propres frontières, le statut de modèle de stabilité du pays est primordial pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.

Considéré comme l'un des candidats les plus controversés du scrutin, Faye, 44 ans, était toujours derrière les barreaux il y a moins de deux semaines, en attente de procès pour des accusations comprenant des insultes contre un magistrat. Après qu'Ousmane Sonko, l'un des alliés de Faye, ait été écarté de la scène électorale, ce dernier a été présenté comme un plan B.

Le projet de retrait du franc CFA, une monnaie largement perçue comme coloniale, occupe une place importante dans le programme politique de Faye. Cela représente un pas supplémentaire vers une dissociation totale des anciens liens du pays avec la France, car Faye soutient que la monnaie profite davantage à l'ancienne puissance coloniale qu'au peuple sénégalais. Au-delà de cela, Faye espère une approche régionale de la réforme monétaire parmi les pays de la CEDEAO, jugeant inutile de « faire cavalier seul ». Dans un autre plan remarquable, l’administration Faye cherchera à renégocier les contrats avec les grandes sociétés pétrolières et gazières qui devraient exploiter les plates-formes offshore plus tard cette année.

De telles politiques « anticoloniales » renforcent encore davantage le caractère de Faye en tant que leader prêt à guider une jeune population à travers un vent de changement. La plupart des Dakarois interrogés par France 24 ont déclaré qu'ils étaient « désespérés de changer », car la question du chômage reste au premier plan des préoccupations à travers le pays. Pourtant, la vision de Faye peut également être considérée comme une menace potentielle pour les flux d’investissements. Les données du FMI suggèrent que le pétrole et le gaz pourraient stimuler la croissance du PIB du Sénégal à deux chiffres avant 2025. Malgré cela, M. Faye souligne la nécessité de négocier des accords sur le gaz, le pétrole, la pêche et la défense pour donner la priorité aux intérêts de la population sénégalaise. Il articule une vision de « souveraineté » et de « changement » plutôt que de maintenir le statu quo, notamment en ce qui concerne les relations avec la France. Des exemples provenant d'autres pays, comme la Côte d'Ivoire, montrent que la poursuite de l'émancipation et le développement économique ne sont pas opposés et que, lorsqu'ils sont menés correctement, ils peuvent constituer une stratégie puissante pour le développement socio-économique d'un pays.

En matière de transfert de pouvoir en douceur, le Sénégal continue d’afficher un bilan positif pour la démocratie africaine, même après des mois de crise politique. Les élections sénégalaises servent de leçon aux partis d’opposition en Afrique. Choisir de boycotter une élection en signe de protestation plutôt que de la contester activement ne donnera pas toujours le résultat souhaité. En outre, cela souligne l’idée selon laquelle aucun individu n’est indispensable. L’ascension de Faye, sorti d’une relative obscurité pour remplacer à la dernière minute l’ancien candidat de l’opposition Ousmane Sonko, illustre cette réalité.

Pour les dirigeants de la junte d’Afrique de l’Ouest, dont certains ont déjà accueilli favorablement la victoire de Faye, cette élection constitue un refus brutal de leur prise du pouvoir par la force. Même si Faye plaide en faveur d’une rupture avec la politique de l’administration sortante, il s’est néanmoins soumis à la volonté du peuple par des moyens démocratiques. Contrairement au colonel Mamadi Doumbouya de Guinée, au capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso ou au général Abdourahamane Tiani du Niger, Faye a respecté le processus électoral. Au Sénégal, le changement transformateur ne s’obtient pas par les armes. Il serait pourtant ambitieux, voire insensé, de suggérer que le Sénégal « montre l’exemple » à ses voisins. Le Burkina Faso, le Niger et le Mali ont leur propre dynamique qui a conduit à la prise du pouvoir par des juntes, ne laissant aucune place au changement démocratique. En résumé, l'étape démocratique du Sénégal nous rappelle avec force qu'il ne faut pas traiter les sous-régions comme des unités géopolitiques uniformes.

Faye prend ses fonctions à un moment critique pour le Sénégal. D’importantes entreprises pétrolières et gazières devraient commencer leur production plus tard cette année, offrant des perspectives de progrès économique et attirant l’attention des acteurs régionaux et mondiaux. Parallèlement, le Sénégal occupe une position délicate au sein d’une région sujette aux coups d’État. En outre, la menace jihadiste persistante reste évidente à travers les arrestations terroristes régulières par les forces militaires sénégalaises, qui ont intensifié leurs patrouilles aux frontières ces dernières années. La stabilité est une monnaie rare et précieuse en Afrique de l’Ouest. L'élection de Faye montre plutôt que, malgré les coups d'État et les conflits politiques dans la région au cours des trois dernières années, le changement peut encore se produire par les urnes.

SciTechDaily

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