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Erdogan en Égypte : implications stratégiques pour la Turquie et l’Égypte

Erdogan en Égypte : implications stratégiques pour la Turquie et l’Égypte

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a atterri au Caire le 14 février dans le cadre d’une importante visite d’État destinée à aborder le mouvement vers la normalisation des relations entre l’Égypte et la Turquie, ainsi que l’expansion des relations bilatérales sur plusieurs fronts. La visite d’Erdogan en Égypte est importante pour plusieurs raisons, notamment le fait qu’il s’agit de sa première depuis près d’une décennie. Cela coïncide également avec plusieurs développements régionaux et mondiaux qui appellent les deux nations à coordonner leurs positions compte tenu de leur poids régional et géopolitique relatif. Enfin, de nombreux intérêts stratégiques lient les deux nations à tous les niveaux stratégiques, tant géopolitiques qu’économiques.

Dégel progressif des relations entre l’Égypte et la Turquie

Une tendance naissante vers un rapprochement est évidente au cours des trois dernières années, et les résultats tangibles ont été démontrés à plusieurs reprises, comme lorsque les deux pays ont annoncé le 4 juillet 2023 qu’ils élèveraient leurs relations diplomatiques au rang d’ambassadeurs. Par ailleurs, des entretiens directs entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président égyptien Abdel Fattah El-Sisi ont eu lieu le 10 septembre 2023, en marge du sommet du G20 à New Delhi, et ont finalement abouti à la visite actuelle du président turc au Caire.

Selon un modèle de politique étrangère qui transcende les différences dans la gestion des crises humanitaires et des catastrophes, la diplomatie des catastrophes aurait donné un élan aux relations égypto-turques ces derniers mois. Cela a été illustré par l’appel du président El-Sissi au président Erdogan après le tremblement de terre du 9 février 2023, dans lequel il a exprimé sa solidarité avec le gouvernement et le peuple turcs. Par la suite, à la suite du tremblement de terre, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, s’est rendu dans la ville turque de Mersin en février 2023 pour montrer son soutien et sa sympathie. En mars 2023, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a effectué un voyage de suivi au Caire.

Il a fallu du temps à l’Égypte et à la Turquie pour réparer leurs relations endommagées. En cela, la messagerie turque a joué un rôle clé. Il convient de noter une décision prise en mars 2021 par le défunt ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, qui a déclaré que les pourparlers étaient toujours ouverts entre les deux nations malgré des désaccords politiques antérieurs. Quelques mois plus tard, un projet de création d’un groupe législatif « d’amitié » était accepté par le Parlement turc. Après cela, pour aborder et discuter de ces questions, les deux parties ont convoqué ce que les médias ont appelé des « séances de discussion exploratoires ». Ces réunions ont eu lieu deux fois en 2021, la première en mai et la seconde en septembre. Le sujet des discussions ultérieures a porté sur les développements régionaux ainsi que sur les intérêts communs associés et les stratégies pour les faire progresser.

Étant donné que le chemin vers la réconciliation des deux parties depuis 2021 a été marqué par des progrès relativement « lents », l’efficacité du rapprochement en cours entre l’Égypte et la Turquie sera mise à l’épreuve. Pourtant, chaque interaction survenue entre les deux parties au cours de cette période exprime clairement une détermination à rétablir avec succès des relations diplomatiques complètes. Compte tenu de l’influence significative des deux pays sur la région, les discussions directes entre eux au cours des dernières années se sont concentrées sur l’élaboration d’un consensus répondant aux objectifs des deux pays. Cela semble être important pour les deux parties, en particulier compte tenu des récents développements rapides au Moyen-Orient et en Afrique liés aux luttes pour l’hégémonie et à la concurrence entre les puissances régionales et mondiales, qui ont contraint l’Égypte et la Turquie à réévaluer leur stratégie et à parvenir à un accord. .

Gaza occupe une place importante lors de la visite au Caire

Compte tenu des progrès réalisés dans la restauration des relations et la facilitation du dialogue direct, la visite d’Erdogan au Caire offre une occasion unique de discuter des intérêts communs avec le président égyptien El-Sissi. Les discussions ont porté sur des sujets importants, notamment le développement du gaz naturel en Méditerranée orientale, le renforcement des relations bilatérales dans divers domaines et la résolution des situations à Gaza, en Libye, au Soudan et en Afrique dans son ensemble.

Le dossier palestinien et la situation actuelle à Gaza ont été au centre des discussions entre les présidents égyptien et turc. Cela est dû à la campagne militaire israélienne prolongée, qui entre maintenant dans son cinquième mois, et à l’aggravation de la crise humanitaire. On s’attend également à une offensive israélienne sur Rafah à tout moment. En outre, la situation à Gaza contribue aux tensions dans la région, notamment en raison des actions de groupes mandataires soutenus par l’Iran, tels que les Houthis au Yémen. Ces groupes ont un effet néfaste sur la sécurité des navires commerciaux transitant par la mer Rouge, ce qui a un impact sur le trafic dans le canal de Suez en Égypte. En conséquence, les recettes égyptiennes en devises provenant du canal ont connu une baisse significative. Restaurer la stabilité régionale et parvenir à une résolution pacifique entre la Palestine et Israël sont des priorités clés pour les deux dirigeants.

De même, les conversations entre le président El-Sisi et le président Erdogan ont offert l’occasion d’établir une compréhension commune concernant le conflit en cours en Libye, qui dure depuis près de dix ans, ouvrant la possibilité d’une résolution productive aux défis persistants, tels que la réussite des élections et la démobilisation pacifique des milices, ouvrant la voie à des avantages économiques potentiels pour les entreprises égyptiennes et turques dans les projets de reconstruction ultérieurs.

Le dialogue égypto-turc offre également aux deux parties l’occasion d’explorer une stratégie plus efficace pour résoudre les conflits en cours en Afrique, en particulier au Soudan, où une guerre civile dure depuis près d’un an. Il est important de souligner que la Turquie a des intérêts importants dans l’établissement d’une base navale au Soudan, près de la mer Rouge. Cette décision a été considérée comme potentiellement incompatible avec les préoccupations égyptiennes en matière de sécurité nationale. Parallèlement, la Turquie étend son influence en Somalie. Cependant, la menace éthiopienne posée par l’établissement d’une base navale et la location du port de Berbera par l’intermédiaire de la soi-disant « République séparatiste du Somaliland » s’est heurtée à l’opposition de l’Égypte et de la Turquie. Compte tenu de la situation, l’alignement des positions stratégiques égyptienne et turque pourrait renforcer l’efficacité de la réponse à la menace éthiopienne, d’autant plus que la Somalie abrite la plus grande base militaire étrangère turque.

La collaboration dans le secteur de l’énergie et une présence partagée dans la région de la Méditerranée orientale ont ouvert d’importantes opportunités pour renforcer les relations égypto-turques. Compte tenu de la forte dépendance de la Turquie aux importations d’énergie, il existe un potentiel de collaboration stratégique avec l’Égypte par le biais du Forum gazier de la Méditerranée orientale. Cela pourrait constituer une plateforme précieuse pour maximiser les bénéfices et atténuer les tensions politiques entre la Turquie, la Grèce et Chypre. Compte tenu des circonstances, il semble qu’Ankara ait cherché à établir des liens plus étroits avec l’Égypte afin de participer à des collaborations régionales impliquant de multiples partenariats. Cela pourrait potentiellement perturber l’opposition politique à la Turquie au sein de l’Organisation du gaz de la Méditerranée orientale. Ainsi, une éventuelle réconciliation entre la Turquie et l’Égypte présente une chance précieuse pour les nations de la Méditerranée orientale de s’engager dans des négociations collectives, marquant une étape cruciale dans la résolution de leurs différends, notamment entre la Turquie, la Grèce et Chypre. Alors qu’Ankara sollicite le soutien du Caire pour rejoindre le Forum gazier de la Méditerranée orientale, la Turquie exprime également sa volonté de signer un traité bilatéral pour délimiter les frontières maritimes avec l’Égypte.

En termes d’économie et d’industrie, il existe de nombreux intérêts communs qui peuvent renforcer la coopération stratégique entre l’Égypte et la Turquie. Il convient de noter que l’Égypte occupe une position importante en tant que principal partenaire commercial de la Turquie en Afrique. Le commerce entre la Turquie et l’Égypte a connu une croissance significative, avec un volume atteignant près de 10 milliards de dollars par an. Les dirigeants des deux pays ont exprimé leur ferme intention d’accroître davantage le commerce bilatéral dans les années à venir, dans le but d’atteindre 15 à 20 milliards de dollars. Le potentiel d’épanouissement des relations égypto-turques réside dans la promotion de la coopération économique et l’adoption d’une approche constructive. Dans le même ordre d’idées, les secteurs de la défense et militaire jouent un rôle important dans la coopération entre la Turquie et l’Égypte. Cela est évident à travers leurs accords mutuels d’armes et leurs projets communs de production militaire. Il est évident que la base militaire industrielle turque vise une coopération stratégique avec l’Égypte. Récemment, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a annoncé que la Turquie fournirait des drones de combat à l’Égypte, démontrant ainsi la proximité croissante entre les deux nations.

Il est indéniable que la visite du président Erdogan en Égypte marque une réinitialisation diplomatique et une étape majeure dans les relations bilatérales avec l’Égypte. Il s’agit également d’une annonce officielle des progrès réalisés dans les efforts visant à améliorer les relations qui ont débuté en 2021. Le président El-Sissi a souligné qu’un nouveau chapitre dans les relations égypto-turques s’ouvrait, avec l’intention du président El-Sisi de se rendre en Turquie. en avril. Néanmoins, il reste à voir quel impact cette visite aura sur l’alignement des intérêts entre l’Égypte et la Turquie, ainsi que ses implications potentielles sur les instabilités régionales.

SciTechDaily

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