La déforestation dans la forêt amazonienne brésilienne a fortement augmenté le mois dernier, le pays se préparant à envoyer des troupes pour tenter de freiner l’exploitation forestière et minière illégale.
L’agence spatiale brésilienne a déclaré que la zone détruite en avril était 64% plus grande que celle de la même période l’année dernière. Au cours des quatre premiers mois de 2020, la destruction de la forêt par les bûcherons et les éleveurs illégaux a augmenté de 55 %, selon l’agence.
La déforestation en Amazonie brésilienne au cours des 12 derniers mois a atteint le plus haut niveau depuis le début du suivi mensuel en 2007, selon les données officielles publiées vendredi par l’institut national de recherche spatiale du pays, l’INPE.
Les écologistes affirment que les politiques et la rhétorique du président Jair Bolsonaro encouragent les activités illégales. M. Bolsonaro le nie. En début de semaine, il a autorisé le déploiement de forces armées dans la région. La forêt amazonienne est un réservoir de carbone vital qui ralentit le rythme du réchauffement climatique.
La perte de forêts dans la plus grande forêt tropicale de la planète a augmenté pendant 13 mois consécutifs par rapport aux chiffres de l’année précédente.
L’Institut national de recherche spatiale du Brésil (Inpe) a déclaré que plus de 405 km2 d’Amazonie avaient été déboisés le mois dernier, contre 248 km2 en avril de l’année dernière. Entre janvier et avril, un total de 1 202 km2 a été détruit, selon l’institut.
Le Brésil a été l’un des pays les plus touchés par l’épidémie de Covid-19 en Amérique du Sud, avec 141 000 cas et près de 10 000 décès.
« La pandémie n’a pas aidé car il y a apparemment moins d’agents sur le terrain et les bûcherons illégaux ne se soucient manifestement pas du virus dans les régions reculées de l’Amazonie », a déclaré Paulo Barreto, chercheur principal du groupe de conservation à but non lucratif Imazon.
L’agence de protection de l’environnement Ibama a déclaré qu’elle réduisait le nombre d’agents de terrain dans d’autres zones à risque, mais pas en Amazonie.
La combinaison d’un déboisement croissant et de conditions anormalement sèches sur de vastes étendues du Brésil prépare la région à une saison de feux active. L’année dernière, les incendies en Amazonie ont fait la une des journaux internationaux lorsque la fumée qui en résultait s’est répandue sur Sao Paulo, cachant le soleil à la mi-journée. La condamnation généralisée des ONG, des groupes de défense des droits de l’homme, des chefs d’entreprise, des célébrités et des dirigeants politiques européens ainsi que les appels mondiaux au boycott des entreprises et des produits brésiliens ont incité Bolsonaro à mobiliser l’armée pour aider à lutter contre les incendies. Pourtant, selon les experts, Bolsonaro a poursuivi des politiques et des actions qui vont néanmoins accroître la déforestation et les incendies.
La déforestation dans la région est montée en flèche depuis l’entrée en fonction du président Bolsonaro l’année dernière. Il a fait valoir que l’augmentation de l’agriculture et de l’exploitation minière dans les zones protégées de la forêt est le seul moyen de sortir la région de la pauvreté.