La Turquie a annoncé lancer de nouvelles recherches d’hydrocarbures au sud et à l’Est de l’île grecque de Kastellorizo malgré les menaces de la Grèce.
Selon les médias grecs, le navire de forage turc « Oruc Reis » va commencer sa mission de prospection d’hydrocarbures dans une zone contestée entre les deux pays. Dans le même temps, dix-sept navires de guerre turcs auraient quitté la base navale d’Aksaz à Physkos. L’armée grecque a été mise en état d’alerte et le chef de l’état-major général de la défense nationale hellénique (GEETHA), Konstantinos Floros, a écourté sa visite à Chypre pour revenir d’urgence. Les militaires grecs qui avaient l’intention de prendre un congé ont vu leur permis et demande suspendu.
Toujours selon les médias grecs, un couple de F-16 de l’armée de l’air turque a survolé les îles grecques de l’archipel de Kastellorizo avant d’être intercepté par des F-16 de l’armée de l’air hellénique.
Dans le même temps, le navire de forage «Oruc Reis» se prépare à mettre le cap sur l’île grecque de Kastellorizo après que la Turquie a émis un NAVTEX avec les coordonnées de forage. Une provocation pour Athènes qui accuse Ankara de violer son espace maritime.
Pour le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, l’Union européenne devrait sanctionner la Turquie qui « continue de contester la souveraineté grecque ».
«Nous appelons la Turquie à mettre immédiatement fin à ces actions illégales qui violent nos droits souverains et sapent la paix et la sécurité dans la région», indique le communiqué du ministère. […] Remettre en question les droits souverains de la Grèce et de Chypre, c’est remettre en question les droits souverains de l’Europe ».
La Turquie accuse la Grèce de « revendications maximalistes »
Du côté turc, la Grèce est accusée d’avoir des « revendications du plateau continental maximaliste » « fondées sur des îles éloignées de son continent et contraires au droit international, aux précédents juridiques et aux décisions de justice ».
« L’argument selon lequel une île de dix kilomètres carrés, située à seulement deux kilomètres de l’Anatolie et à cinq cent quatre-vingts kilomètres du continent grec, devrait générer une zone de plateau continental de quarante mille kilomètres carrés n’est ni rationnel ni conforme au droit international. Nous rejetons donc naturellement ces affirmations injustifiées de la Grèce », indique le communiqué du Ministère des Affaires Etrangères turc.
Le ministère a également réitéré ses appels au dialogue et déclaré que la Turquie continuerait à protéger ses droits et ses intérêts conformément au droit international.
Zones maritimes contestées et jeu d’alliances
Ankara accuse ses voisins grecs, chypriotes et égyptiens de vouloir l’enfermer dans un espace maritime restreint alors qu’elle possède le plus long littoral de la Méditerranée. Fin 2019, un accord sur l’accès de la Turquie aux ressources énergétiques en Méditerranée en échange de garanties sécuritaires et militaires pour la Libye a été signé entre Ankara et Tripoli. La Grèce et l’Union Européenne ont rejeté cet accord qui empêche la mise en place d’une zone de forage exclusive organisée par la Grèce, la République de Chypre, l’Egypte et Israël dans la Méditerranéenne orientale.
L’Union Européenne a tout intérêt à soutenir la Grèce afin d’espérer profiter de ce nouveau bassin offshore qui permettrait une diminution de sa dépendance énergétique envers la Russie ou remplacerait les réserves sous-marines de pétrole en mer du Nord dont la production diminue.
La Turquie et la Grèce se lancent dans un rapport de force dangereux en Méditerranée. Dans le même temps en Libye, l’Egypte se prépare à intervenir militairement contre le Gouvernement d’Union Nationale libyen (GNA), soutenu par la Turquie et reconnu par l’ONU. Les réserves pétrolières dans la Méditerranéenne orientale et en Libye ont transformé la région en véritable poudrière où les intérêts économiques et géostratégiques de chacun des belligérants s’opposent. Un conflit entre grandes puissances militaires régionales n’est plus à exclure désormais.