Points clés à retenir
- Islamabad proteste contre une manifestation de lutte pour le pouvoir entre l'armée et le PTI qui défie toute solution facile et alimentera probablement de nouveaux troubles.
- Les troubles menacent une reprise délicate de l’économie pakistanaise après les bouleversements de 2022-2023.
- La géopolitique est une autre considération, car le retrait de Khan, anti-américain, a ouvert la voie au dégel des relations entre les États-Unis et le Pakistan.
Le Pakistan reste nerveux suite à l'occupation et à la dispersion chaotique des partisans du Pakistan-e-Insaf (PTI) dans la capitale le 26 novembre. Le sit-in visait à soutenir le leader emprisonné Imran Khan et a attiré environ 50 000 manifestants. De telles manifestations sont devenues courantes au Pakistan depuis qu’Imran Khan a été évincé de son poste de Premier ministre par une motion de censure parlementaire en 2022, puis arrêté en mai 2023 pour corruption. Pourtant, la manifestation de fin novembre se démarque par son ampleur ; son ambition d'occuper avec succès la « zone rouge » au cœur de la gouvernance pakistanaise ; sa férocité dans les six morts et les milliers d'arrestations qu'elle a générés, complétée par une répression en pleine nuit pour disperser les manifestants ; et enfin son impact social retentissant avec les coupures d’Internet et le confinement complet de la capitale pendant plusieurs jours. Et tandis que les dirigeants du PTI ont temporairement annulé les manifestations et se sont retirés d'Islamabad, la polarisation sous-jacente de la politique pakistanaise et la popularité persistante de Khan laissent présager davantage d'instabilité à venir.