Les médicaments à base d’anticorps deviennent souvent trop épais pour être injectés à des concentrations élevées. Aujourd’hui, de nouvelles recherches peuvent expliquer pourquoi cela se produit – des connaissances qui pourraient éventuellement conduire à des médicaments facilement injectables.
Les médicaments à base d’anticorps sont actuellement utilisés pour traiter le cancer, les maladies auto-immunes et les affections inflammatoires. Pour être administrés par simple injection sous la peau, ils doivent être concentrés, mais à des concentrations élevées, ils deviennent souvent trop épais pour être manipulés. Cela affecte à la fois l'accessibilité d'un traitement et l'inconfort du patient.
En utilisant des simulations informatiques avancées, les chercheurs ont pu montrer que l’augmentation de la viscosité (terme décrivant la facilité ou l’épaisseur d’écoulement d’une substance) est due aux anticorps présents dans des solutions concentrées formant des structures de courte durée et fortement chargées. Ces formations temporaires provoquent un « épaississement » de la solution.
« Nous avons été surpris que les modèles précédemment utilisés pour décrire la structure des solutions d'anticorps ne puissent pas prédire cette dynamique. Il est clair que les charges électriques jouent un rôle crucial dans la compréhension des véritables propriétés », explique Fabrizio Camerin, chercheur en chimie à l'Université de Lund.
Contrairement à des modèles plus basiques, l’étude montre qu’il faut tenir compte à la fois de la distribution complexe des charges des anticorps et des ions environnants dans la solution, pour reproduire avec précision les résultats expérimentaux.
Les résultats ouvrent la voie à de nouvelles méthodes permettant de prédire le comportement de différents anticorps à des concentrations élevées. Cela pourrait fournir des conseils précieux aux sociétés pharmaceutiques pour créer des formulations qui restent stables mais faciles à injecter.
« En comprenant le mécanisme à l'origine des solutions d'anticorps visqueux, nous pouvons contribuer à de meilleures stratégies de traitement et à une meilleure qualité de vie des patients », conclut Camerin.
L'article est publié dans la revue Actes de l'Académie nationale des sciences.


