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La police canadienne admet utiliser des logiciels espions pour infiltrer les portables et PC

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La police canadienne a reconnu utilisé des logiciels espions pour infiltrer les appareils mobiles et recueillir des données notamment en activant la caméra et le microphone du téléphone ou de l’ordinateur du suspect.

Les logiciels espions pour contrer les messageries cryptées

La Gendarmerie Royale du Canada (GRC) a fourni un document présenté à la Chambre des communes suite à une question d’un député conservateur sur les programmes gouvernementaux qui recueillent des données sur les Canadiens.

La Gendarmerie Royale du Canada se justifie dans le document en mettant en cause l’explosion d’applications de messageries cryptées qui rendrait plus difficile les écoutes validées par un juge dans le cadre d’une enquête. Les forces de l’ordre ont indiqué utiliser ces outils seulement dans les cas les plus graves, lorsque les techniques moins intrusives sont infructueuses

« En moins d’une génération, un grand nombre de Canadiens ont fait migrer leurs communications quotidiennes d’un petit nombre de grands fournisseurs de services de télécommunications, qui offraient tous des services limités et contrôlés de façon centralisée aux clients, vers d’innombrables organisations au Canada et ailleurs qui offrent une myriade de services numériques aux clients », peut-on lire dans le document.

« Cette décentralisation, combinée à l’utilisation généralisée de services de messagerie vocale et textuelle chiffrés de bout en bout, rend exponentiellement plus difficile pour la GRC la surveillance électronique autorisée par le tribunal. »

Entre 2018 et 2020, la GRC affirme avoir déployé cette technologie dans 10 enquêtes indique le média Atlantico.

Les logiciels espions dévoilent toute votre intimité

La GRC définit ces outils comme des programmes informatiques  » installés sur un dispositif informatique ciblé qui permet la collecte de preuves électroniques  » – des logiciels espions, en d’autres termes.

Les policiers peuvent ainsi avoir accès à l’ensemble de données privées d’un suspect notamment des messages texte, des courriels, des photos, des vidéos, des fichiers audio, des entrées de calendrier et des dossiers financiers.

Les enquêteurs peuvent réaliser des « enregistrements audio de communications privées et d’autres sons à portée de l’appareil ciblé » et des « images photographiques de personnes, de lieux et d’activités visibles par la ou les caméras intégrées à l’appareil ciblé », précise le document.

Enfin, la police peut intercepter des messages et d’autres données avant qu’ils ne soient cryptés et envoyés, ou après qu’ils ont été reçus et décryptés. Une façon de contrer les applications comme Signal qui protègent la vie privée de ses utilisateurs.

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Critiques de la société civile contre les logiciels espions utilisés par la police

Ces révélations confirment les inquiétudes de nombreuses associations et experts qui se doutaient de l’utilisation de tels logiciels espions par la police. Le document de la Gendarmerie Royale du Canada fait craindre un contrôle et une intrusion des autorités publiques dans la vie des citoyens.

Les associations de protection de la vie privée et les experts d’Internet souhaitent qu’un débat public soit ouvert afin de mieux cadrer juridiquement les outils utilisés par la police.

« Nous n’avons pas eu de débat public sur l’adoption de ces outils, alors qu’ils sont clairement utilisés au moins par la GRC et potentiellement par d’autres forces de police au Canada », a déclaré Tamir Israel, avocat à la Clinique d’intérêt public et de politique d’Internet du Canada Samuelson-Glushko de l’Université d’Ottawa.

« C’est vraiment, vraiment inquiétant que ce type d’outil intrusif soit déjà utilisé, et que nous n’ayons pas eu ce débat ».

Tamir Israel conteste le point de vue de la police selon lequel elle serait désavantagée en raison du cryptage. L’augmentation de l’empreinte numérique permet aux forces de l’ordre de surveiller la population.

Brenda McPhail, directrice du programme sur la vie privée, la technologie et la surveillance de l’Association canadienne des libertés civiles, a déclaré qu’elle voulait savoir quelles entreprises fournissent ces outils à la police canadienne.

« Beaucoup de ces entreprises ont l’habitude de vendre ces outils intrusifs et dangereux à des gouvernements autoritaires où ils sont finalement utilisés contre des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes et autres », a-t-elle déclaré dans un courriel.

Le scandale du logiciel espion israélien « Pegasus Project » est encore dans les mémoires des spécialistes de la vie privée sur Internet. Des régimes autoritaires avaient utilisé ce logiciel pour pirater des smartphones appartenant à des journalistes et des militants des droits de l’Homme.

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