Une étude récente suggère que l’impact sur la santé de la pollution atmosphérique causée par les combustibles fossiles est bien plus important qu’on ne le pensait auparavant. L’élimination de l’utilisation des combustibles fossiles pourrait conduire à des améliorations majeures en matière de santé publique.
La pollution atmosphérique reste un risque important pour la santé publique, avec des estimations variables de son impact sur la mortalité en raison des différences dans la manière dont les études mesurent les relations exposition-réponse et les types de décès pris en compte. De plus, peu d’études à l’échelle mondiale ont établi un lien entre la mortalité et des sources spécifiques de pollution atmosphérique.
Dans des recherches récentes, une équipe dirigée par Jos Lelieveld et Andrea Pozzer de l’Institut Max Planck de chimie, ainsi qu’Andy Haines de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, ont exploré les effets de l’élimination progressive des combustibles fossiles sur les maladies spécifiques et mortalité globale, en se concentrant particulièrement sur les changements associés dans les niveaux de pollution atmosphérique.
Les chercheurs constatent que la majeure partie (52 %) du fardeau de la mortalité est liée à des affections cardiométaboliques, en particulier aux cardiopathies ischémiques pouvant provoquer des crises cardiaques (30 %). Les accidents vasculaires cérébraux et les maladies pulmonaires obstructives chroniques représentent tous deux environ 16 %. Environ 20 % sont indéfinis, l’hypertension artérielle, le diabète sucré et les maladies neurodégénératives étant éventuellement impliqués.
« Nous estimons que 5,13 millions de décès supplémentaires par an dans le monde sont imputables à la pollution de l’air ambiant due à l’utilisation de combustibles fossiles et pourraient donc potentiellement être évités en supprimant progressivement les combustibles fossiles », déclare le chimiste atmosphérique Jos Lelieveld, directeur de l’Institut Max Planck de chimie. « Cela correspond à 82 % du nombre maximum de décès dus à la pollution atmosphérique qui pourraient être évités en contrôlant toutes les émissions anthropiques ».
Les nouveaux résultats ont été obtenus en appliquant un nouveau modèle de risque relatif qui optimise la relation exposition-réponse sur toute la gamme mondiale de niveaux d’exposition ambiants. De plus, les estimations de la mortalité par cause et toutes causes confondues, dues à une exposition à long terme aux particules (PM2,5) et à l’ozone (O3), sont attribuées aux sources de pollution dans cette étude.
Conception de l’étude : la méthode de modélisation atmosphérique distingue les catégories de sources
Les scientifiques ont développé une méthode de modélisation atmosphérique mondiale, limitée par les données, pour calculer les polluants atmosphériques gazeux et particulaires et les ont attribués à des catégories de sources. Le modèle atmosphérique a été utilisé pour calculer les changements fractionnaires des PM2,5 liés aux secteurs d’émission sur la base de simulations informatiques dans lesquelles les catégories de sources ont été séquentiellement désactivées.
« Les changements fractionnaires calculés par notre modèle ont ensuite été appliqués aux données d’observation à haute résolution sur la pollution particulaire pour déterminer les réductions d’exposition selon quatre scénarios d’émission », explique Andrea Pozzer. Le premier scénario suppose que toutes les sources d’émissions liées aux combustibles fossiles soient progressivement éliminées. Les deuxième et troisième scénarios, « quart de chemin » et « à mi-chemin », supposent que 25 pour cent et 50 pour cent de la réduction de l’exposition vers l’élimination progressive des combustibles fossiles sont réalisés, respectivement. Enfin, la quatrième supprime toutes les sources anthropiques à titre de référence, ne prenant ainsi en compte que les sources naturelles telles que les poussières éoliennes, les émissions de la biosphère marine et terrestre et les incendies de forêt naturels. Étant donné que les réponses ne sont pas fortement non linéaires, l’équipe de scientifiques conclut que les réductions des émissions liées aux combustibles fossiles à tous les niveaux de pollution atmosphérique peuvent réduire considérablement le nombre de décès imputables.
« La pollution de l’air ambiant ne serait plus un facteur de risque majeur pour la santé environnementale si l’utilisation de combustibles fossiles était remplacée par un accès équitable à des sources propres d’énergie renouvelable », souligne l’épidémiologiste Andy Haines de la London School of Hygiene & Tropical Medicine. « Cette étude fournit de nouvelles preuves pour motiver une élimination rapide des combustibles fossiles ». L’élimination progressive des combustibles fossiles constitue une intervention remarquablement efficace pour améliorer la santé et sauver des vies, ainsi qu’un rapport coût/bénéfice majeur pour l’objectif de neutralité climatique des Nations Unies d’ici 2050.