Depuis plusieurs jours, un comité de scientifiques font des recherches afin de comprendre les origines du séisme en Ardèche. Ils s’interrogent sur les liens que pourraient avoir l’usine Lafarge située à proximité et le séisme.
Le tremblement de terre en Ardèche de magnitude 5,4 a provoqué d’importants dégâts et blessé plusieurs personnes. Une équipe de chercheurs notamment des sismologues et un collaborateur de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) enquêtent actuellement sur la zone afin de comprendre les raisons d’un tel séisme.
Un séisme déclenché ?
Selon un rapport que le magazine Le Point a obtenu, les experts se questionnent sur la possibilité qu’il s’agisse d’un « séisme déclenché », à savoir un séisme provoqué par l’activité humaine. L’usine de ciment à proximité pourrait être responsable du déclenchement du tremblement de terre.
« Rien n’est établi, mais c’est quelque chose qui nous intéresse », a indiqué au Parisien le sismologue Bertrand Delouis qui dirige cette «cellule post-sismique».
Florent Brenguier, de l’Institut des sciences de la Terre (ISTerre) de Grenoble, a expliqué au journal Le Parisien les dangers de l’extraction de la roche dans une carrière. Les sous-sols sont fragilisés comme une maison qui perdrait un pilier.
Faible profondeur du point de rupture
Contrairement aux séismes naturelles, les « séismes déclenchés » se produisent à faible profondeur, entre un et trois kilomètres. Exactement ce qui s’est produit en Ardèche. Les images satellite ont permis de voir que le point de rupture du séisme se situait juste en dessous de la carrière.
« Les séismes se situent généralement entre 5 et 20 kilomètres de profondeur. Une faible profondeur est une particularité que l’on retrouve lors des séismes induits par l’activité humaine », souligne Jean-Robert Grasso, membre du laboratoire ISTerre, cité par Le Point.
Un tremblement de terre sans grosses répliques ?
Le deuxième fait étrange c’est l’absence de grosses répliques. Lorsqu’un tremblement de terre de cette ampleur à lieu, plusieurs répliques importantes ont lieu. Or, le séisme près de Montélimar n’a provoqué que des répliques très faibles. Un gros point d’interrogation pour les sismologues qui se sont de suite interrogés sur ce point.
« Après un choc principal d’une magnitude de 5, on s’attendrait à beaucoup plus de répliques. D’où un questionnement sur l’origine du séisme en relation avec son caractère très superficiel », indique encore le « collectif post-sismique » dans son dernier bilan.
Des précédents
Si les interrogations des chercheurs se confirmaient, cela ne serait pas la première fois que l’exploitation de carrières, gisements de pétrole ou mines à ciel ouvert provoquent des déclenchements de tremblements de terre.
« Des exemples bien connus ont eu lieu près de carrières dans l’État de New York dans les années 1970, et en Pennsylvanie (vallée de Cacoosing) dans les années 1990, a expliqué au Point Jean-Robert Grasso. Il y a également des cas autour de gisements de pétrole en Californie dans les années 1990 ou en Ouzbékistan dans les années 1980.»
Afin d’évaluer la probabilité que l’activité de la carrière soit responsable du déclenchement de ce tremblement de terre, un groupe de chercheurs a été mandaté par le CNRS.