La guerre civile au Liban a été un conflit complexe et sanglant qui aurait fait jusqu’à 200 000 morts entre 1975 et 1990. Les principaux acteurs de la guerre, les divisions sectaires et les dynamiques socio-économiques continuent de résonner aujourd’hui. Et pour certains, la guerre civile au Liban n’a jamais vraiment pris fin.
1943 – Le Liban obtient son indépendance de la France pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Pacte national, une constitution de facto non écrite, établit un système politique confessionnel où le pouvoir est partagé selon des critères sectaires : le président est toujours un catholique maronite, le Premier ministre un musulman sunnite, le président du Parlement un musulman chiite, etc.
1948 – La guerre israélo-arabe et la Nakba qui s’ensuit poussent environ 110 000 réfugiés palestiniens au Liban, bouleversant l’équilibre sectaire du nouvel État, notamment au détriment des catholiques maronites. L’économie du sud du Liban, à majorité chiite, souffre des déplacements de population et des restrictions aux mouvements transfrontaliers suite à la création de l’État d’Israël.
1958 – 1 700 Marines américains envahissent Beyrouth dans le cadre de l'Opération Bluebat – la toute première intervention militaire américaine au Moyen-Orient – dans un contexte de troubles sectaires croissants au Liban, qui opposent largement le président pro-occidental et chrétien Camille Chamoun à une vague de fond de nationalisme panarabe parmi les Libanais. Communauté sunnite. L’invasion est considérée comme une réaction excessive de la part de Washington.
1964 – L’Organisation de libération de la Palestine (OLP), fondée à Jérusalem, cherche à centraliser une résistance palestinienne jusqu’alors atomisée contre Israël.
1967 – La guerre des Six Jours produit une nouvelle vague de réfugiés palestiniens entrant au Liban.
1969 – L’accord du Caire transfère le contrôle des camps de réfugiés palestiniens des Forces armées libanaises au Commandement de la lutte armée palestinienne, une branche de l’OLP. Cette décision attise les tensions sectaires en érodant l'autorité nationale du Liban, creusant un fossé entre les groupes chrétiens et musulmans.
1970-71 – Le conflit du « Septembre noir » éclate entre l'armée jordanienne et l'OLP, dont les milices résidaient légalement en Jordanie selon les termes de l'accord en sept points de 1968, utilisant le pays comme base pour des attaques transfrontalières contre Israël. Le résultat final est une défaite écrasante pour l’OLP, qui est ensuite expulsée de Jordanie et contrainte de déplacer sa base d’opérations au Liban, où le groupe trouve refuge parmi une population importante de réfugiés palestiniens.
Avril 1975 – La fusillade d’un chauffeur de l’OLP dans un quartier maronite déclenche une série de meurtres sectaires qui font des centaines de morts en quelques jours. La violence pousse les groupes sectaires à prendre les armes et à établir des points de contrôle dans les zones qu'ils contrôlent.
Ceci est généralement considéré comme l’acte d’ouverture de la guerre civile libanaise, un conflit qui a largement opposé le Mouvement national libanais (LNM) – une coalition de groupes musulmans et socialistes qui s’opposaient à l’ordre établi du Pacte national et soutenaient l’OLP – aux forces majoritairement majoritaires. Front chrétien libanais, qui s'est battu pour maintenir le statu quo et expulser les Palestiniens du Liban.
1976 – La Syrie intervient dans la guerre civile au Liban au nom des milices maronites et, plus tard dans l'année, prend le contrôle d'un contingent de 40 000 hommes sous la Ligue arabe, surnommé « Force de dissuasion arabe ». L’opération syrienne repose sur son objectif de longue date de ramener le Liban dans le giron, soit en dominant sa politique intérieure, soit en l’absorbant complètement dans l’État syrien.
Mars 1978 – Israël lance l’opération Litani et envahit le Liban en réponse à un raid maritime palestinien qui a tué 33 Israéliens près de Tel Aviv, pour se retirer quelques mois plus tard et céder le contrôle aux milices phalangistes locales se faisant appeler l’Armée du Sud-Liban (SLA). Les soldats de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) sont déployés dans la région, mais il incombe à l'ALS de maintenir une zone tampon le long de la frontière israélo-libanaise. L’invasion contribue à inverser le cours de la guerre civile, qui favorisait les forces du LNM et de l’OLP.
L’invasion pousse une vague de 200 000 réfugiés à majorité chiite vers le nord, gonflant les rangs du mouvement Amal, un groupe politique jusqu’ici obscur qui s’organise pour mettre fin à la marginalisation de longue date des chiites dans la politique libanaise. L’invasion israélienne de 1978 marque le début d’un processus progressif par lequel Amal étend sa base de soutien dans le sud du Liban au détriment de l’OLP et d’autres groupes palestiniens.
Juin 1982 – Citant l’échec de la FINUL à mettre un terme aux attaques de l’OLP contre Israël depuis le Liban, Israël lance l’Opération Paix pour la Galilée et envahit à nouveau le Liban, assiégeant Beyrouth avec le soutien des milices chrétiennes alliées.
Août 1982 – Une force multinationale de maintien de la paix arrive au Liban dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu conclu entre l’OLP et Israël, comprenant des troupes des États-Unis, de la France et de l’Italie. Le mandat de l'opération était de faciliter le retrait de l'OLP et de garantir la sécurité des civils palestiniens restés au Liban.
Septembre 1982 – L'OLP se retire de Beyrouth vers la Tunisie avec la protection et l'assistance des forces internationales.
Plus tard dans le mois, environ 2 000 à 3 500 civils sont massacrés dans le camp de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, dans l'ouest de Beyrouth, par des milices phalangistes en réponse à l'assassinat du président élu chrétien et chef de milice Bashir Gemayel. À l’époque, les camps étaient assiégés par Tsahal, accusé d’avoir activement facilité les meurtres en tirant des fusées éclairantes pour que les Phalangistes puissent opérer la nuit. Le massacre produit une rupture publique entre Israël et l’administration Reagan. L'armée israélienne se retirera finalement de Beyrouth mais restera au sud du Liban pendant 18 ans.
Avril 1983 – Un attentat à la voiture piégée détruit l'ambassade américaine à Beyrouth Ouest, tuant 63 personnes. L’attaque marque un changement tactique vers des opérations suicides qui deviendront de plus en plus courantes au cours des décennies suivantes.
Octobre 1983 – Un attentat suicide contre une caserne militaire à Beyrouth tue 299 membres des forces armées américaines et françaises, ce qui représente la plus grande perte de vies humaines dans le Corps des Marines depuis Iwo Jima. L’attaque sape le soutien du public à l’intervention américaine au Liban, ouvrant la voie au départ rapide de la force internationale de maintien de la paix dans les mois qui ont suivi. Les services de renseignement américains attribuent plus tard l’attaque de la caserne au Hezbollah.
1984 – Amal et les milices chiites alliées prennent le contrôle total de Beyrouth-Ouest.
1985 – L'occupation israélienne se réduit à une « zone de sécurité » le long de sa frontière avec le Liban.
Le Hezbollah publie sa « lettre ouverte », le premier manifeste politique du groupe. Le document identifie Israël, les États-Unis et la France comme principaux ennemis et implique que le groupe a joué un rôle dans les attentats suicide de 1983 contre des cibles américaines et françaises à Beyrouth.
1988 – La guerre des frères commence entre laïcs Amal et le Hezbollah, deux groupes chiites retranchés au sud du Liban et soutenus respectivement par la Syrie et l’Iran. Alors que la vision d'Amal pour la communauté chiite est laïque, celle du Hezbollah est fondée sur la religion et les mouvements sont dans des camps opposés concernant la présence continue de l'OLP au Liban, avec Amal dans l'opposition et le Hezbollah en soutien. Le Hezbollah finit par sortir victorieux et devient un élément incontournable de la vie politique libanaise d'après-guerre.
1989 – L'accord de Taif est signé en Arabie Saoudite, rétablissant l'ancien système de gouvernement confessionnel sous une forme modifiée qui attribuait davantage de pouvoir politique aux groupes musulmans. L’accord a légitimé le rôle continu de la Syrie et de ses forces armées en tant que garants de la paix. Ils resteront au Liban jusqu’en 2005, lorsque les soupçons largement répandus concernant un rôle syrien dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafik Hariri conduisent au soulèvement pacifique de la Révolution du Cèdre. L'accord appelait également au désarmement de toutes les milices armées au Liban. Mais cela n’a pas été mis en œuvre en ce qui concerne le Hezbollah, d’abord en raison de l’occupation israélienne continue du sud du Liban, et après 2000 en raison de ses liens étroits avec les forces d’occupation syriennes.
1990 – Les forces syriennes prennent d’assaut le palais de Baabda, poussant Michel Aoun à l’exil et mettant fin à la guerre civile au Liban.