L’Algérie connait depuis de février 2019 une instabilité politique inédite. Les manifestations du peuple ont permis la chute du président malade Abdelaziz Bouteflika et de ses proches. Depuis, la population continue de sortir dans la rue pour demander des élections anticipées sans la mainmise de l’armée, acteur politique historique.
Comme si cette crise politique n’était pas suffisante, le pouvoir vient d’annoncer un nouveau projet de loi sur les hydrocarbures qui pourrait favoriser les multinationales étrangères. Les hydrocarbures représentent plus de 95% des recettes extérieures du pays et contribuent à 60% du budget de l’Etat.
« L’Etat va donner au concessionnaire une parcelle de terrain sur laquelle tout ce qu’il y découvrira, lui appartiendra », explique le consultant Hocine Malti, ancien vice-président du groupe pétrolier public Sonatrach. Le concessionnaire « deviendra donc propriétaire des réserves que contient le gisement et non pas des quantités produites uniquement », explique-t-il.
Selon Ali Kefaifi, ancien responsable au sein du ministère de l’énergie, la société étrangère pourra considérer le pétrole comme sa propriété.
« Le remboursement des coûts et le partage des profits seront sous le contrôle direct de la société pétrolière concessionnaire », assure-t-il.
Les manifestations à travers le pays n’ont pas empêcher le gouvernement d’adopter le projet de loi en conseil des ministres. La tension est à son comble dans un pays où le pétrole et le gaz représentent les seules perspectives de croissance.
« Faites savoir au peuple algérien que les politiques ont vendu les biens de notre pays et des générations futures, de nos enfants et de nos petits-enfants. Ils jouent avec l’Algérie », s’insurge un manifestant
« Traîtres, vous avez vendu le pays ! »
A deux mois de nouvelles élections présidentielles, l’Algérie semble plus que jamais au bord de l’implosion. Les caisses du pays sont vides et une « crise économique est imminente ». Selon les experts, le pays a besoin d’un baril à 116 dollars pour équilibrer son budget, or il est actuellement autour de 60 dollars.
Depuis la baisse du prix du pétrole, les réserves de change fondent à vitesse grand V. En 2014, le pays en possédait 200 milliards pour finir à 60 milliards en 2019. A l’image du Vénézuela, l’Algérie pourrait se retrouver en cessation de paiements à l’horizon 2021.