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Espagne : le système de santé déjà submergé par la seconde vague de Covid-19

Dans la capitale espagnole, la seconde vague accule déjà le système de santé.

Un « hôpital des pandémies » doit voir le jour d’ici le mois de novembre, près de l’aéroport de Madrid. 400 ouvriers y travaillent nuit et jour depuis juillet. Bétonneuses, grues et autres camions se démènent 24h/24.

Cet établissement s’étalant sur 45.000 m² et pouvant accueillir plus de 1 000 malades a été surnommé « l’hôpital des pandémies ». Il a été financé par le gouvernement régional et a coûté plus de 50 millions d’euros. L’architecture du bâtiment est idéale pour « éviter la transmission de la charge virale » et prend son inspiration de l’Ifema, le parc d’expositions transformé entre mars et mai en hôpital.

« Il y a deux mois, il n’y avait rien ici », sourit Alejo Mirando, le directeur général des infrastructures sanitaires de la région de Madrid, la plus touchée du pays au printemps.

Un hôpital des pandémies qui arrive trop tard

Toutefois, cet établissement ne sera pas prêt suffisamment tôt pour soulager les centres de santé déjà submergés par la seconde vague de coronavirus.

« L’évolution de l’épidémie à Madrid nous inquiète », admet le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

La région de Madrid comptant plus de 6,5 millions d’habitants représente près d’un tiers des 29.000 décès du covid-19 dans le pays. Sur les sept derniers jours, 73 des 191 morts et 30% des cas détectés concernent Madrid. 

Les médecins sont inquiets. La docteure Silvia Duran, porte-parole de l’association de médecins Amyts, parle d' »une rapidité de progression » de la courbe de contagion « similaire à celle du début de la pandémie ».


« Les centres de santé (où travaillent les médecins traitants payés par la région, ndlr) parviennent à contenir la deuxième vague » mais « les hôpitaux se préparent et 16% de leurs lits sont déjà occupés par des patients Covid » contre 6% pour le reste du pays, poursuit-elle.

« Nous sommes au bord de l’effondrement », confirme José Molero, du syndicat Csit. « La prochaine étape sera quand la population ira directement à l’hôpital, faute de pouvoir être reçue par le médecin » traitant.

Les médecins de ville, toujours confrontés au manque de ressources et de personnel, sont épuisés recevant « jusqu’à 60 patients » par jour. Manque de personnel, de ressources et… de repos : les médecins sont « exsangues », épuisés car ils reçoivent « jusqu’à 60 patients » quotidiens.

Lundi dernier, lundi Fernando Simon, l’épidémiologiste en chef du ministère de la Santé, avait caractérisé Madrid de « zone à haut risque ».

La situation est gérable, pour le moment…

La région essaie de rester optimiste. « La situation est pour l’instant supportable », affirme Antonio Zapatero, conseiller à la Santé publique de la région, bien que l’augmentation des cas se soit drastiquement accélérée depuis « un mois et demi » surtout dans « le sud de la région ».

Elle a fait appel aux 150 militaires mis à la disposition par le gouvernement de gauche afin de suivre et identifier les cas contacts.

Cependant, un collectif de médecins demande à ce que le gouvernement régional agisse « afin d’éviter un nouvel effondrement du système » de santé. D’autres médecins lui ont envoyé une lettre ouverte exigeant « d’agir ».

« Nous devons créer des synergies entre responsables politiques et scientifiques, sans quoi l’automne va commencer bien mal. Nous ne pouvons pas nous permettre de revivre ce que nous avons vécu au printemps », surenchérit Pilar Serrano, secrétaire de l’association de Santé publique madrilène. 

« C’est nous qui allons tomber malades », avertit Silvia Duran. En Espagne, le nombre de soignants contaminés, 20% des cas selon un rapport de l’Agence européenne de la Santé, avait été le pire dans le monde en avril.

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