Les premières victimes du mal-être psychologique, économique et social induit par la crise sanitaire sont les enfants. Une récente étude établie par des scientifiques montre que les violences contre des enfants ont augmenté de manière « alarmante ».
Deux drames ont secoué les fêtes de Noël. Une petite fille d’un mois et demi, à la Chapelle-Réanville dans l’Eure, est morte le 20 décembre alors que ses parents disaient qu’elle était tombée, les faits montrent des signes de « violences physiques et sexuelles ». Dans la nuit du 24 au 25 décembre, un garçon de 10 ans a été tué par sa tante à Limay, dans les Yvelines. Ces drames font écho aux chiffres alarmants d’une étude, soumise à la revue Pediatrics, portant sur la maltraitance des enfants de 0 à 5 ans pendant le premier confinement.
Catherine Quantin, responsable du service de biostatistiques et informatique médicale du CHU de Dijon et le neuropédiatre Yann Mikaeloff, tous deux membres du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP INSERM Université Paris-Saclay), ayant dirigé cette étude, ont été interrogés par France Culture.
Pendant le confinement, les appels au 119, le numéro de signalement de violences faites aux enfants avaient explosé, on compte une hausse de 56,2% des appels entre le 18 mars et le 10 mai 2020.
Les admissions pour maltraitance sur des enfants de moins de 5 ans ont augmenté de 50%
L’étude s’est fondée sur le nombre d’admissions hospitalières pour maltraitance physique des enfants de 0 à 5 ans pour les mois de mars et avril sur les années 2017, 2018, 2019 et 2020 afin de comparer les différents résultats entre les quatre années.
Le bilan est sans appel. Certes, le nombre d’hospitalisations pour les moins de 5 ans a baissé de 30% par rapport aux années précédentes. Toutefois, les enfants admis en situation d’urgence médicale sévère pour maltraitance physique a augmenté de 50%.
Les cas des « bébés secoués » est assez symptomatique de la situation de confinement. Ces bébés peuvent avoir des traumatismes cérébraux sévères qui risquent d’entraîner des conséquences irréversibles qui resteront à vie sur le plan moteur et/ou cognitif.
La Direction de la protection de l’enfance du Val de Marne, quant à elle, met en avant des cas d' »ultra-violence » et de barbarie.
Dégradation de la santé psychique des adultes
Le personnel médical avait déjà mis en garde contre les effets premiers du confinement comme le sentiment d’enfermement mais ils alertent aussi au sujet de la situation socio-économique qui s’est fortement dégradée pour les adultes. Qu’il s’agisse d’adultes avec des pathologies psychiatriques ou de la population en générale qui se trouve davantage soumise au stress et à l’anxiété.
Les enfants étant à la maison chaque jour, l’école n’a plus été une instance intermédiaire pouvant signaler des situations évocatrices de maltraitance. D’habitude, ce sont 40% des cas qui sont signalés par l’école et les collèges.
Les chercheurs espèrent la mise en place d’un « Observatoire national opérationnel maltraitance » car selon eux, les dispositifs actuels n’ont pas été assez aboutis pour détecter les signaux d’alerte pendant le confinement.
Qu’en est-il des enfants « traumatisés »
Des unités pédiatriques pour enfants en danger sont déjà opérationnelles sur le territoire français. Les pédiatres et pédopsychiatres agissent de concert pour prendre en charge les enfants maltraités à qui on apprend la résilience et à qui l’on donne des outils de gestion émotionnelle.
Les scientifiques insistent sur le caractère urgent de la situation qui l’était avant le confinement mais qui a pris des proportions sans précédent.