Le 13 juillet, une attaque meurtrière menée par la milice Mobondo contre le village de Kinsele, dans l’ouest de la République démocratique du Congo (RDC), a fait au moins 70 morts, dont neuf soldats et l’épouse d’un soldat. Cet incident reflète une tendance inquiétante à l’escalade de la violence dans certaines régions de la RDC, auparavant considérées comme relativement stables par rapport à l’est, en proie à des conflits.
L’attaque s’est produite à environ 100 km à l’est de Kinshasa, dans le territoire de Kwamouth. Cette zone est au cœur d’un violent conflit entre les communautés Teke et Yaka depuis deux ans, qui a fait des centaines de victimes. Le conflit, principalement alimenté par des conflits sur les droits fonciers et les taxes coutumières, a débuté en juin 2022. Les Teke, la population autochtone, se sont affrontés aux Yaka et à d’autres groupes ethniques installés près du fleuve Congo.
La milice Mobondo est censée défendre le peuple Yaka impliqué dans ce conflit, et elle a jusqu'à présent réussi à échapper à la répression militaire malgré les efforts de l'armée congolaise. Un accord de cessez-le-feu a été conclu en avril 2024, en présence du président de la RDC Félix Tshisekedi ; cependant, la violence a persisté et s'est intensifiée plus récemment.
L'attaque récente de Kinsele est particulièrement alarmante étant donné sa proximité avec Kinshasa. Historiquement, la plupart des violences en RDC se sont concentrées dans les régions de l'est, où plus d'une centaine de groupes armés non étatiques se disputent le contrôle de ressources précieuses comme l'or.
Au début du mois, une milice a attaqué une mine d’or dans le nord-est de la RDC, entraînant la mort de six mineurs chinois et de deux soldats congolais. Cependant, le déplacement d’incidents violents importants vers les régions occidentales comme Kwamouth témoigne d’une expansion inquiétante des troubles.
La montée de la violence dans l'ouest du pays constitue un défi majeur pour le gouvernement congolais. L'armée est déjà très impliquée dans la lutte contre les groupes armés actifs dans l'est. L'émergence d'un conflit grave à proximité de Kinshasa met en péril la stabilité régionale et met en évidence les problèmes plus vastes de gouvernance et de sécurité du pays.
Le conflit entre Teke et Yaka illustre la nature profonde et complexe des conflits locaux en RDC. Les problèmes de longue date liés à la propriété foncière, aux droits coutumiers et aux tensions ethniques sont souvent aggravés par la présence de groupes armés qui exploitent ces divisions. Les activités de la milice Mobondo dans le territoire de Kwamouth montrent comment les griefs locaux peuvent dégénérer en violences généralisées, impliquant les forces de sécurité nationales et compliquant les efforts visant à instaurer une paix durable.
En outre, la faiblesse des infrastructures et des réseaux de communication de la RDC entraîne des retards dans la notification des attaques, ce qui complique la réaction rapide des forces de sécurité et des agences humanitaires, ce qui peut se traduire par un nombre de victimes plus élevé dans les communautés touchées.
Le gouvernement congolais est confronté à une tâche redoutable pour résoudre ces conflits aux multiples facettes. Assurer une intervention militaire efficace, favoriser une véritable réconciliation entre communautés rivales et résoudre les problèmes socioéconomiques sous-jacents sont des mesures essentielles pour stabiliser les régions de l’est et de l’ouest de la RDC. En outre, le soutien et l’engagement internationaux restent essentiels pour fournir les ressources et la pression nécessaires à l’instauration d’une paix durable.
L’attaque récente de Kinsele rappelle la persistance et l’expansion de la violence en RDC. Alors que les conflits s’étendent des régions de l’Est, traditionnellement instables, vers les régions de l’Ouest, il devient de plus en plus urgent de mener des efforts globaux et coordonnés pour s’attaquer aux causes profondes de la violence et promouvoir la stabilité.