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Un mystère paléontologique de longue date résolu – Une découverte révolutionnaire de fossiles au Maroc dévoile les origines des araignées et des scorpions

SciTechDaily

Les scientifiques ont découvert un fossile clé qui relie les chélicères modernes comme les scorpions et les araignées à leurs anciens ancêtres cambriens, clarifiant ainsi une lacune importante dans l’histoire évolutive de ces espèces. L'un des Setapedites abondantis fossiles qui ont été utilisés pour retracer les origines des araignées, des scorpions et des limules. Crédit : UNIL

Un doctorant de l'Université de Lausanne en Suisse, avec le soutien d'un chercheur du CNRS, a découvert un fossile qui comble le fossé évolutif entre l'humanité contemporaine et espèces comme les scorpions, les araignées et les limules, ainsi que leurs anciens homologues de la période cambrienne, il y a environ 505 millions d'années. Cette découverte résout un mystère de longue date en paléontologie.

Les scorpions, araignées et limules modernes appartiennent à la vaste lignée d’arthropodes apparue sur Terre il y a près de 540 millions d’années. Plus précisément, ils appartiennent à un sous-embranchement qui regroupe des organismes équipés de pinces utilisées notamment pour mordre, saisir des proies ou injecter du venin – les chélicères, d'où leur nom de chélicères. Mais quels sont les ancêtres de ce groupe si particulier ?

Reconstruction de Setapedites abondantis

Reconstitution de Setapedites abondantis. Crédit : Elissa Sorojsrisom

Cette question a intrigué les paléontologues depuis le début de l’étude des fossiles anciens. Il était impossible d’identifier avec certitude parmi les premiers arthropodes des formes partageant suffisamment de similitudes avec les espèces modernes pour être considérées comme des ancêtres. Le mystère était encore aggravé par le manque de fossiles disponibles pour la période clé comprise entre -505 et -430 millions d'années, ce qui aurait facilité les recherches généalogiques.

Lorenzo Lustri, alors doctorant à la Faculté des géosciences et de l'environnement de l'Université de Lausanne (UNIL), a fourni la pièce manquante du puzzle. Avec ses superviseurs, il a étudié une centaine de fossiles datant de 478 millions d'années dans les schistes de Fezouata au Maroc et a identifié le candidat qui relie les organismes modernes à ceux du Cambrien (il y a 505 millions d'années). L'étude a été publiée dans Communications naturelles.

Lorenzo Lustri

Lorenzo Lustri regarde les collections de l'Université de Lausanne. Crédit : UNIL

Une percée en biologie évolutive

Des fossiles des schistes de Fezouata ont été découverts au début des années 2000 et ont fait l’objet d’analyses approfondies. Cependant, le fossile illustré dans la publication, l'un des plus abondants du gisement, n'avait jamais été décrit auparavant. Mesurant entre 5 et 10 millimètres, il a été nommé Setapedites abondantis. Cet animal permet, pour la première fois, de retracer toute la lignée des chélicères, depuis l'apparition des premiers arthropodes jusqu'aux araignées, scorpions et limules modernes.

Graphiques fossiles de scorpions, d'araignées et de crabes fer à cheval

Un fossile comble le fossé entre les scorpions, les araignées et les limules et les espèces de la période cambrienne (il y a 505 millions d’années). Crédit : UNIL

« Au départ, nous avions uniquement l’intention de décrire et de nommer ce fossile. Nous ne savions absolument pas qu'il recèlerait autant de secrets », confie Lorenzo Lustri, premier auteur de l'article, qui a soutenu sa thèse en mars 2023. « Ce fut donc une surprise exaltante de réaliser, après des observations et analyses minutieuses, qu'il a comblé une lacune importante dans l’arbre évolutif de la vie.

Pourtant, le fossile n’a pas encore révélé tous ses secrets. En fait, certaines de ses caractéristiques anatomiques permettent de mieux comprendre l’évolution précoce du groupe des chélicères, et peut-être même de relier à ce groupe d’autres formes fossiles dont les affinités restent très controversées.

Une exposition temporaire sur le biote Fezouata, en collaboration avec l'UNIL, se tiendra prochainement au Palais de Rumine à Lausanne, en Suisse.

Paysage de Fezouata

Paysage de Fezouata, où les fossiles ont été trouvés. Crédit : UNIL

Méthode

Pour obtenir ces résultats, les scientifiques ont étudié une centaine de fossiles et ont utilisé un scanner à rayons X pour reconstituer leur anatomie en détail et en 3D. Ils ont ensuite pu établir des comparaisons avec de nombreux chélicères fossiles provenant d’autres sites, ainsi qu’avec leurs parents plus anciens. Enfin, l’importance du fossile de Fezouata s’est révélée grâce aux analyses phylogénétiques, qui reconstituent mathématiquement l’arbre généalogique des différentes espèces à partir du « codage » de tous leurs traits anatomiques.

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