La récente vague de manifestations étudiantes au Bangladesh constitue l'un des défis les plus graves auxquels le gouvernement de la Première ministre Sheikh Hasina a été confronté depuis des années. Ce qui a commencé comme un mouvement étudiant contre un système controversé de quotas d'emplois a dégénéré en troubles généralisés, caractérisés par des affrontements violents entre manifestants et forces de sécurité. Les violences ont fait de nombreuses victimes, les rapports officiels faisant état de plus de 150 morts et de plusieurs milliers d'arrestations. La réponse musclée du gouvernement, qui comprend l'arrestation des leaders des manifestations, l'imposition de couvre-feux, le déploiement de l'armée et une coupure d'Internet à l'échelle nationale, vise à limiter les communications et à contrôler le flux d'informations entre les manifestants.
Les réactions internationales aux manifestations ont été diverses, certains gouvernements ayant émis des avertissements aux voyageurs au Bangladesh ces derniers jours, tandis que d'autres se sont abstenus de toute visite. Les manifestations ont également déclenché des manifestations de solidarité au sein de la diaspora bangladaise en Australie, au Royaume-Uni et aux États-Unis, reflétant l'inquiétude mondiale quant à la gestion de la crise par le gouvernement Hasina.
Origines et évolution de la crise
Les troubles actuels trouvent leur origine dans un système controversé de quotas d’emploi, qui réservait un pourcentage important d’emplois publics aux descendants des combattants de la liberté Mukti Bahini qui ont participé à la guerre d’indépendance du pays en 1971. Ce système de quotas, initialement établi pour honorer ceux qui ont combattu pour la libération de la nation, a longtemps été une source de discorde, en particulier parce qu’il était considéré comme bénéficiant de manière disproportionnée aux élites politiques, commerciales et militaires actuelles du pays et à leurs proches. Le rétablissement récent de ces quotas, après leur brève abolition, a ravivé le mécontentement généralisé des étudiants et des jeunes demandeurs d’emploi, qui considèrent le système comme obsolète et injuste. Une décision de la Cour suprême du 23 juillet semble avoir apaisé certains manifestants, car les quotas ont été ramenés de 30 % à seulement 5 % pour les descendants de combattants de la liberté, mais les développements ultérieurs suggèrent un mouvement de plus en plus large qui cherche désormais à résoudre d’autres contradictions de longue date dans la société bangladaise.