Une étude de l’Université de Lausanne et de ses partenaires prédit une perte de 34 % du volume de glace des Alpes européennes d’ici 2050 si le réchauffement climatique s’arrête maintenant, et jusqu’à 65 % si la tendance actuelle se poursuit, en utilisant des modèles d’IA avancés pour des projections plus immédiates. Le glacier d’Aletsch en 2009, en Suisse. Crédit : UNIL – Guillaume Jouvet
Même si le réchauffement climatique s’arrêtait complètement, le volume de glace dans les Alpes européennes devrait diminuer de 34 % d’ici 2050. Si la tendance observée au cours des deux dernières décennies persiste, la perte de glace pourrait approcher près de la moitié de son volume actuel, selon à une récente étude internationale menée par des scientifiques de l’Université de Lausanne (UNIL, Suisse).
D’ici 2050, soit dans 26 ans, nous aurons perdu au moins 34 % du volume de glace des Alpes européennes, même si le réchauffement climatique s’arrêtait complètement et immédiatement. C’est la prédiction d’un nouveau modèle informatique développé par des scientifiques de la Faculté des géosciences et de l’environnement de l’Université de Lausanne (UNIL), en collaboration avec l’Université de Grenoble, l’ETHZ et l’Université de Zurich.
Dans ce scénario, développé à l’aide d’algorithmes d’apprentissage automatique et de données climatiques, le réchauffement est stoppé en 2022, mais les glaciers continuent de subir des pertes dues à l’inertie du système climat-glacier. Cette prévision la plus optimiste est cependant loin d’être un scénario réaliste pour l’avenir, car les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter dans le monde.
En réalité, plus de la moitié du volume de glace disparaîtra
Une autre projection plus réaliste de l’étude montre que, sans changements ni mesures drastiques, si la tendance à la fonte des 20 dernières années se poursuit, près de la moitié (46 %) du volume de glace des Alpes aura effectivement disparu d’ici 2050. Ce chiffre pourrait même 65%, si l’on extrapole les données des dix dernières années seulement.
2050 : le futur proche
Contrairement aux modèles traditionnels, qui projettent des estimations pour la fin du siècle, la nouvelle étude, publiée dans Geophysical Research Letters, considère le terme plus court, ce qui permet d’en voir plus facilement la pertinence dans notre propre vie et encourage ainsi l’action. Quel âge auront nos enfants en 2050 ? Y aura-t-il encore de la neige en 2038, lorsque la Suisse pourra accueillir les Jeux Olympiques ? Ces estimations sont d’autant plus importantes que la disparition de kilomètres de glace aura des conséquences importantes sur la population, les infrastructures et les réserves d’eau.
« Les données utilisées pour construire les scénarios se sont arrêtées en 2022, année qui a été suivie par un été exceptionnellement chaud. Il est donc probable que la situation soit encore pire que celle que nous présentons», estime Samuel Cook, chercheur à l’UNIL et premier auteur de l’étude.
L’intelligence artificielle booste les modèles
Les simulations ont été réalisées à l’aide d’algorithmes d’intelligence artificielle. Les scientifiques ont utilisé des méthodes d’apprentissage en profondeur pour entraîner leur modèle à comprendre les concepts physiques et l’ont alimenté avec des données climatiques et glaciologiques réelles. « Le machine learning révolutionne l’intégration de données complexes dans nos modèles. Cette étape essentielle, auparavant notoirement compliquée et coûteuse en calcul, devient désormais plus précise et efficace », explique Guillaume Jouvet, prof. à la FGSE et co-auteur de l’étude.