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L’Ouzbékistan au centre de l’attention alors que la France se tourne vers l’Asie centrale

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Dans le prolongement de la visite du président Shavkat Mirziyayev à Paris en 2018 et 2022, le président français Emmanuel Macron effectue une visite officielle de deux jours en Ouzbékistan les 1er et 2 novembre. Cette visite revêt une profonde symbolique puisqu’elle coïncide avec le 30e anniversaire de la signature du Traité d’amitié et de coopération entre Paris et Tachkent. L’importance de la visite a résonné non seulement en Asie centrale mais aussi dans toute l’Europe, étant donné l’influence considérable de la France au sein de l’Union européenne (UE), se positionnant comme un leader éminent du bloc.

La raison qui sous-tend les efforts proactifs de la France pour renforcer la coopération avec l’Ouzbékistan et les autres pays d’Asie centrale dans un contexte de concurrence mondiale intense pour le pouvoir peut être comprise à travers plusieurs facteurs clés.

La France est avant tout motivée par son ambition géopolitique d’ajuster son statut d’acteur secondaire dans la région stratégiquement vitale de l’Asie centrale. Historiquement, cette région a été largement considérée comme un nouveau « grand jeu », la Russie s’efforçant de maintenir une forte présence à travers des organisations telles que l’Organisation du Traité de sécurité collective et l’Union économique eurasienne, et la Chine s’implantant profondément à travers l’Organisation de coopération de Shanghai et l’Union économique eurasienne. Initiative la Ceinture et la Route. L’engagement renforcé de la France avec les pays d’Asie centrale sert de contrepoids pour garantir qu’aucune puissance ne domine la région, située au cœur de l’Eurasie, entre la Russie et la Chine.

Deuxièmement, la France souhaite intensifier sa coopération avec les pays d’Asie centrale, notamment avec l’Ouzbékistan et le Kazakhstan, pour diversifier ses sources d’énergie. Les récentes perturbations sur les marchés mondiaux de l’énergie, ainsi que les tensions politiques, ont souligné la nécessité pour la France de diversifier ses sources d’énergie. L’Asie centrale, avec ses réserves inexploitées d’hydrocarbures, offre une solution prometteuse. Le Kazakhstan et l’Ouzbékistan disposent notamment d’importantes réserves d’uranium, le Kazakhstan étant le plus grand producteur mondial et l’Ouzbékistan le cinquième. Étant donné qu’environ 70 pour cent de l’électricité française provient de l’énergie nucléaire, l’approfondissement des partenariats dans la région pourrait garantir un approvisionnement régulier en uranium pour les réacteurs français.

Troisièmement, la France vise à renforcer la coopération avec les pays d’Asie centrale pour réduire les risques liés à l’importation de minéraux critiques, vitaux pour la transition énergétique verte. Ces minéraux sont essentiels à la production d’un large éventail de technologies, depuis les smartphones et les éoliennes jusqu’aux batteries rechargeables pour véhicules électriques. Bien qu’ils soient relativement sous-explorés, l’Ouzbékistan et d’autres pays d’Asie centrale sont riches en métaux des terres rares et ont le potentiel d’aider la France et d’autres États membres de l’UE dans leur ensemble à réduire leur forte dépendance à l’égard de la Chine pour ces minéraux essentiels, atténuant ainsi les risques associés à leur exploitation. avancée technologique.

Dans le même temps, les efforts délibérés de la France pour intensifier la coopération avec certains pays d’Asie centrale à un niveau stratégique pourraient ouvrir diverses opportunités pour Tachkent dans les dimensions politique, économique et environnementale. Les liens renforcés avec la France offrent à l’Ouzbékistan une opportunité de diversifier son engagement international et d’améliorer sa position internationale, créant ainsi des opportunités de diplomatie collaborative à la lumière des récentes tendances mondiales et des développements géopolitiques en Eurasie. La résolution de problèmes régionaux cruciaux peut favoriser la stabilité non seulement en Asie centrale mais également en Afghanistan, favorisant ainsi la paix dans la région au sens large. En outre, la coopération politique avec Paris peut soutenir de manière significative la stratégie « Ouzbékistan – 2030 » du gouvernement ouzbek, qui définit la vision du pays pour les sept prochaines années. La volonté exprimée par la France de soutenir l’Ouzbékistan et le Kazakhstan dans leurs efforts de réforme et de modernisation contribue également à diversifier leurs relations internationales.

Outre la collaboration politique, des liens plus étroits entre Paris et Tachkent pourraient faciliter les partenariats économiques et d’investissement. Les relations économiques entre les deux nations sont florissantes, marquées par un triplement des joint-ventures impliquant des entreprises françaises en Ouzbékistan. Avec un portefeuille de projets actifs dépassant les 5 milliards d’euros, les entreprises françaises sont en passe de stimuler leurs investissements dans les secteurs en croissance de l’Ouzbékistan. Cette collaboration favorise non seulement la croissance économique et la création d’emplois, mais facilite également le transfert de technologie. L’expertise de la France en matière de technologie, d’agriculture intelligente et de tourisme peut aider l’Ouzbékistan à réduire sa dépendance à l’égard des industries traditionnelles, favorisant ainsi la diversification économique. De plus, la France, qui abrite de grandes sociétés d’énergie nucléaire, peut aider l’Ouzbékistan à résoudre les difficultés liées à la construction d’une installation nucléaire. Cette collaboration pourrait promettre un partenariat global et durable, contribuant de manière significative au secteur énergétique de l’Ouzbékistan.

Au-delà de la collaboration économique, Paris et Tachkent peuvent unir leurs forces pour relever les défis communs liés à la gestion des ressources en eau. L’expertise de la France en matière de pratiques durables en matière d’eau peut aider l’Ouzbékistan à utiliser et à conserver efficacement l’eau. De plus, la France peut contribuer à atténuer les effets néfastes du changement climatique en partageant les technologies vertes et les meilleures pratiques. Ce soutien aide l’Ouzbékistan à préserver l’environnement et à développer un développement durable. Il est important de noter que Paris peut également mobiliser des financements publics et privés, notamment par le biais de garanties et de financements mixtes, pour accroître davantage les investissements en faveur d’initiatives européennes telles que le Portail mondial sur l’eau, l’énergie et le climat.

Malgré toutes ces justifications positives, un défi persistant fait obstacle au renforcement de la coopération entre les deux pays. Il s’agit de la capacité limitée de la route de transport transcaspienne, également connue sous le nom de « corridor du milieu », qui relie la Chine et l’Asie centrale via la mer Caspienne au Caucase, à la Turquie et à l’Europe. En 2022, les volumes de transit via le Middle Corridor ont connu une augmentation impressionnante, triplant presque par rapport à l’année précédente. Cette hausse des activités commerciales a exercé une pression considérable sur des frontières déjà surchargées, entraînant des retards visibles dans les opérations de transport transfrontalier. Pour relever ces défis, la France devrait collaborer étroitement non seulement avec les pays d’Asie centrale, mais également avec les États membres de l’UE pour favoriser le développement et l’importance du Corridor du Milieu. S’il était atteint, cela réduirait les délais de transit de 38 à 53 jours l’année précédente à seulement 12 à 23 jours. Cela fournirait non seulement à l’Europe des routes commerciales alternatives optimales, mais encouragerait également la participation active des pays d’Asie centrale à la connectivité et à la collaboration mondiales.

En conclusion, les actions stratégiques de la France en Asie centrale, illustrées par la visite du président Macron en Ouzbékistan, s’appuient sur une approche multiforme visant à équilibrer les dynamiques de pouvoir régionales, à diversifier les sources d’énergie et à assurer un approvisionnement stable en minéraux essentiels au développement technologique durable. Ces efforts soulignent l’engagement de la France à favoriser la coopération et la stabilité dans la région, avec des implications plus larges pour l’Asie centrale et l’Europe. Dans le même temps, les efforts délibérés de la France pour renforcer la coopération avec l’Ouzbékistan peuvent déboucher sur une multitude d’opportunités pour Tachkent. En se concentrant sur la collaboration politique, la croissance économique et les initiatives environnementales, les deux pays peuvent favoriser les avantages mutuels, la stabilité régionale et les partenariats mondiaux.

Pour l’avenir, les perspectives d’avenir du partenariat entre la France et l’Ouzbékistan sont prometteuses, offrant des avantages mutuels dans les dimensions politique, économique et environnementale. En tirant parti des forces de chacun et en relevant les défis de manière collaborative, les deux pays ont tout à gagner de manière significative, contribuant ainsi à la stabilité régionale, à la croissance économique et au développement durable dans les années à venir.

Alouddin Komilov est chercheur en chef au Centre pour les réformes progressistes en Ouzbékistan. Suivez-le sur LinkedIn et X (anciennement Twitter) @alouddinkomilov

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