Portrait de Ramsès II dans la tombe de Nakhtamun, chef de l’autel du Ramesseum (tombe TT 341, peut-être 20e dynastie, vers 1100 avant JC). Crédit : Martinez et al., CC-BY 4.0
Une étude révolutionnaire utilisant l’imagerie chimique portable a révélé des altérations cachées dans les peintures égyptiennes anciennes, suggérant des couches historiques et symboliques plus profondes dans ces œuvres d’art.
La technologie portable d’imagerie chimique peut révéler des détails cachés dans les peintures égyptiennes anciennes, selon une étude publiée récemment dans la revue en libre accès. PLOS UN par Philippe Martinez de Sorbonne Université, France en collaboration avec des collègues de l’Université de Liège, Belgique.
Approche innovante pour découvrir les secrets de l’art
On pense généralement que les peintures égyptiennes antiques sont le résultat de flux de travail hautement formalisés qui ont produit des œuvres d’art qualifiées. Cependant, la plupart des études sur ces peintures et le processus qui les a créées ont lieu dans des musées ou des laboratoires. Dans cette étude, Martinez et ses collègues utilisent des appareils portables pour effectuer une imagerie chimique sur des peintures dans leur contexte d’origine, permettant ainsi l’analyse de la composition et des couches de peinture et l’identification des modifications apportées aux peintures anciennes.

Étude MA-XRF de la peinture de Ramsès II. Crédit : Martinez et al., 2023, PLOS ONE, CC-BY 4.0
Une analyse détaillée révèle des modifications historiques
Deux peintures ont été analysées en détail, toutes deux situées dans des chapelles funéraires de la nécropole thébaine près du Nil, datant de la période ramesside. Sur le premier tableau, les chercheurs ont pu identifier des modifications apportées à la position du bras d’un personnage, bien que la raison de ce changement relativement minime soit incertaine. Sur le deuxième tableau, l’analyse a révélé de nombreux ajustements de la couronne et d’autres objets royaux représentés sur un portrait de Ramsès II (également orthographié Ramsès 2), une série de changements qui sont très probablement liés à un changement de signification symbolique au fil du temps.
Repenser la rareté des altérations de l’art ancien
On pense que de telles modifications des peintures sont rares dans ce type d’art, mais les chercheurs suggèrent que ces découvertes nécessitent des recherches plus approfondies. De nombreuses incertitudes subsistent quant au raisonnement et au timing des modifications observées, dont certaines pourraient être résolues par des analyses futures. Cette étude sert également à prouver l’utilité de la technologie portable d’imagerie chimique pour étudier les peintures anciennes. sur place.

Philippe Walter et Catherine Defeyt effectuent des mesures dans la Noble Valley à Louxor (Egypte) à l’aide de l’appareil scientifique portable. Crédit : David Strivay, Université de Liège, CC-BY 4.0
Les chercheurs plaident pour des études élargies
Les auteurs ajoutent : « Ces découvertes appellent clairement à une inspection systématique et plus approfondie des peintures en Égypte à l’aide d’une caractérisation physico-chimique. »
Pour en savoir plus sur ces recherches, voir Les chimistes découvrent les secrets des peintres égyptiens antiques.
Financement : PW : DIM Analytics, projet IMAPAT, Ile-de-France, PW : ANR-11-IDEX-0004-02, Agence Nationale de la Recherche dans le cadre du programme Investissements d’Avenir (programme POLYRE de Sorbonne Universités), CD et DS : Prf- 2019-060, La Politique scientifique fédérale belge à travers le programme FED-tWIN.