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3 400 ans – Des chimistes découvrent les secrets des peintres égyptiens antiques

Portrait of Ramses II From the Tomb of Nakhtamon

Portrait de Ramsès II provenant du tombeau de Nakhtamon (vers 1 200 avant notre ère). La coiffe, le collier et le sceptre royal ont été retouchés lors de l’exécution du tableau. Crédit : LAMS-MAFTO, CNRS

Dans le cadre d’un vaste projet de recherche en collaboration avec le ministère égyptien des Antiquités et l’Université de Liège, une équipe mondiale de chercheurs du CNRS, de Sorbonne Université et de l’Université Grenoble Alpes a révélé la licence artistique exercée dans deux peintures funéraires égyptiennes antiques ( datant respectivement de ~ 1 400 et ~ 1 200 avant notre ère), comme en témoignent les détails récemment découverts, invisibles à l’œil nu.

Leurs découvertes ont été récemment publiées dans la revue PLOS UN.

La langue de l’Égypte ancienne ne connaît aucun mot pour désigner « art ». Sa civilisation est souvent perçue comme ayant été extrêmement formelle dans son expression créatrice, les œuvres réalisées par les peintres de ses chapelles funéraires ne faisant pas exception.

Pourtant, une équipe internationale et multidisciplinaire dirigée par les chercheurs du CNRS Philippe Martinez et Philippe Walter a mis au jour des techniques et des pratiques picturales dont les faibles traces leur avaient longtemps permis d’échapper à la détection. En étudiant la ressemblance de Ramsès II dans la tombe de Nakhtamon et les peintures de la tombe de Menna – parmi des centaines d’autres tombes de nobles à Louxor – ils ont trouvé des signes de retouches apportées aux peintures au cours de leur production.

Par exemple, la coiffe, le collier et le sceptre à l’effigie de Ramsès II ont été considérablement retravaillés, bien que cela soit invisible à l’œil nu. Et dans une scène d’adoration représentée dans la tombe de Menna, la position et la couleur d’un bras ont été modifiées. Les pigments utilisés pour représenter la couleur de la peau diffèrent de ceux appliqués initialement, entraînant de subtiles modifications dont la finalité reste encore incertaine. Ainsi, ces peintres, ou « dessinateurs-scribes », pouvaient, à la demande des commanditaires de leurs œuvres, ou à l’initiative des artistes eux-mêmes, au fur et à mesure de l’évolution de leur propre vision des œuvres, apporter leur touche personnelle aux motifs conventionnels.

Les scientifiques se sont appuyés sur de nouveaux outils portables permettant une analyse chimique et une imagerie non destructives in situ pour faire leur découverte. Altérées par le temps et les changements physico-chimiques, les couleurs de ces peintures ont perdu leur aspect originel. Mais les analyses chimiques réalisées par les scientifiques, ainsi que leurs reconstructions numériques 3D des œuvres par photogrammétrie et macrophotographie, devraient permettre de restituer les teintes d’origine et de changer notre perception de ces chefs-d’œuvre, trop souvent perçus comme des artefacts statiques.

Les recherches de l’équipe démontrent que l’art pharaonique et les conditions de sa production étaient certainement plus dynamiques et complexes qu’on ne le pensait. La prochaine mission des scientifiques sera d’analyser d’autres peintures à la recherche de nouveaux signes du savoir-faire et de l’identité intellectuelle des dessinateurs-scribes égyptiens anciens.

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