Semblables aux humains contemporains, les Néandertaliens fabriquaient et utilisaient des outils en os pour leurs besoins quotidiens.
Les humains anatomiquement modernes étaient-ils les seuls à savoir comment transformer les os en outils ? Une nouvelle découverte sur le site Néandertalien Chez-Pinaud-Jonzac par une équipe de recherche internationale met cette question de côté. Publié dans la revue PLOS UNles découvertes éclairent un aspect peu connu de la technologie néandertalienne.
Il y a 45 000 ans, des humains anatomiquement modernes ont commencé à apparaître en Europe occidentale, remplaçant finalement les dernières communautés néandertaliennes. Cette période a également marqué des changements importants dans la culture matérielle, notamment l’introduction d’un large éventail d’objets en os, allant des outils de chasse et ornements décoratifs aux figurines finement sculptées, par des groupes humains modernes.
Leur absence sur les sites néandertaliens a conduit à supposer que ces groupes ne produisaient pas d’outils et d’instruments en os, parfois déduits pour refléter les différences cognitives entre les deux populations. Neandertal ne sachant pas traiter cette matière première, il se limitait à ramasser des fragments d’os parmi les restes de boucherie et à les utiliser uniquement comme retoucheurs pour façonner les outils en silex.
De nouvelles fouilles sur le site néandertalien de Chez-Pinaud-Jonzac (Charente-Maritime), réalisées par une équipe internationale depuis 2019, ont permis de revenir sur cette hypothèse. Les études actuelles montrent que les outils en os sont aussi nombreux que ceux en silex. De plus, leur diversité témoigne d’une véritable industrie composée non seulement de retoucheurs mais aussi d’outils coupants, grattoirs, burins et lisseurs, utilisés pour des activités diverses et sur de multiples matériaux.
Ces outils en os sont identifiables grâce aux traces de fabrication et d’usage présentes sur leurs surfaces ainsi qu’au sein des outils eux-mêmes par microtomographie à rayons X. Contrairement aux exemples fabriqués par l’homme moderne qui sont généralement façonnés par grattage et abrasion, ces outils ont été principalement fabriqués par percussion.
La découverte d’une industrie osseuse à Chez-Pinaud-Jonzac concorde avec les éléments découverts quelques années plus tôt par la même équipe sur le site néandertalien de Chagyrskaya, dans l’Altaï sibérien. Ces deux sites, situés de part et d’autre de la chaîne néandertalienne, témoignent du fait que, comme l’homme moderne, Néandertalien fabriquait et utilisait des outils en os pour ses besoins quotidiens. Ils possédaient le savoir-faire nécessaire pour traiter les os en utilisant leurs propres techniques et pour leurs propres besoins. Les outils en os représentent un nouveau moyen d’explorer et de comprendre la technologie néandertalienne, qui n’a apparemment pas encore livré tous ses secrets.
L’étude a été financée par Marie Sklodowska-Curie Actions, la Fondation russe pour la science, la Fondation russe pour la recherche fondamentale, la Fondation Maison des Sciences de l’Homme, le ministère de la Culture et le Conseil européen de la recherche.