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La Méditerranée se réchauffe 20% plus vite que le reste de la planète

Méditerranée Maghreb réchauffement climatique

La Méditerranée est la partie du monde qui se réchauffe le plus rapidement après l’Arctique. Selon une synthèse de plusieurs centaines d’études , la situation dans le bassin méditerranéen est plus que jamais préoccupante.

Pour les 500 millions d’habitants du pourtour méditerranéen, la vie pourrait drastiquement changer dans les trente prochaines années. La montée des eaux, l’acidification de la mer, l’augmentation des températures ou encore la désertification des terres sont des scénarios qui pourraient provoquer un véritable cataclysme écologique notamment dans la partie sud.

« En Tunisie aujourd’hui, avec les intrusions d’eau de mer, il n’y a plus aucune nappe souterraine d’eau douce qui ne soit pas salée », assure ainsi Semia Cherif, professeure à l’université El Manar de Tunis, qui est l’une des coordinatrices du premier rapport global sur « Les risques liés aux changements climatiques dans la région Méditerranée », rendu public jeudi 10 octobre, à Barcelone (Espagne).

Selon ce rapport, qui malheureusement n’a pas eu beaucoup d’échos, parmi les vingt villes du monde qui vont subir l’évolution des mers et océans d’ici 2050, plus de la moitié se trouvent autour de la Méditerranée. Le niveau de la mer augmente en moyenne de 3 millimètres par an et elle devient plus chaude de 0,4 °C par décennies depuis 1985.

Contrairement au reste de la planète, la région méditerranéenne se réchauffe beaucoup plus vite, avec une moyenne de 20% plus rapidement que la moyenne mondiale. Depuis l’ère pré-industrielle, la température a augmenté de 1,5 °C et devrait atteindre +2,2 °C en 2040. Les experts évoquent +3,8 °C d’ici 2100 si des mesures immédiates ne sont pas mises en place.

« Les mois des étés les plus frais demain seront plus chauds que les plus caniculaires d’aujourd’hui », note Wolfgang Cramer, professeur d’écologie globale (directeur de recherche CNRS, Aix-Marseille université) et coordinateur du rapport. Avant de glisser sobrement : « C’est assez effrayant. »

La synthèse du rapport, basée sur des contributions de plus de 80 scientifiques de vingt pays, et des centaines d’études, montre un dérèglement climatique extrême. La région sera touchée par une chute de la biodiversité, de la disparition de terres agricoles, de l’augmentation du nombre d’incendies ou encore de la montée des eaux.

Les responsables politiques de l’Union pour la Méditerranée avaient commandé ce rapport afin de mieux cerner l’impact du réchauffement climatique dans la région. Les conclusions sont extrêmement préoccupantes et ont fait réagir certains d’entre eux.

« En tant que diplomate généraliste, je suis frappé d’apprendre que la Méditerranée est la deuxième région du monde la plus impactée après l’Arctique, résume l’Egyptien Nasser Kamel, secrétaire général de l’UPM. Je comprends bien que l’état de l’Arctique est important pour la planète, mais nous, nous sommes 500 millions autour de ce petit lac… »

Et les problèmes ne s’arrêtent pas là puisque selon les experts, la baisse de la disponibilité de l’eau douce devrait être comprise entre -2 et -15% pour une hausse de 2 °C, soit l’une des plus fortes du monde.

En 2040, près de 250 millions de personnes devraient être « pauvres en eau », soit posséder moins de 1 000 mètres cubes par an, contre 180 millions en 2013.

« Au rythme où son eau s’évapore actuellement, le barrage Kasseb, un réservoir de 437 hectares en Tunisie, sera vide en 2085 », annonce Semia Cherif.

« Impossible de dresser la liste des impacts, il y en a trop ! Il serait plus juste de parler d’effet domino avec des conséquences en cascade qui s’amplifient les unes les autres, prévient-elle. Ainsi nous mangeons du pain, du couscous, des pâtes. Or, à chaque degré de réchauffement, la production de blé va baisser de 7,5 %. Avec 5 °C de plus, comme le prévoit le pire des scénarios du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, les récoltes chuteront de 37,5 %. »

L’ONU prévoit en 2050 l’exode d’un milliard de réfugiés climatiques à travers le monde. Asiatiques, africains ou encore populations du Moyen-Orient, la vie dans une grande partie du globe va devenir compliquée voire impossible.

Les scientifiques continuent de produire des rapports inquiétants qui ne sont pas suffisamment exposés à la population. L’action de Greta Thunberg ou d’une organisation comme Extinction Rebellion est pointée du doigt alors que les militants écologistes ne font que nous exhorter à réagir face à la catastrophe qui nous attend.

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