Voilà quatre ans que le Nigeria n’a pas connu de cas de poliomyélite alors qu’il en était l’épicentre mondial au début des années 2000.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) doit annoncer, mardi 25 août, que le continent africain est « exempt de poliovirus sauvage », et ce, quatre ans après l’apparition des derniers cas dans le nord-est du Nigeria.
« Grâce aux efforts déployés par les gouvernements, le personnel soignant et les communautés, plus de 1,8 million d’enfants ont été sauvés », annonce l’OMS dans un communiqué.
L’annonce officielle est attendue en fin de journée et réunira le directeur général de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, sa directrice régionale pour l’Afrique, Matshidiso Moeti, les milliardaires et philanthropes nigérian Aliko Dangote et américain Bill Gates.
« C’est une formidable victoire, une délivrance ! », s’exclame le docteur Tunji Funsho, du comité Polio Nigeria de l’association Rotary International. « Cela fait plus de trente ans que nous avons lancé ce défi. Dire que je suis heureux, c’est un euphémisme ! ».
Il reste des cas au Pakistan et en Afghanistan
La poliomyélite est une maladie infectieuse très contagieuse qui touche avant tout les enfants. Elle s’en prend à la moelle épinière et peut engendrer une paralysie irréversible.
Un vaccin a été découvert et développé dans les années 1950 alors que la maladie était présente partout dans le monde. Si les pays les plus riches ont pu se procurer facilement le vaccin, des foyers en Asie et en Afrique sont restés infectieux. En 1996, l’OMS dénombrait plus de 70 000 cas rien qu’en Afrique.
D’importants efforts financiers ont été déployés afin d’éradiquer la maladie. 19 milliards de dollars sur trente ans ont été déboursés. Aujourd’hui, seuls l’Afghanistan et le Pakistan comptent respectivement 29 et 58 cas en 2020.
Encore 30 000 enfants « inaccessibles »
Le Nigéria, pays de 200 millions d’habitants, inscrivait encore des cas il y a peu. En 2016, quatre nouveaux cas de polio étaient comptabilisés dans l’Etat du Borno, au nord-est du Nigéria.
« A l’époque, environ 400 000 enfants étaient hors d’atteinte de toute campagne médicale à cause des violences », explique le docteur Funsho.
« Mais les autorités locales, les agences humanitaires et tous les partenaires ont pris le taureau par les cornes pour trouver des solutions pour atteindre ces enfants », raconte le docteur Musa Idowu Audu, coordinateur de l’OMS pour l’Etat du Borno.
A l’heure actuelle, 30 000 enfants seraient toujours « inaccessibles » mais ce chiffre est « trop faible » pour que la transmission de l’épidémie soit assurée, selon les experts scientifiques. L’Afrique doit tout de même s’assurer qu’aucun cas provenant du Pakistan ou d’Afghanistan ne mette un terme à ce succès. Un nombre d’enfants suffisant doit toujours être vacciné afin que l’immunisation soit totale sur le continent.