L’éviction en 2019 du dictateur Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 30 ans, était censée être une histoire inspirante de pouvoir populaire et de renouveau démocratique. Au lieu de cela, elle a inauguré la guerre civile au Soudan, un conflit qui a plongé le pays dans le chaos et la violence. La milice des Forces de soutien rapide (RSF) a pris le contrôle de la capitale soudanaise, Khartoum, et des hommes armés auraient pointé des mitraillettes sur les habitants. Les civils sont désormais confrontés à des attaques violentes et aveugles, et beaucoup risquent d’être abattus s’ils s’aventurent à l’extérieur. Les signalements de viols et de violences sexuelles sont nombreux, ce qui crée un sentiment d’anarchie quasi totale dans les rues.
La guerre civile au Soudan s’est rapidement transformée en l’une des pires crises humanitaires au monde. Sur une population de 47 millions d’habitants, 15 000 personnes ont été tuées et plus de 10 millions ont été déplacées, dont deux millions ont fui vers les pays voisins comme le Tchad, l’Éthiopie et le Soudan du Sud, des régions qui tendent également à être dangereuses et instables. En outre, 18 millions de personnes sont confrontées à une grave insécurité alimentaire. Actuellement, 25 millions de personnes, dont 14 millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence et 755 000 sont en situation de famine. On estime que 2,5 millions de personnes pourraient mourir de faim d’ici septembre, ce qui ferait également de cette crise alimentaire la plus grave au monde. Le président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis, Michael McCaul, a appelé à la reconnaissance d’un génocide dans le pays et le Département d’État a imposé des sanctions à la milice RSF.
La guerre civile au Soudan est aujourd’hui une lutte de pouvoir entre deux personnages clés. Le premier est le général Abdel Fattah al-Burhan, chef des Forces armées soudanaises (FAS) et dirigeant de facto du pays. L’autre est Mohamed Hamdan Dagalo, plus connu sous le nom de Hemeti, qui dirige les Forces de soutien rapide (RSF), une puissante milice opérant indépendamment de l’armée régulière. Cette autonomie a permis à Hemeti de prendre le contrôle d’une part substantielle de l’économie, en particulier du lucratif commerce de l’or. Jusqu’à l’éclatement du récent conflit, Hemeti était en fait le vice-président du Soudan ; il semble désormais déterminé à devenir le dirigeant incontesté du pays.