Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le monde islamique semble divisé sur la question de la Palestine ? Pour résoudre ce dilemme complexe, j’ai intégré trois niveaux d’analyse de la politique étrangère à la perspective constructiviste des relations internationales. Les trois niveaux impliquent l’examen de facteurs internes tels que les structures politiques, la dynamique du leadership et l’opinion publique, fournissant ainsi un aperçu de la manière dont ces éléments façonnent l’approche d’une nation en matière de politique étrangère. De plus, la prise en compte de facteurs sociétaux tels que les normes culturelles, les récits historiques et les identités partagées permet de mettre en lumière l’influence sociétale plus large sur les opinions sur la Palestine au sein du monde islamique. L’exploration du niveau régional, y compris les paysages géopolitiques et les dynamiques de pouvoir, met en lumière l’impact des interactions entre les nations sur les décisions de politique étrangère liées à la Palestine. L’intégration de ces trois niveaux avec la perspective constructiviste, qui met l’accent sur le rôle des idées, des identités et des normes, permet une compréhension plus holistique. Cette approche permet d’aller au-delà des observations simplistes pour apprécier l’interaction nuancée des considérations nationales, des normes sociétales et des dynamiques régionales qui façonnent collectivement les diverses réponses des nations islamiques à la question palestinienne, offrant ainsi une vision globale des forces complexes en jeu dans les relations internationales.
Lorsque l’on examine la politique étrangère des nations islamiques concernant la Palestine, une nette divergence apparaît. Certaines nations défendent avec passion les droits et la création d’un État palestinien, tandis que d’autres maintiennent une position plus réservée. Pour comprendre cela, je me penche sur le niveau d’analyse national, où la dynamique interne de chaque État islamique façonne sa politique étrangère. Prenons l’exemple de la Turquie, un défenseur remarquable des droits des Palestiniens. Le président Recep Tayyip Erdoğan dénonce systématiquement les actions israéliennes et plaide en faveur d’une solution à deux États, alignée sur le niveau d’analyse national. Les dirigeants politiques turcs façonnent historiquement leur politique étrangère en s’appuyant sur un mélange d’identité islamique, de liens historiques et de sentiment public. Ce fort plaidoyer en faveur des droits des Palestiniens est souligné par l’accent mis par la Turquie sur l’identité islamique. Le président Erdoğan présente la position de la Turquie comme une obligation morale ancrée dans les principes islamiques, mettant l’accent sur la défense de ses compatriotes musulmans. L’opinion publique turque, majoritairement musulmane, s’aligne fortement sur la cause palestinienne, comme en témoignent les protestations massives et les manifestations contre les actions israéliennes. Cela montre à quel point l’opinion publique influence de manière significative les décisions de politique étrangère de la Turquie.
D’un autre côté, l’Arabie Saoudite adopte une approche plus prudente et calculée. Même s’il affirme soutenir les Palestiniens, le gouvernement saoudien entretient en réalité des relations diplomatiques avec Israël, notamment en matière de sécurité régionale. Cette approche pratique prend tout son sens quand on regarde ce qui se passe en interne. Les dirigeants saoudiens doivent jongler entre la demande de soutien palestinien et les complexités réelles de la région. La preuve en est dans les relations diplomatiques du Royaume. Bien qu’elle soutienne publiquement la Palestine, l’Arabie saoudite a engagé des pourparlers avec Israël sur les questions de sécurité régionale. Ce type d’engagement diplomatique n’aurait pas lieu sans un exercice d’équilibre prudent en coulisses.
La politique étrangère de l’Iran à l’égard de la Palestine est profondément liée aux ambitions géopolitiques et à la solidarité religieuse. L’Iran soutient fermement la cause palestinienne, en apportant un soutien à la fois matériel et politique à des groupes comme le Hamas. Au niveau national, l’opinion publique iranienne, qui a toujours favorisé la cause palestinienne, façonne de manière significative la politique étrangère du pays. Ce sentiment joue un rôle crucial dans la détermination de la position du gouvernement, lui permettant de favoriser la solidarité religieuse et de souligner son dévouement à une cause islamique plus large, détournant ainsi l’attention des défis intérieurs. Sur le plan politique intérieur, les dirigeants iraniens, y compris le Guide suprême et le Président, alignent leur politique étrangère sur les idéologies révolutionnaires. Le récit de la résistance contre Israël devient une pierre angulaire de l’identité iranienne, influençant la politique étrangère du pays. Cette position politique intérieure, ancrée dans les principes révolutionnaires, renforce le soutien indéfectible de l’Iran à la Palestine, un facteur essentiel pour façonner la position internationale du pays. L’alignement de l’Iran sur la cause palestinienne sert ses intérêts intérieurs. Le soutien financier et militaire substantiel apporté à des groupes comme le Hamas, activement impliqués dans la résistance palestinienne contre Israël, confirme cette affirmation. En outre, les dirigeants iraniens soulignent systématiquement le devoir de s’opposer à Israël comme une obligation religieuse, favorisant ainsi un sentiment de solidarité religieuse au sein de la population iranienne. Ce récit détourne stratégiquement l’attention des défis intérieurs, présentant l’Iran comme le champion d’une cause islamique plus large et consolidant le soutien du public.
Au niveau sociétal, la politique étrangère de la Turquie est profondément influencée par un fort sentiment de solidarité musulmane, mettant l’accent sur les valeurs islamiques partagées et un lien historique avec l’influence régionale de l’Empire ottoman. Les déclarations du président Recep Tayyip Erdoğan soulignent systématiquement l’engagement de la Turquie envers la cause palestinienne comme une obligation morale ancrée dans les principes islamiques, renforçant la compréhension constructiviste de son rôle dans le monde islamique. S’appuyant sur cette perspective constructiviste, Alexander Wendt, un éminent chercheur constructiviste, soutient que le comportement de l’État est façonné par des idées et des identités partagées. Dans le cas de la Turquie, les valeurs islamiques et les récits historiques partagés contribuent à une identité collective qui guide ses choix de politique étrangère. La rhétorique d’Erdoğan s’aligne sur cette approche constructiviste, dans la mesure où il présente le soutien de la Turquie à la Palestine non seulement comme une position politique mais comme un reflet de son identité et de ses liens historiques. Dans le même ordre d’idées, la perspective constructiviste de l’Arabie saoudite est enracinée dans le fait qu’elle est la gardienne des deux sites les plus saints de l’Islam. Des dirigeants tels que le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane expriment leur engagement en faveur de l’unité islamique, en mettant l’accent sur une optique constructiviste qui façonne leur approche de la question palestinienne. La théorie constructiviste de Wendt renforce l’idée selon laquelle l’engagement saoudien en faveur de l’unité islamique, étroitement lié aux dynamiques régionales, va au-delà d’une simple stratégie politique, devenant une partie de son identité collective. Le point de vue constructiviste de l’Iran, façonné par son idéologie révolutionnaire et le concept de République islamique, se renforce lorsque l’on considère les déclarations de ses dirigeants, dont le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, et le président Ebrahim Raisi. L’accent mis sur le devoir religieux de résistance contre Israël s’aligne sur le récit constructiviste. La théorie de Wendt soutient en outre l’idée selon laquelle la politique étrangère de l’Iran n’est pas uniquement motivée par des considérations géopolitiques, mais est profondément ancrée dans son identité et ses idéaux révolutionnaires.
Sur la scène régionale, la perspective constructiviste gagne en profondeur lorsqu’elle est examinée à travers la perspective d’Alexander Wendt. Alors que les politiques étrangères de la Turquie, de l’Arabie Saoudite et de l’Iran semblent motivées par des considérations géopolitiques, le cadre constructiviste souligne l’importance des croyances et des identités communes dans le façonnement du comportement de l’État. En Turquie, les déclarations du président Recep Tayyip Erdoğan positionnent le pays non seulement comme un acteur géopolitique mais aussi comme un leader dans le monde musulman en défendant les droits des Palestiniens. L’argument constructiviste de Wendt souligne que l’anarchie est ce que les États en font et, dans ce cas, la Turquie façonne activement son rôle régional sur la base de son identité islamique et de ses liens historiques. La vision d’Erdoğan s’aligne sur le rôle et l’influence historiques de la Turquie, en mettant l’accent sur une dimension géopolitique étroitement liée à une compréhension constructiviste de son statut de leader dans le monde musulman. La perspective réaliste de l’Arabie saoudite, comme en témoignent les déclarations du prince héritier Mohammed ben Salmane, reconnaît les alliances et partenariats stratégiques dans la région. Cependant, l’application du cadre constructiviste de Wendt ajoute une autre couche. La tutelle de l’Arabie saoudite sur les deux sites les plus saints de l’Islam n’est pas seulement une considération géopolitique mais aussi une considération constructiviste, profondément enracinée dans l’identité religieuse. La nature pragmatique de la politique étrangère saoudienne est en partie une réponse aux réalités géopolitiques régionales, mais elle est également façonnée par une compréhension constructiviste de l’unité islamique. En Iran, les déclarations du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, et du président Ebrahim Raisi, qui présentent l’implication de l’Iran dans le conflit dans le cadre d’une stratégie géopolitique plus large, s’alignent sur la perspective constructiviste. L’argument de Wendt selon lequel les identités et les idées comptent dans les relations internationales est ici évident. L’Iran ne répond pas uniquement à un système international anarchique ; elle construit activement son rôle sur la base d’une idéologie révolutionnaire et d’un engagement envers une cause islamique plus large.
En réunissant ces trois niveaux d’analyse dans une perspective constructiviste, je trouve que le dilemme du monde islamique concernant la Palestine est le résultat d’influences multiformes. Il ne s’agit pas d’un simple cas d’accord ou de désaccord unanime. Il s’agit plutôt d’une interaction dynamique de considérations nationales, de normes sociétales et de dynamiques régionales qui façonnent les réponses des nations islamiques à la question palestinienne. Ainsi, pour comprendre pourquoi le monde islamique semble divisé sur la Palestine, nous devons aller au-delà des observations superficielles. En intégrant les trois niveaux d’analyse et en adoptant la perspective constructiviste, nous pouvons mieux comprendre le réseau complexe de facteurs qui influencent les décisions de politique étrangère. Ce voyage à travers les complexités du dilemme du monde islamique nous invite à apprécier la nature nuancée des relations internationales et les diverses forces qui façonnent les réalités géopolitiques.