L’Institut national japonais d’études de défense (NIDS) a récemment publié son « Rapport sur la sécurité chinoise », une évaluation annuelle des capacités et activités militaires croissantes de la Chine dans la région Asie-Pacifique. L’édition de cette année s’intitule La Chine, la Russie et les États-Unis : vers un nouvel ordre international. Elle retrace l’évolution de la dynamique du pouvoir mondial – à savoir les efforts déployés par Washington, Moscou et Pékin pour maintenir ou modifier l’ordre mondial actuel – du point de vue du Japon, et conclut (sans surprise) que les meilleurs intérêts de Tokyo sont servis en s’alignant sur les objectifs des États-Unis. Les enjeux sont décrits comme presque existentiels : « Il n’est pas exagéré de dire que les stratégies des États-Unis, de la Chine et de la Russie pour l’ordre international et leur interaction détermineront l’orientation du futur ordre international », affirme le rapport.
Le Japon se démarque toutefois des États-Unis en reconnaissant la menace immédiate que représente l’axe Chine-Russie, qui a à plusieurs reprises constitué une menace réelle pour l’espace maritime et aérien du Japon. Par exemple, en juin 2021, la Chine et la Russie ont mené des exercices navals conjoints près des eaux japonaises, ce qui a conduit des navires de guerre chinois et russes à traverser le détroit de Tsugaru entre Hokkaido et le continent japonais. De plus, en décembre 2023, des avions militaires chinois et russes ont mené des exercices au-dessus de la mer du Japon et de la mer de Chine orientale, ce qui a incité le Japon à envoyer des avions de chasse en réponse. Puis, en avril de cette année, des navires de guerre chinois et des navires espions russes ont traversé les eaux séparant le Japon et Taïwan.