Alors que la panique tactique et stratégique est palpable chez tous les acteurs clés, le Moyen-Orient est plongé dans un profond désarroi. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le chef du Hamas Yahya Sinwar, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah et les dirigeants des États-Unis et de l’Iran sont tous en proie à l’indécision et au manque de courage. Malgré l’escalade des tensions, aucun d’entre eux n’a fait preuve du courage et de la sagesse nécessaires pour aborder et résoudre les crises profondes qui engloutissent le Moyen-Orient. Chaque dirigeant, campé sur ses positions, semble plus intéressé par le maintien du pouvoir que par la recherche de la paix. C’est un spectacle troublant d’occasions manquées et de tensions croissantes, où la quête d’une solution reste aussi difficile que jamais. Les troubles actuels soulignent le besoin urgent de dirigeants capables de transcender leurs positions bien ancrées et d’envisager un avenir sans conflit perpétuel.
Le mois dernier, dans une démonstration de belligérance flagrante, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a menacé Chypre d'une attaque si elle autorisait l'implantation de bases militaires israéliennes sur son sol. Cette île méditerranéenne, membre de l'Union européenne, a reçu un soutien rapide et sans équivoque de Bruxelles, qui a averti qu'une menace contre un État membre était une menace pour l'ensemble du bloc. Pendant ce temps, les médias pro-Hezbollah se sont délectés de l'inquiétude mondiale alimentée par la rhétorique incendiaire de Nasrallah, suggérant l'imminence d'une guerre régionale. Les provocations de Nasrallah ont eu lieu après qu'Israël a annoncé qu'il avait donné son feu vert à des plans opérationnels pour une offensive au Liban. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, a souligné qu'une guerre à grande échelle signifierait la destruction du Hezbollah.
L’évolution future des tensions entre Israël et le Hezbollah dépend des négociations en cours, avec la médiation de Washington. Amos Hochstein, l’envoyé américain, a réussi à régler les différends non seulement entre le Liban et Israël, mais aussi entre le Hezbollah et Israël. Hochstein a tenté d’utiliser le président du Parlement, Nabih Berri, comme intermédiaire entre l’administration Biden et le Hezbollah. Bien que Washington ait qualifié le Hezbollah d’organisation « terroriste », l’engagement de l’administration Biden reflète une tentative d’éviter une guerre entre le Liban et Israël. Au cœur de ces efforts diplomatiques se trouve une proposition qui verrait le Hezbollah se retirer derrière le fleuve Litani, établissant une zone tampon qui séparerait le groupe militant de l’armée israélienne, réduisant ainsi le risque d’une confrontation militaire directe. Le pragmatisme de « l’approche Hochstein » en matière de diplomatie reconnaît essentiellement que le Hezbollah détient plus de pouvoir que l’État libanais, reléguant la souveraineté libanaise au second plan.
De l’autre côté, le Premier ministre israélien Netanyahou et ses proches collaborateurs sont déterminés à remporter la victoire à tout prix. Malgré le lourd bilan civil à Gaza et l’échec de la capture du chef du Hamas Yahya Sinwar, de fortes rumeurs circulent désormais sur une éventuelle opération visant à démanteler le Hezbollah. La position de l’administration Biden est sans équivoque : elle ne fera pas pression sur Israël pour qu’il arrête si Hassan Nasrallah, du Hezbollah, rejette les ouvertures diplomatiques d’Amos Hochstein. Le rôle de l’Iran dans cette équation volatile est complexe. Il pourrait potentiellement empêcher une guerre à grande échelle entre le Hezbollah et Israël. Cependant, l’Iran est actuellement empêtré dans ses propres problèmes intérieurs après les élections présidentielles. Ce bouleversement politique, marqué par d’intenses luttes de pouvoir et de profondes divisions internes, pourrait empêcher l’Iran de s’engager dans un conflit avec Israël à ce stade. Au contraire, Téhéran préférerait actuellement éloigner ses factions syrienne et irakienne d’un conflit à grande échelle pour préserver ses réseaux transrégionaux cruciaux. L’Irak revêt une importance stratégique plus grande pour l’Iran que le Hezbollah, et Téhéran ne souhaite pas le mettre en danger dans un conflit au Sud-Liban. Téhéran cherche apparemment à s’isoler du conflit, n’ayant aucune intention de s’engager dans la reconstruction, à l’image de sa position après 2006. Alors que l’Iran se concentrait sur le réarmement du Hezbollah, ce sont les États arabes qui ont investi des milliards dans la reconstruction du Liban. Cette fois, Beyrouth ne doit pas s’attendre à une telle récompense. Les manœuvres stratégiques de Téhéran mettent en évidence ses priorités et l’équilibre délicat qu’il cherche à maintenir dans la région.
Alors que les tensions s’intensifient à la frontière entre le Liban et Israël, les experts prédisent une confrontation à grande échelle inévitable entre Israël et le Hezbollah. En prévision de cette situation, Israël a autorisé l’appel à 350 000 réservistes, signalant sa préparation à une action militaire vigoureuse. Le lieutenant-général Herzi Halevi, le chef de l’armée israélienne, a récemment mis en garde contre une décision imminente en réponse aux attaques continues du Hezbollah dans le nord d’Israël, un sentiment repris par le Premier ministre Netanyahu, qui a affirmé qu’Israël était prêt à prendre des mesures décisives dans le nord. Jouant initialement un rôle de soutien dans le conflit de Gaza, le Hezbollah a intensifié ses provocations le long de la frontière, entraînant des déplacements massifs de résidents israéliens. Les affrontements ont également eu des conséquences néfastes sur le Hezbollah, des rapports faisant état de pertes importantes parmi ses combattants et ses commandants. Alors que les tensions s’intensifient, la région se prépare à une éventuelle escalade, mettant en évidence la précarité de la dynamique sécuritaire en jeu. La position de Washington ne se limite pas à exhorter Israël à accepter les conditions de Nasrallah : le Hezbollah cessera ses attaques si Israël met fin à son conflit à Gaza, comme l'a réitéré Nasrallah récemment. Cette approche risque d'accorder à Nasrallah une influence indue sur les relations israélo-palestiniennes, une inquiétude amplifiée par les exigences du Liban. L'administration Biden manque de stratégies claires au-delà de conseiller à Israël de mettre un terme à son offensive dans le sud pour empêcher un conflit plus large dans le nord. Cela contraste avec l'approche traditionnelle de la « force tranquille » de la diplomatie.
Malgré une rhétorique dure contre l’Iran et ses milices, la position dissuasive de Washington semble incertaine. Nasrallah pourrait interpréter l’indécision et l’ambiguïté de l’administration Biden – qui privilégie peut-être la réélection nationale au détriment de la stabilité au Moyen-Orient – comme une tolérance envers les provocations du Hezbollah contre Israël et peut-être maintenant contre l’Europe. Après neuf mois de guerre, Téhéran semble convaincu qu’en cas de conflit ouvert, Israël porterait un coup fatal au Hezbollah, son principal allié. Pour Nasrallah, les combats prolongés imposent une pression immense, ce qui rend un cessez-le-feu à Gaza de plus en plus attrayant, même si cela signifie qu’Israël arrête unilatéralement sa campagne. Si un cessez-le-feu général était négocié, Nasrallah s’y conformerait probablement pour éviter une nouvelle escalade. Ce scénario repose sur une position commune israélo-américaine. Israël déclarerait que si le Hezbollah ne se retire pas, il déclenchera une guerre totale, les États-Unis fournissant des armes, des renseignements et le soutien du Conseil de sécurité. Israël va sans doute rassembler des forces importantes au Nord pour faire pression sur Nasrallah et Téhéran afin qu’ils se retirent, comme lors de l’épisode de 2006. Cependant, le succès de cette manœuvre dépendra de l’entente entre Netanyahu et Biden, tous deux confrontés actuellement à des défis sur leur front intérieur.