La France est accusée d’avoir conduit des migrants, dans une embarcation dangereuse, au milieu de la Manche, vers les eaux britanniques et de les avoir abandonnés.
Un journaliste de The Telegragh accuse la marine française d’avoir conduit une embarcation comprenant seize migrants afghans dont quatre femmes et deux enfants vers les eaux britanniques alors que les passagers se trouvaient à l’intérieur des eaux territoriales françaises.
Jamie Johnson, journaliste pour The telegraph, a vu la scène se déroulant mercredi matin peu après 7 heures alors qu’il était en poste sur un bateau de pêche et a témoigné:
« J’ai vu la marine française escorter un bateau, comportant seize migrants, jusqu’aux eaux britanniques et l’abonner. En dépit des promesses que les Français et les Anglais se sont fait de travailler main dans la main, le navire commençait à prendre l’eau et avait besoin d’être secouru ».
Les migrants luttaient contre le vent dans un bateau gonflable bien trop chargé et avaient besoin d’aide, aide qui aurait dû être apportée par la marine française qui a préféré leur fausser compagnie bien rapidement.
Les Français sont accusés depuis longtemps d’adopter ce genre de pratique mais aucun journaliste jusqu’à présent n’en avait été témoin.
Au cours des 90 minutes qui ont suivi, alors que le soleil commençait à percer à travers les nuages, j’ai vu la Marine française envoyer son propre petit bateau, offrant d’abord aux migrants des bouteilles d’eau et des gilets de sauvetage, avant de se diriger vers la Grande-Bretagne et de demander aux migrants de les suivre, explique Jamie Johnson.
Et puis, au milieu de la voie maritime la plus fréquentée du monde, sans même une vague d’adieu, ils ont été laissés livrés à eux-mêmes, poursuit le journaliste.
Des promesses non tenues
Malgré les promesses répétées du président français, du ministre de l’intérieur et d’autres hauts fonctionnaires, il n’y a eu aucune preuve de coopération avec les autorités britanniques.
Il y a moins de dix jours, le président français Emmanuel Macron s’est engagé à « intensifier » la coopération avec le Royaume-Uni « contre les passeurs de migrants », tandis que le Premier ministre Boris Johnson « a déclaré que l’objectif du Royaume-Uni est de mettre fin aux opérations de contrebande et d’empêcher les bateaux d’arriver sur nos côtes. »
Le couple « a convenu de travailler ensemble dans un esprit de coopération pour résoudre ce problème ».
Cependant, mercredi matin, les bateaux français ont simplement décollé sans aucun signe de la présence de la Force frontalière britannique dans la zone, et le groupe épuisé a continué sa route, son bateau étant acculé par une houle croissante. Les passagers de l’embarcation de fortune étaient terrifiés et se démenaient pour survivre.
Le Ministère de l’Intérieur dit que les garde-côtes locaux avaient été mis au courant de l’existence de la petite embarcation, mais le capitaine du petit bateau de pêche qui hébergeait le journaliste du Telegraph est entré en contact par radio avec les autorités compétentes et rien n’avait été signalé.
Notre bateau était le seul à moins d’un kilomètre et demi du groupe, et on nous a demandés de rester avec le bateau en détresse.
Pendant 40 minutes, ils se sont abrités sur un côté de notre bateau, à l’abri de la houle, rapporte Jamie Johnson.
Le journaliste poursuit : « La petite embarcation s’est enfoncée dans l’eau, sans capitaine, sans carte et sans savoir jusqu’où ils devaient aller avant de toucher terre. Jusqu’à ce qu’un patrouilleur côtier de la Force frontalière apparaisse au loin, il semblait que nous devions les sauver nous-mêmes. »
Il a donc fallu que, malgré les avions d’observation, les drones et la surveillance renforcée, ce soit un bateau de pêche qui alerte les autorités britanniques des conditions déplorables en mer.
Les migrants ont ensuite été sauvés et emmenés sur la côte, enveloppés dans des couvertures de papier d’aluminium. Un drone, lancé depuis l’aéroport de Lydd, tournoyait au-dessus du groupe.
Ils auraient coulé si nous n’avions pas été là », a déclaré le capitaine, qui ne veut pas être identifié.
« Ce que les Français ont fait est une honte. »
La première règle de la mer est de protéger les vies. Hier, elles auraient bien pu être perdues.
En réponse, les autorités françaises ont déclaré au Telegraph :
« L’action des autorités maritimes est centrée sur la sauvegarde de la vie humaine et la sécurité de la navigation en Manche ». En poursuivant, « La priorité est d’assister et de secourir chacun des bateaux. Toutefois, compte tenu du nombre de bateaux qui tentent de traverser la Manche, les moyens étatiques doivent évaluer le niveau de détresse de chacun des bateaux et établir des priorités en fonction des besoins et des risques dans lesquels se trouve chacun des bateaux. »
Septembre est maintenant le mois le plus chargé jamais enregistré pour les traversées de la Manche par les migrants, avec 1 487 personnes qui ont déjà atteint le Royaume-Uni. En tout, en 2020, ce sont plus de 6.300 personnes qui ont gagné les côtes anglaises de cette manière, soit trois fois plus que l’année dernière.
Nigel Farage, le leader du Brexit Party, qui était à bord du même bateau que le Télégraph a déclaré : « Nous avons Priti Patel qui nous dit quel travail fantastique font les Français mais ce que j’ai vu aujourd’hui, ce sont des Français qui escortaient un bateau hors des eaux françaises, puis qui ont simplement largué le bateau dans des conditions qui se dégradaient rapidement. »
« Je suis presque certain que si nous n’avions pas été là, ce bateau aurait coulé, car le vent se levait et les Français n’ont même pas dit aux autorités britanniques qu’il était là. »
Les personnes présentes sont révoltées de l’attitude des Français car il est question de personnes, de vie et de mort. Ils jugent leur comportement médiocre.
A Westminster, Maddy Allen de Help Refugees a déclaré aux députés de la commission spéciale des affaires intérieures qu’il y a « peu » de preuves que les autorités françaises encouragent activement les gens à demander l’asile en France. « Il n’y a pas d’informations ou de conseils juridiques largement disponibles pour expliquer le système d’asile français. »
Il y a quelques jours, Gérald Darmanin préférait interdire la distribution de repas aux migrants de Calais par les associations qui ne seraient pas mandatées.